Macbeth © Frédéric Stephan
Il s’appuie sur le dispositif scénique particulièrement astucieux, inventé par Bernard Arnould, composé de colonnes, de miroirs, de trappes, de panneaux réversibles pouvant moduler à sa guise l’espace scénique qu'il utilise à merveille : jeux de miroirs, sorcières à deux visages, massacre gore...
Le metteur en scène jubile dans ce tableau dénonçant la tyrannie du pouvoir.
Ici, les gardes sont froidement exécutés par Macbeth, les enfants de Macduff sont poignardés avec cruauté… C’est particulièrement trash à la manière d’un Kubrick et pourtant en totale adéquation avec le sens profond de la partition de Verdi.
Les tableaux du plasticien Ronan Brissot ponctuent les entractes créant une atmosphère à la Goya ou à William Blake. Le triomphe de la mort de Jacques Brissot, fidèle collaborateur en tant que plasticien de Jean-Louis Martinoty trouve sa pleine mesure dans cette radiographie d’une plongée dans l’horreur et le macabre où la direction d’acteurs précise met en exergue les deux rôles principaux sans jamais occulter la dimension fantastique de l’œuvre voulue par Verdi.
Soulignons que la noirceur dramaturgique et les sublimes costumes de Daniel Ogier sont particulièrement mis en valeur par les éclairages réussis de François Thouret et par l’apport intelligent de la vidéo de Gilles Papain, projection bien trouvée des victimes de Macbeth sur son costume.
Jean-louis Martinoty bénéficie de chanteurs particulièrement investis. Giuliano Carella met en lumières toutes les beautés d’une partition visionnaire de Verdi. Il obtient des couleurs insoupçonnées et crépusculaires des cordes de l’orchestre de Toulon et maintient un bel équilibre entre la fosse et le plateau. L’orchestre et les chœurs sous sa direction sont superbes.
Macbeth, le plus sombre des ouvrages du compositeur ne comporte aucune histoire d’amour émouvante, aucune voix fragile de soprano victime d’un mauvais père. Le compositeur livre ici peu d’airs hérités du bel Canto. Verdi a même souhaité que sa lady Macbeth soit pourvue d’une voix rauque, qu’elle soit investie dans la carte du mal sans vouloir automatiquement bien chanter.
L’histoire relate le retour d’un noble écossais rentrant victorieux du champ de bataille. Avant que le roi ne l’en récompense par de nouveaux titres, trois sorcières lui prédisent une future dignité royale : l’ambition de Macbeth s’en trouve attisée, et il devient bientôt meurtrier pour réaliser sa volonté de pouvoir. Poussé par sa femme Lady Macbeth, il s’enfonce toujours plus dans la spirale de la violence, jusqu’à ce que les mystérieuses prophéties des sorcières finissent par se retourner contre lui ! Depuis Bordeaux, la mise en scène a évolué et elle apparaît particulièrement aboutie. Un régal !
Commençons par la remarquable Lady Macbeth de la soprano suédoise Ingela Brimberg. La présence magnétique de la cantatrice fait de chacune de ses apparitions un moment de grande excitation. Elle offre un charisme de tous les instants à son personnage. Techniquement, elle est irréprochable, elle offre une voix puissante et maîtrisée dans la terrible cabalette du premier acte, doublée d’une intelligence musicale, d’un sens de la déclamation et d’une subtilité de son jeu sur le piano et le forte d’une efficacité rare. Elle évite tous les pièges du rôle dus aux écarts redoutables de la tessiture… On tient là une des grandes interprètes du rôle.
Le Macbeth de Giovanni Meoni est doté d’une voix saine même s’il manque singulièrement de dimension charismatique. Il phrase avec style et déploie une technique vocale aguerrie. Il chante avec nuance et très juste. Raison pour laquelle Piéta, rispetto, amore est un des beaux moments de la représentation. Après les magnifiques Macbeth de Dimitri Tiliakos à l’Opéra Bastille et de Tassis Christoyanis à l’Opéra National de Bordeaux, il est une alternative possible!
Le banco du géorgien Mikhail Kolelishvili doté d’une voix superbe de basse, possède le charisme nécessaire au personnage de Banco. Cela dit un supplément d’ampleur expressive et de profondeur pour Come dal ciel pieta en aurait fait un interprète idéal.
En Macduff, le ténor russe Ronan Shulackoff au timbre solaire possède l’aigu et un phrasé élégant.
Pour être complet sur la distribution citons les excellents Giorgio Trucco et Aurélie Ligerot seule rescapée de la distribution de Bordeaux respectivement Malcom et Dame d’honneur de Lady Macbeth.
On tient là la production de Macbeth à voir et à revoir sur toutes les grandes scènes lyriques européennes… C’est sans nul doute l’un des plus spectacles les plus réussis présentés sur la scène toulonnaise lors de ces dernières années.
