Rigoletto © Bruno Abadie - Cyril Reveret - photosphere Orange
On ne sait si ce véritable émoi amoureux était dû à la présence d’une importante colonie italienne venue encourager une forte colonie d’interprètes, italiens eux aussi : Patrizia Ciofi en Gilda, Vittorio Grigolo en duc de Mantoue, Roberto Tagliavini en Monterone, et bien sûr Leo Nucci qui a interprété là un superbe Rigoletto. Et puis, à la tête d’un Orchestre National de France merveilleusement précis et à l’écoute de son chef, Robero Rizzi-Brignoli, lui-même remarquable de finesse et de doigté.
Ou s’il était dû à la conjoncture entre la musique de Verdi pour un de ses opéras les plus harmonieux, les plus populaires, le plus riche de grands airs variés, un public convaincu, la tiédeur de la nuit, la réalité de cette dernière soirées des Chorégies chaque année un peu poignante, - on se dit que l’été d’opéra s’achève là et cela vous fait l’âme triste,- ou la présence rajeunissante de Vittorio Grigolo, sans cesse bondissant dans un étonnant décor bancal et inconfortable ; un carrosse demi couché, des têtes de chevaux et d’énormes roues. Certes le carrosse se fait tour à tour chambre de Gilda puis masure, mais l’objet est encombrant et prend trop de place sur cette immense scène, longue, mais qui en paraît étroite.
Seul Viottorio Grigolo se tire avec brio de cette situation glissante et qui nécessite des qualités sportives peu en accord avec des costumes féminins, joliment colorés. Le chanteur apporte au genre de l’opéra parfois un peu figé par la forme de ses sujets, et parfois très sérieux, une sorte d’enthousiasme, d’entrain et une clarté dans la langue italienne utilisée, en même temps que la jeunesse dynamique de sa voix qui ont forcé l’entrain du public vite convaincu par sa jeunesse.
Lorsqu’on pense que pour donner cette œuvre très chantante, qu’on peut qualifier de musique facile Verdi a dû, comme Victor Hugo avant lui pour la pièce Le Roi s’amuse, ruser avec une censure pointilleuse en ce qui concerne étiquette et moralité, et qui paraît toujours dans les temps qui suivent, bien ridicule. Qu’ils ont bien fait ces créateurs de ruser et de contourner et d’imposer leur travail quoi qu’il arrive sous des dehors de soumission!
Quant à l’ensemble père-fille, Leo Nucci en parfait petit bossu et Patrizia Ciofi, (on dit la Ciofi car elle a déjà gagné son article défini aux chorégies 2010), ils célèbrent parfaitement ce duo de complicité et d’entente harmonieuse, n’hésitant pas à bisser et même à trisser le grand air qui les réunit, capables de reproduire par trois fois la même perfection et le même raffinement.
Elément déclencheur d’un plus grand enthousiasme encore, face à la foule des spectateurs d’Orange pour lesquels ce genre de manifestation n’est pas chose courante.
Le troisième acte réunit encore dans un superbe quatuor, le duc de Mantoue enamouré et Gilda désespérée, Rigoletto tout à sa vengeance et Maddalena en séductrice : cela donne une musique raffinée et très finement construite avec en incrustations sur la musique initiale le thème propre à chaque personnage ; beau travail de ciselage spécialement mis en relief par l’orchestre qui semble donner à chaque différent rôle comme une profondeur de champ différente.
Ce qui permet de mieux célébrer Monsieur Verdi, le compositeur, les qualités tour à tour glorieuses et intimistes de sa musique, la puissance et le brio des airs appuyés avec force sur un orchestre qui a su être tour à tour violent et infiniment tendre.
Une telle soirée Rigoletto, cela s’oublie-t-il?
Jacqueline Aimar
Ou s’il était dû à la conjoncture entre la musique de Verdi pour un de ses opéras les plus harmonieux, les plus populaires, le plus riche de grands airs variés, un public convaincu, la tiédeur de la nuit, la réalité de cette dernière soirées des Chorégies chaque année un peu poignante, - on se dit que l’été d’opéra s’achève là et cela vous fait l’âme triste,- ou la présence rajeunissante de Vittorio Grigolo, sans cesse bondissant dans un étonnant décor bancal et inconfortable ; un carrosse demi couché, des têtes de chevaux et d’énormes roues. Certes le carrosse se fait tour à tour chambre de Gilda puis masure, mais l’objet est encombrant et prend trop de place sur cette immense scène, longue, mais qui en paraît étroite.
Seul Viottorio Grigolo se tire avec brio de cette situation glissante et qui nécessite des qualités sportives peu en accord avec des costumes féminins, joliment colorés. Le chanteur apporte au genre de l’opéra parfois un peu figé par la forme de ses sujets, et parfois très sérieux, une sorte d’enthousiasme, d’entrain et une clarté dans la langue italienne utilisée, en même temps que la jeunesse dynamique de sa voix qui ont forcé l’entrain du public vite convaincu par sa jeunesse.
Lorsqu’on pense que pour donner cette œuvre très chantante, qu’on peut qualifier de musique facile Verdi a dû, comme Victor Hugo avant lui pour la pièce Le Roi s’amuse, ruser avec une censure pointilleuse en ce qui concerne étiquette et moralité, et qui paraît toujours dans les temps qui suivent, bien ridicule. Qu’ils ont bien fait ces créateurs de ruser et de contourner et d’imposer leur travail quoi qu’il arrive sous des dehors de soumission!
Quant à l’ensemble père-fille, Leo Nucci en parfait petit bossu et Patrizia Ciofi, (on dit la Ciofi car elle a déjà gagné son article défini aux chorégies 2010), ils célèbrent parfaitement ce duo de complicité et d’entente harmonieuse, n’hésitant pas à bisser et même à trisser le grand air qui les réunit, capables de reproduire par trois fois la même perfection et le même raffinement.
Elément déclencheur d’un plus grand enthousiasme encore, face à la foule des spectateurs d’Orange pour lesquels ce genre de manifestation n’est pas chose courante.
Le troisième acte réunit encore dans un superbe quatuor, le duc de Mantoue enamouré et Gilda désespérée, Rigoletto tout à sa vengeance et Maddalena en séductrice : cela donne une musique raffinée et très finement construite avec en incrustations sur la musique initiale le thème propre à chaque personnage ; beau travail de ciselage spécialement mis en relief par l’orchestre qui semble donner à chaque différent rôle comme une profondeur de champ différente.
Ce qui permet de mieux célébrer Monsieur Verdi, le compositeur, les qualités tour à tour glorieuses et intimistes de sa musique, la puissance et le brio des airs appuyés avec force sur un orchestre qui a su être tour à tour violent et infiniment tendre.
Une telle soirée Rigoletto, cela s’oublie-t-il?
Jacqueline Aimar