Une Nuit à Venise, de Johann Strauss, Opéra de Lyon, du 14 décembre 2016 au 1er janvier 2017

Un duc volage, un vieux sénateur qui se réserve sa jeune pupille, un neveu pour amant : les personnages d’Une Nuit à Venise formeraient une galerie bien banale s’ils ne l’avaient parée des couleurs chaleureuses de l’Italie, avec un barbier faisant office de gondolier, un cuisinier napolitain et quelques jolies dames à marier. Il n’y a alors rien de plus propice aux quiproquos qu’un carnaval.


À l’abri des masques, on cache, on enlève, on séduit.
Et l’on se trompe soi-même jusqu’à finir aux bras d’une espiègle cuisinière, ou livrer malencontreusement à son patron celle qu’on aime.

Quand la réalité chasse le théâtre de sa propre scène
1883 : le carnaval de Strauss est certes vénitien, mais il a les rythmes et les parfums des valses viennoises.
Se moquant des frontières, il s’est inspiré du théâtre de boulevard parisien ; il sera d’ailleurs accusé de plagiat du Château trompette de Cormon et Carré. Mais le plus extraordinaire est le fait qu’il ait fait ses premiers pas sur scène à Berlin parce que la femme du compositeur a pris la poudre d’escampette avec le directeur du Theater an der Wien, haut lieu de l’opérette autrichienne !
On imagine alors la surprise du public du Neues Friedrich Wilhelmstadisches Theater, le 3 octobre 1883, face

Des costumes et une mise à nu

Aux commandes musicales : le jeune et brillant Daniele Rustioni, futur chef permanent de l’Opéra de Lyon ; aux manettes de la mise en scène : Peter Langdal. Remarqué en France pour sa réactualisation de Hair au Théâtre Mogador en 1997, l’artiste danois aime surprendre, voire déconcerte en dénonçant les habitudes au théâtre.
Peter Langdal est musicien ; enfant, il officiait comme soliste dans un chœur de garçons, puis a pratiqué le rock, les musiques latines et le jazz. Diplômé de l’École de théâtre danoise, il s’essaie bientôt à l’opéra, notamment au Théâtre Royal de Copenhague.
En France, on se rappelle sa relecture de la Chauve-souris. À Lyon déjà, en compagnie de Johann Strauss. Importé du Danemark, le spectacle a été adapté, ses dialogues réécrits pour laisser entendre des cris inattendus mais familiers. Le charme viennois se cognait brutalement au bling-bling de notre époque.
Quelle sera sa Nuit à Venise ? Nul besoin de chercher dans les réalisations passées des indices sur les réalisations futures : l’artiste vrai toujours se renouvelle. Mais quels qu’en soient les costumes, son carnaval sera assurément contemporain pour mettre à nu nos désirs et stratagèmes amoureux.
François-Gildas Tual à l’humour un peu outrancier et à l’apparente légèreté de l’œuvre. Mais sans doute n’a-t-il pas boudé son plaisir à l’écoute de la «Valse des lagunes » ou des divers couplets.

Distribution

Direction musicale : Daniele Rustioni
Mise en scène : Peter Langdal
Décors : Ashley Martin-Davis
Costumes : Karin Betz
Lumières : Jesper Kongshaug

Duc Guido : Lothar Odinius
Delacqua : Piotr Micinski
Barbara : Caroline MacPhie
Annina : Evelin Novak
Caramello : Matthias Klink
Pappacoda : Jeffrey Treganza
Ciboletta : Jasmina Sakr
Enrico : Bonko Karadjov

Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon


Dates

Décembre 2016
Mercredi 14 19h30
Vendredi 16 19h30
Dimanche 18 16h
Lundi 19 19h30
Mercredi 21 19h30
Vendredi 23 19h30
Mardi 27 19h30
Jeudi 29 19h30

Janvier 2017
Dimanche 1er 16h

Pierre Aimar
Mis en ligne le Lundi 21 Novembre 2016 à 09:00 | Lu 1086 fois
Pierre Aimar
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