Trois heures de bonheur total…
Serge Alexandre
Pour en savoir plus : www.operadetoulon.fr
Réservations au 04 94 92 70 78
Prochain spectacle du 20 au 27 mai : Don Giovanni de Mozart
Le metteur en scène jubile dans ce tableau dénonçant la tyrannie du pouvoir.
Ici, les gardes sont froidement exécutés par Macbeth, les enfants de Macduff sont poignardés avec cruauté… C’est particulièrement trash à la manière d’un Kubrick et pourtant en totale adéquation avec le sens profond de la partition de Verdi.
Les tableaux du plasticien Ronan Brissot ponctuent les entractes créant une atmosphère à la Goya ou à William Blake. Le triomphe de la mort de Jacques Brissot, fidèle collaborateur en tant que plasticien de Jean-Louis Martinoty trouve sa pleine mesure dans cette radiographie d’une plongée dans l’horreur et le macabre où la direction d’acteurs précise met en exergue les deux rôles principaux sans jamais occulter la dimension fantastique de l’œuvre voulue par Verdi.
Soulignons que la noirceur dramaturgique et les sublimes costumes de Daniel Ogier sont particulièrement mis en valeur par les éclairages réussis de François Thouret et par l’apport intelligent de la vidéo de Gilles Papain, projection bien trouvée des victimes de Macbeth sur son costume.
Jean-louis Martinoty bénéficie de chanteurs particulièrement investis. Giuliano Carella met en lumières toutes les beautés d’une partition visionnaire de Verdi. Il obtient des couleurs insoupçonnées et crépusculaires des cordes de l’orchestre de Toulon et maintient un bel équilibre entre la fosse et le plateau. L’orchestre et les chœurs sous sa direction sont superbes.
Macbeth, le plus sombre des ouvrages du compositeur ne comporte aucune histoire d’amour émouvante, aucune voix fragile de soprano victime d’un mauvais père. Le compositeur livre ici peu d’airs hérités du bel Canto. Verdi a même souhaité que sa lady Macbeth soit pourvue d’une voix rauque, qu’elle soit investie dans la carte du mal sans vouloir automatiquement bien chanter.
L’histoire relate le retour d’un noble écossais rentrant victorieux du champ de bataille. Avant que le roi ne l’en récompense par de nouveaux titres, trois sorcières lui prédisent une future dignité royale : l’ambition de Macbeth s’en trouve attisée, et il devient bientôt meurtrier pour réaliser sa volonté de pouvoir. Poussé par sa femme Lady Macbeth, il s’enfonce toujours plus dans la spirale de la violence, jusqu’à ce que les mystérieuses prophéties des sorcières finissent par se retourner contre lui ! Depuis Bordeaux, la mise en scène a évolué et elle apparaît particulièrement aboutie. Un régal !
Commençons par la remarquable Lady Macbeth de la soprano suédoise Ingela Brimberg. La présence magnétique de la cantatrice fait de chacune de ses apparitions un moment de grande excitation. Elle offre un charisme de tous les instants à son personnage. Techniquement, elle est irréprochable, elle offre une voix puissante et maîtrisée dans la terrible cabalette du premier acte, doublée d’une intelligence musicale, d’un sens de la déclamation et d’une subtilité de son jeu sur le piano et le forte d’une efficacité rare. Elle évite tous les pièges du rôle dus aux écarts redoutables de la tessiture… On tient là une des grandes interprètes du rôle.
Le Macbeth de Giovanni Meoni est doté d’une voix saine même s’il manque singulièrement de dimension charismatique. Il phrase avec style et déploie une technique vocale aguerrie. Il chante avec nuance et très juste. Raison pour laquelle Piéta, rispetto, amore est un des beaux moments de la représentation. Après les magnifiques Macbeth de Dimitri Tiliakos à l’Opéra Bastille et de Tassis Christoyanis à l’Opéra National de Bordeaux, il est une alternative possible!
Le banco du géorgien Mikhail Kolelishvili doté d’une voix superbe de basse, possède le charisme nécessaire au personnage de Banco. Cela dit un supplément d’ampleur expressive et de profondeur pour Come dal ciel pieta en aurait fait un interprète idéal.
En Macduff, le ténor russe Ronan Shulackoff au timbre solaire possède l’aigu et un phrasé élégant.
Pour être complet sur la distribution citons les excellents Giorgio Trucco et Aurélie Ligerot seule rescapée de la distribution de Bordeaux respectivement Malcom et Dame d’honneur de Lady Macbeth.
On tient là la production de Macbeth à voir et à revoir sur toutes les grandes scènes lyriques européennes… C’est sans nul doute l’un des plus spectacles les plus réussis présentés sur la scène toulonnaise lors de ces dernières années.
Trois heures de bonheur total…
Serge Alexandre
Pour en savoir plus : www.operadetoulon.fr
Réservations au 04 94 92 70 78
Prochain spectacle du 20 au 27 mai : Don Giovanni de Mozart