Boléro d'Emio Greco © Jean Barak
Two est un long duo de trente minutes sur le partage du même mouvement dans le même temps et le même espace. En silence ou au son de percussions, l'homme et la femme, au stade de la reconnaissance, donnent l'impression de vouloir se situer à tout prix dans un esprit d'imitation du même geste qu'ils subissent, semble-t-il, en dehors de toute réflexion rationnelle. Les deux excellents danseurs du centre chorégraphique d'Amsterdam, Arnaud Macquet et Helena Volkov passent des ronds de jambe, arabesques, pliés ou grands jetés, à des postures désaxées, corps fléchi, avant ou arrière, moulinet des bras, pirouettes, et déploient une telle énergie dans cette interprétation complexe de la relation passionnelle que l'on éprouve par moments une réelle émotion devant ce questionnement du double ou cette fascination désespérée qu'éprouvent deux personnes l'une pour l'autre.
Boléro, sur la célèbre musique de ballet de Maurice Ravel, interprétée par l'orchestre philharmonique de l'Opéra de Marseille dirigé par Victorien Vanoosten, nous plonge dans un univers qui n'a plus rien de commun avec les chorégraphies à caractère espagnol de Bronislava Nijinska (1928) ou de Maurice Béjart (1961). Les huit danseurs qui entourent Emio Greco, maître du jeu, représentent le Corps qui donne à voir ses hésitations, ses déchirements, ses aspirations, et symbolisent un combat intérieur face à la ligne rythmique implacable de la musique. Secoués de tremblements, de déhanchements, de convulsions qu'ils interrompent soudain par des attitudes classiques, des positions glorieuses, bras en couronne, pieds en quatrième, comme s'ils se préoccupaient de retrouver un ordre dans la débâcle, ils ressemblent le plus souvent à des faunes égarés, à des oiseaux affolés ou à des damnés bouleversés, dans cette lumière crépusculaire qui les éclaire à peine, sous le pouvoir d'un magicien narcissique évoluant sur un inquiétant lac-miroir.
Ces deux pièces, interprétées avec virtuosité, soulèvent une tempête d'applaudissements qui conforte les deux nouveaux directeurs du BNM dans leur désir de perpétuer à Marseille l'esprit avant-gardiste du Ballet fondé par Roland Petit.
Philippe Oualid
Two et Boléro au Ballet National de Marseille
Chorégraphies d'Emio Greco et de Pieter Scholten
Opéra de Marseille, 8-9 Mai 2015
Boléro, sur la célèbre musique de ballet de Maurice Ravel, interprétée par l'orchestre philharmonique de l'Opéra de Marseille dirigé par Victorien Vanoosten, nous plonge dans un univers qui n'a plus rien de commun avec les chorégraphies à caractère espagnol de Bronislava Nijinska (1928) ou de Maurice Béjart (1961). Les huit danseurs qui entourent Emio Greco, maître du jeu, représentent le Corps qui donne à voir ses hésitations, ses déchirements, ses aspirations, et symbolisent un combat intérieur face à la ligne rythmique implacable de la musique. Secoués de tremblements, de déhanchements, de convulsions qu'ils interrompent soudain par des attitudes classiques, des positions glorieuses, bras en couronne, pieds en quatrième, comme s'ils se préoccupaient de retrouver un ordre dans la débâcle, ils ressemblent le plus souvent à des faunes égarés, à des oiseaux affolés ou à des damnés bouleversés, dans cette lumière crépusculaire qui les éclaire à peine, sous le pouvoir d'un magicien narcissique évoluant sur un inquiétant lac-miroir.
Ces deux pièces, interprétées avec virtuosité, soulèvent une tempête d'applaudissements qui conforte les deux nouveaux directeurs du BNM dans leur désir de perpétuer à Marseille l'esprit avant-gardiste du Ballet fondé par Roland Petit.
Philippe Oualid
Two et Boléro au Ballet National de Marseille
Chorégraphies d'Emio Greco et de Pieter Scholten
Opéra de Marseille, 8-9 Mai 2015