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Uchaux, festival Liszt en Provence : superbe concert puissant et orageux pour Gaspard Dehaene

Dans la plaine d’Uchaux, ce soir-là l’orage s’était mis en attente, le festival Liszt en Provence, ses spectateurs aussi. Chaleur épaisse et noire au ciel sur l’ouest, derrière les grands arbres qui ferment le lieu du concert. Au pied de la façade rassurante qui offre de Liszt un visage serein en projection.


Gaspard Dehaene © P.A.
Gaspard Dehaene © P.A.
Orage ou pas orage ?

Gaspard Dehaene (on prononce Dehane), grand jeune homme blond et tranquille élance le programme avec une chantante petite mélodie de Franz Schubert, le musicien qui a le mieux su parler de tendresse ; avant la Sonate en la majeur 959 qui s’avance à pas lents, un peu tristes encore ; Schubert ne l’a-t-il pas été souvent lui qui n’a jamais été très heureux.

Par la suite, avec le Children corner, Claude Debussy, se laisse aller au plaisir d’évoquer l’enfance comme Schumann avant lui. Puis, deux œuvres qu’on pourrait qualifier de fortes vont conclure le concert offrant un crescendo qui va s’affirmer en puissance, après les tendres lieder qui chantent qu’on ne peut pas arrêter le passage du temps, comme on n’arrête pas l’écoulement de la rivière . Toujours cette nostalgie qui fait l’art de Schubert et donne sa puissance au rêve.

La sonate WV85 de Richard Wagner transcrit un tout autre ton : elle donne la parole à une voix grave qui s’exprime déjà à la façon de Richard Strauss. Savant crescendo comme les aime le compositeur.

Fin de soirée, tempête et orage…
Entre temps, les premières gouttes avaient vu mettre à l’abri le piano et… les spectateurs, dans l’Orangerie, à peine assez grande. Là, le son devient tout autre, débordant largement sur le public ; et l’ouverture de Tanhauser de Wagner, transmise par un piano seul, va permettre à Gaspard Dehaene d’exprimer avec vigueur, violence même, cette volonté de puissance passée de Nietzsche à Richard Wagner et qui donne teinte à toute sa musique. Quelle virtuosité dans cet orchestre entier passé par le filtre d’un clavier, de deux mains qui se font orchestre et s’alourdissent de tous les instruments ; une véritable performance d’athlète pour Gaspard Dehaene qu’on voit se démultiplier en épaisseurs de sons et d’instruments pour transmettre ce Tanhäuser héroïque… et familier à toutes les oreilles. Et qui transmet la folle griserie de la musique qui s’enrichit d’elle-même et de sa puissance.
Puis, pour apaiser l’explosion des sons, une petite sonate de Scarlatti, -ô douceur des sons- pour reposer les oreilles comme l’a dit le pianiste. Qu’on imaginait épuisé et qui n’était que souriant et calme.
Une soirée superbe, mouvementée et riche du plaisir de la musique.
Jacqueline Aimar

Jacqueline Aimar
Mis en ligne le Samedi 11 Août 2018 à 18:31 | Lu 220 fois

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