Un étonnant jeu de parfums à Saint-Antoine l’Abbaye (Isère). Par Jacqueline Aimar

Connaissez-vous dans l‘Isère le site médiéval de Saint-Antoine l’Abbaye, son village ancien avec ruelles et belles maisons, et son Abbaye close de murs et encore utilisée et visitable ?


L'exposition occupe les salles voutées des grandes écuries © Pierre Aimar

Chaque parfum est diffusé à l'aide d'une poire et permet au visiteur de découvrir des senteurs rares © Pierre Aimar
Et dans l’enceinte de l’Abbaye, les deux musées où sont organisées chaque année des expositions rares et très spécifiques ?
L’Abbaye de Saint-Antoine avait principalement un rôle, celui de soigner, le mal des Ardents (maladie donnée par l’ergot de seigle dans une alimentation pauvre). De ces temps passés, grâce à des expositions variées, on conserve à l’Abbaye un intérêt particulier pour les médications diverses. Cette année, l’exposition intitulée Quand le parfum portait remède, présente en deux petites salles attenantes à un charmant jardin de cloître, des parfumes et odeurs diverses; difficile me direz-vous d’exposer des odeurs. Et pourtant grâce à un ingénieux système de pipettes imbibées du liquide de petits flacons, chacun peut approcher ses narines et respirer les effluves proposés. Il y a même de petits tabourets de bois pour permettre aux enfants d’accéder au niveau des flacons ! Bien délimitée en espaces différents, le jardin des cloîtres et le jardin des princes, séparés par le jardin des moines, l’exposition permet à nos narines conditionnées aux odeurs modernes de rencontrer les senteurs dont nous ne savons souvent que les noms, la myrrhe, la civette, l’eau de lys et l’eau des carmes, et même le vinaigre des quatre voleurs !
A l’extérieur, dans un véritable petit jardin d’Orient avec bassins et petits jeux d’eau gazouillante, des azuleros très évocateurs des pays du Magreb viennent compléter ce petit récit d’Orient parfumé.
Quel plaisir quand on a été imprégné après la lecture des Trois Mousquetaires et autres Capitaine Fracasse de pouvoir sentir avec délices, l’Eau de la Reine de Hongrie, ou l’Oiselet de Chypre et le parfum du roi. Quelle ouverture pour les imaginations qui permet de voir et de sentir l’au-delà des mots au-delà du temps!
Ou d’apprendre que le souchet du bord des eaux traite la sciatique et donne bonne haleine et que le marrube à odeur musquée soigne maux d’estomac et bronchites ! Quant au lys, s’il traite les rhumes, il soigne aussi les brûlures si ses pétales ont macéré dans l’huile d’olive. Il est à noter que ces parfums de jadis portent comme on dit, plus de notes naturelles et musquées, odeurs d’aromates et épices que ceux d’aujourd’hui, qui sentent souvent lourdement leurs produits de synthèse.
C’est en 1370 qu’apparaît la première formule de parfum alcoolique, rendue possible par les progrès de la distillation que les Arabes maîtrisaient depuis longtemps. Une formule à base de romarin et d’esprit de vin (alcool éthylique) aurait été mise au point pour la reine de Hongrie; à la fois eau de beauté et eau de jouvence, elle est considérée comme une vraie médecine à la fois externe et interne pour lutter contre les maladies du cerveau, des nerfs et des jointures, rhumatismes et goutte…
Lorsqu’une seule création agit sur autant de manifestations… que vont alors devenir nos chers et… riches laboratoires ?
Jacqueline Aimar

L'abbaye de Saint-Antoine a été fondée pour accueillir les reliques de saint Antoine-l'Égyptien

© Pierre Aimar

L'abbaye, entrée côté cour

© Pierre Aimar

Chez le tailleur de pierres

© Pierre Aimar

Pratique

Quand le parfum portait remède
Musée de Saint-Antoine l'Abbaye
04 76 36 40 68
www.musee-saint-antoine.fr
Ts les jours sauf mardi 10h30-12h30 et 14h-18h

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 14 Aout 2015 à 10:00 | Lu 578 fois
Pierre Aimar
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