Un chant d’amour à Antoine Bourseiller au Théâtre Toursky (Marseille) !

L’un des pans importants des activités du théâtre Toursky à Marseille outre une programmation artistique riche et dense ouverte à tous sont les Universités Populaires. Richard Martin, directeur du lieu propose huit rendez-vous mensuels précieux gratuits et ouvert à tous jusqu’en mai 2015 dont une invitation à percer le mystère de Guernica par Charles Paolini le 19 novembre ou Roland Gori le 18 décembre qui s’efforcera de répondre à la question : faut il renoncer à la liberté pour être heureux ? Elles se déroulent à 19 heures et présentent régulièrement des films rares comme support au débat d’idées.


Elles s’intègrent parfaitement dans les idées défendues de Culture pour tous par son directeur et sa dynamique équipe, une des rares aventures de théâtre populaire réussi dans ce haut lieu culturel du sud de la France trop souvent délaissé par l’État. Rappelons que les universités populaires en France ont eu à leur fondement pour objet de venir combler les déficiences d’un système d’éducation nationale où nombre de scolarisés s’en sont trouvés exclus très rapidement. Elles s’adressent donc à un public qui n’a pas pu bénéficier de toutes les richesses de l’« instruction publique » jadis rêvé et édifié par les lois scolaires réalisées par Jules Ferry.
Par les temps qui courent, elles sont des plus nécessaires et les pouvoirs publics devraient soutenir bien haut de telles initiatives servant de la meilleur des façons l’intérêt général.

Un Hommage mémorable à Antoine Bourseiller

Antoine Bourseiller © DR
Quitter la capitale pour retrouver la douceur d’un été indien sans fin d’une autre capitale est toujours un plaisir surtout que l’accueil y est particulièrement chaleureux notamment au Toursky.

Après une première Université Populaire animée par le philosophe emblématique Alain Badiou et son brillant acolyte Quentin Meillassoux réussie devant un parterre bien fourni pour ce genre d’exercice dans la grande salle témoignant du succès de telles soirées, la saison 2014-2015 s’ouvrait par un bel hommage sans chichi rendu possible par Richard Martin le fondateur et directeur du Théâtre Toursky à l’une des figures majeures du théâtre français du XXe siècle et néanmoins compagnon de route d’Antoine Bourseiller, disparu, il y a un peu plus d’un an à Arles à l’âge de 82 ans.

Entouré de la comédienne Marianne Epin, de Christophe Bourseiller, de Didier Morin, de Pierre Constant et de Michel Pezet, il a su réussir cette soirée émaillée de textes inédits d’Antoine Bourseiller, d’extraits de court-métrage méconnus du grand public édifiant le portrait d’un artiste passionné souriant à la vie, à la création et orphelin d’un grand amour celui qui l’a pu partager avec la comédienne Chantal Darget.

Infatigable découvreur de talents, créant avec son inoubliable regard bleu et cette passion si caractéristique de ceux qui ont contribué à écrire la grande histoire du Théâtre de nombreuses œuvres majeures du répertoire théâtral contemporain, il développa en parallèle une longue amitié avec Jean Genêt et le cinéaste Jean-Luc Godard.

Il mit en scène en son temps de véritables légendes telles Michel Simon, Suzanne Flon…
Il apporta un sang neuf à l’Opéra de Nancy et fût surtout l’un des artisans majeurs de la décentralisation théâtrale voulue par André Malraux alors Ministre de la Culture.
À ce titre, il participa grandement au renouveau culturel de la cité phocéenne en tant que directeur du Théâtre Gymnase tandis que Richard Martin fondait le Théâtre Toursky en 1970 dans le quartier déshérité du quartier Saint Mauront, fief communiste oublié par le maire socialiste Gaston Deferre ayant régné sur Marseille pendant 33 ans de 1953 à 1986, sur les traces de l’extraordinaire aventure oubliée aujourd’hui du Théâtre quotidien de Marseille (1956-1965) initiée jadis par Roland Monod et Michel Fontayne offrant les bases d’un théâtre professionnel au bord de la méditerranée à travers la création d’une compagnie théâtrale qui créera son premier spectacle à Uzès en 1956 un an plus tard : une retentissante Phèdre devant le Pont du Gard avant de retrouver la scène du Théâtre Grignan.

Cette soirée chargée en émotions fût une réussite incontestable car on y ressentait fortement l’âme d’Antoine.

Les interventions remarquables d’une poignée de journalistes ayant vécu toute cette période dont Jacques Bonnadier, Jacqueline Degrandmaison, Michelle Taddei à l’issue de la soirée en sont l’écho. Une façon de se souvenir aussi de celles et ceux parmi les plus belles plumes de Marseille qui sont aussi partis comme Pierre Paret, Edmée Santy, Jean Boissieu ou Josée Baron, fidèles partenaires de l’Artiste. Antoine laisse un grand vide au monde du théâtre. C’est incontestable.

Marseille lui devait un tel hommage. Merci à Richard Martin et son équipe de l’avoir fait et de l’avoir aussi bien réalisé !

Au début de la soirée, le public venu nombreux a pu découvrir la superbe exposition d’Alain Soucasse proposant gravures et peintures et une pièce fort bien écrite à la mémoire d’Antoine par un jeune et brillant pianiste-compositeur Jonathan Soucasse en première mondiale.
Cette exposition à voir demeurera sur les cimaises du Toursky jusqu’à la mi - décembre.

Pratique

Pour en savoir plus sur les activités du théâtre et les Universités populaires : www.toursky.org
Prochain spectacle : Création d’Edmonde Franchi les 7 et 8 novembre Sérénade en mer.

Réservations : 0 820 300 033

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 17 Octobre 2014 à 14:20 | Lu 327 fois
Pierre Aimar
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