Anna Göckel, violon, Jean-Baptiste Fontlupt, piano, Vitautas Sondeckis, violoncelle © Pierre Aimar
Ce soir-là deux concerts à la suite ; le violon d’Anna Göckel d’abord, à l’Orangerie, puis le piano sur la terrasse pour Jean-Baptiste Fontlupt, familier des lieux s’il en est, puisque présent ici pour la onzième fois… en 20 ans. Avec entre les deux un entracte dînatoire.
Anna Göckel aime Bach
La silhouette menue d’Anna Göckel s’assortit à la musique choisie, Bach, Partita 2 et Sonata 3, des extraits de la suite Sei Solo ( qui devrait se dire Sei Solil, en français six solos) écrite par Bach en mémoire de sa première femme. Une œuvre imposante, technique et difficile qui constitue un corpus fondamental par sa longueur, sa difficulté musicale et technique « qui parle de la vie, la mort, la joie, la douleur, la transfiguration… » et donne lieu à une belle interprétation sereine.
Liszt et Jean-Baptiste Fonlupt
Il fallait en seconde partie donner la parole à Franz Liszt, le maître de ces lieux sereins, vaste terrasse bordée d’arbres ; parole donnée à Jean-Baptiste Fonlupt pour la sonate en si mineur S 178 d’abord, qui débute en gouttes et larmes, peut-être à la recherche d’effets dramatiques, et met à jour de petits thèmes vite développés en flots de notes, puissants, rageurs et vite spectaculaires ; l’œuvre de Liszt semble chercher sa tonalité ; d’abord toute en délicatesse, mais complexe, infiniment élaborée qui comme une pensée passe par les étapes de la réflexion avec hésitations, incertitudes et s’enroule sur elle-même. A la façon d’un envoûtement déclenché par cette interprétation: derrière Liszt le prêtre, peut-on pressentir parfois Méphisto ? Une très belle interprétation, simple et sereine qui bientôt rassure.
Suivent trois pièces consacrées à Saint-François : ainsi l’Hymne de la nuit qui fait surgir des rêves, des angoisses pour vite les oublier et rire en légèreté, s’inquiéter, se rassurer, créer des déséquilibres, vite comblés. Quelle différence pourra-t-il y avoir entre cette œuvre et la suivante, Recueillement quand celle-ci est déjà tellement recueillie ?
Puis la Prédication aux oiseaux de Saint-François d’Assise, toute en finesse et délicatesse avant l’évocation de Saint-François de Paule marchant sur les flots : la mer et les vagues se déroulent, s’enroulent et se chevauchent en folle cavalcade jusqu’à une apogée harmonieuse presque heureuse, ce qui n’est pas courant chez Franz Liszt. Le public a été inondé, noyé dans des flots de notes, d’accords, de trilles et de volutes de sons infinis qui ont largement étouffé… un feu d’artifice lointain, annoncé et bien peu musical.
Une surprise finale avec cette rencontre improvisée, Anna Göckel, Jean-Baptiste Fonlupt, auxquels s’ajoute le violoncelliste Vitautas Sondeckis, venu en voisin à cette soirée Grands Mélomanes, pour jouer cet arrangement de Liszt lui-même sur la Vallée d’Obermann, intitulé Tristia.
Oserait-on dire qu’avec Franz Liszt au programme et dans un tel cadre d’arbres et de vignobles si bien alignés au bord de la nuit d’été, la musique ne peut qu’être plus belle à savourer.
Jacqueline Aimar
Anna Göckel aime Bach
La silhouette menue d’Anna Göckel s’assortit à la musique choisie, Bach, Partita 2 et Sonata 3, des extraits de la suite Sei Solo ( qui devrait se dire Sei Solil, en français six solos) écrite par Bach en mémoire de sa première femme. Une œuvre imposante, technique et difficile qui constitue un corpus fondamental par sa longueur, sa difficulté musicale et technique « qui parle de la vie, la mort, la joie, la douleur, la transfiguration… » et donne lieu à une belle interprétation sereine.
Liszt et Jean-Baptiste Fonlupt
Il fallait en seconde partie donner la parole à Franz Liszt, le maître de ces lieux sereins, vaste terrasse bordée d’arbres ; parole donnée à Jean-Baptiste Fonlupt pour la sonate en si mineur S 178 d’abord, qui débute en gouttes et larmes, peut-être à la recherche d’effets dramatiques, et met à jour de petits thèmes vite développés en flots de notes, puissants, rageurs et vite spectaculaires ; l’œuvre de Liszt semble chercher sa tonalité ; d’abord toute en délicatesse, mais complexe, infiniment élaborée qui comme une pensée passe par les étapes de la réflexion avec hésitations, incertitudes et s’enroule sur elle-même. A la façon d’un envoûtement déclenché par cette interprétation: derrière Liszt le prêtre, peut-on pressentir parfois Méphisto ? Une très belle interprétation, simple et sereine qui bientôt rassure.
Suivent trois pièces consacrées à Saint-François : ainsi l’Hymne de la nuit qui fait surgir des rêves, des angoisses pour vite les oublier et rire en légèreté, s’inquiéter, se rassurer, créer des déséquilibres, vite comblés. Quelle différence pourra-t-il y avoir entre cette œuvre et la suivante, Recueillement quand celle-ci est déjà tellement recueillie ?
Puis la Prédication aux oiseaux de Saint-François d’Assise, toute en finesse et délicatesse avant l’évocation de Saint-François de Paule marchant sur les flots : la mer et les vagues se déroulent, s’enroulent et se chevauchent en folle cavalcade jusqu’à une apogée harmonieuse presque heureuse, ce qui n’est pas courant chez Franz Liszt. Le public a été inondé, noyé dans des flots de notes, d’accords, de trilles et de volutes de sons infinis qui ont largement étouffé… un feu d’artifice lointain, annoncé et bien peu musical.
Une surprise finale avec cette rencontre improvisée, Anna Göckel, Jean-Baptiste Fonlupt, auxquels s’ajoute le violoncelliste Vitautas Sondeckis, venu en voisin à cette soirée Grands Mélomanes, pour jouer cet arrangement de Liszt lui-même sur la Vallée d’Obermann, intitulé Tristia.
Oserait-on dire qu’avec Franz Liszt au programme et dans un tel cadre d’arbres et de vignobles si bien alignés au bord de la nuit d’été, la musique ne peut qu’être plus belle à savourer.
Jacqueline Aimar