© Christian Dresse
Créé en 1853 à La Fenice de Venise, La Traviata, adapté de la Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, reste l'un des ouvrages phares de Giuseppe Verdi où le bonheur de Violetta ne résiste pas aux assauts de la bienséance et de la maladie ;
Pour faire vivre cette partition ultra célèbre, l'Opéra de Marseille a mis en avant trois jeunes chanteurs déjà reconnus : Nicole Car pour incarner Violetta, Enea Scala, Alfredo et Etienne Dupuis qui interprète Germont.
Lumineuse, talentueuse, magistrale Nicole Car
La jeune soprano australienne projette sa voix claire couronnée par un aigu brillant. Elle s’empare de Sa ‘Violetta’ et lui donne une consistance fragile et viscéralement dramatique. De la séduction à l’amour, en passant par le doute, de la dévoyée à la femme meurtrie, la présence scénique et vocale de Nicole Car, son jeu subtil, marquent cette Traviata d’une pierre blanche. Et le très connaisseur public de Marseille qui l’ovationne ne s’y trompe pas.
Séduisant et ardent Enea Scala
Est-ce le feu de sa Sicile natale qui brûle dans les veines de ce puissant ténor ? Très applaudi dernièrement dans La donna del lago, il est acclamé dans le rôle très lyrique d’Alfredo. Sa voix éclatante, aux graves et aux aigus sonores, garde une belle colorature et se démarque autant des fracas de la fête qu’elle se fait chaude dans l’intimité de Violetta.
Etienne Dupuis, ne démérite pas dans le rôle de Germont. Le baryton tient une ligne mélodique constante au timbre chaud. On pourrait préférer une présence scénique plus coriace au regard du personnage récalcitrant du père, qu’Etienne Dupuis rend plus sympathique et compatissant. Mais le baryton emporte la partie auprès d’un public conquis.
Une direction et un orchestre triomphants
La direction musicale de Nader Abbassi et le magnifique orchestre de l’opéra de Marseille soulignent l’œuvre, faisant entendre des accents magistraux, éclatants, fiévreux mais aussi intimes, en totale adéquation avec les chanteurs. Excellente surprise que ne laissait pas présager le prélude de l’acte I, à la couleur trop appuyée à mon goût, ne traduisant pas suffisamment le caractère intime qui donne un éclairage romantique à cette sublime page verdienne. Le reste de l’œuvre est dirigé avec maestria et joué remarquablement.
Jean-Marie Delpas est un Baron Douphol impeccable à la belle tessiture vocale.
Laurence Janot, jolie voix et présence scénique remarquable, apporte à la mise en scène un côté lubrique que l’art de la danse, familier à la chanteuse, rend léger et éclatant.
Carine Séchaye est une toute jeune Annina. Carl Ghazarossian est Gastone. Frédéric Cornille étreint le personnage du Marquis d’Obigny et Antoine Garcin celui du Docteur Grenvil. Tous quatre, bien qu’avec des rôles de moindre importance, relèvent dignement le défi.
Une fois encore, le chœur de l’opéra de Marseille ourle admirablement cette œuvre sublime, aliénant la musique et le public.
Les costumes de Katia Duflot, toujours superbes, la mise en scène sobre et achevée de Renée Auphan réalisée par Emma Martin et les décors de Christine Marest auréolent l’ensemble d’une harmonie de ton et d’action aérée et élégante. Rien ne vient écraser les chanteurs dans leurs péripéties vocales verdiennes, si difficiles, mais participent à les mettre en valeur.
Au final, une Traviata mémorable, un moment de bonheur divinement partagé.
Et ce Monsieur Verdi, devenu symbole des patriotes italiens en 1849, qui nous rappelle la condition des femmes assujetties à la société patriarcale de l’époque, l’opprobre, à leur égard, d’une société bien-pensante appuyant d’une main de fer le carcan de la condition féminine. Il nous rappelle également la nécessité impérieuse de lutter pour l’égalité et la liberté.
Danielle Dufour-Verna
Pour faire vivre cette partition ultra célèbre, l'Opéra de Marseille a mis en avant trois jeunes chanteurs déjà reconnus : Nicole Car pour incarner Violetta, Enea Scala, Alfredo et Etienne Dupuis qui interprète Germont.
Lumineuse, talentueuse, magistrale Nicole Car
La jeune soprano australienne projette sa voix claire couronnée par un aigu brillant. Elle s’empare de Sa ‘Violetta’ et lui donne une consistance fragile et viscéralement dramatique. De la séduction à l’amour, en passant par le doute, de la dévoyée à la femme meurtrie, la présence scénique et vocale de Nicole Car, son jeu subtil, marquent cette Traviata d’une pierre blanche. Et le très connaisseur public de Marseille qui l’ovationne ne s’y trompe pas.
Séduisant et ardent Enea Scala
Est-ce le feu de sa Sicile natale qui brûle dans les veines de ce puissant ténor ? Très applaudi dernièrement dans La donna del lago, il est acclamé dans le rôle très lyrique d’Alfredo. Sa voix éclatante, aux graves et aux aigus sonores, garde une belle colorature et se démarque autant des fracas de la fête qu’elle se fait chaude dans l’intimité de Violetta.
Etienne Dupuis, ne démérite pas dans le rôle de Germont. Le baryton tient une ligne mélodique constante au timbre chaud. On pourrait préférer une présence scénique plus coriace au regard du personnage récalcitrant du père, qu’Etienne Dupuis rend plus sympathique et compatissant. Mais le baryton emporte la partie auprès d’un public conquis.
Une direction et un orchestre triomphants
La direction musicale de Nader Abbassi et le magnifique orchestre de l’opéra de Marseille soulignent l’œuvre, faisant entendre des accents magistraux, éclatants, fiévreux mais aussi intimes, en totale adéquation avec les chanteurs. Excellente surprise que ne laissait pas présager le prélude de l’acte I, à la couleur trop appuyée à mon goût, ne traduisant pas suffisamment le caractère intime qui donne un éclairage romantique à cette sublime page verdienne. Le reste de l’œuvre est dirigé avec maestria et joué remarquablement.
Jean-Marie Delpas est un Baron Douphol impeccable à la belle tessiture vocale.
Laurence Janot, jolie voix et présence scénique remarquable, apporte à la mise en scène un côté lubrique que l’art de la danse, familier à la chanteuse, rend léger et éclatant.
Carine Séchaye est une toute jeune Annina. Carl Ghazarossian est Gastone. Frédéric Cornille étreint le personnage du Marquis d’Obigny et Antoine Garcin celui du Docteur Grenvil. Tous quatre, bien qu’avec des rôles de moindre importance, relèvent dignement le défi.
Une fois encore, le chœur de l’opéra de Marseille ourle admirablement cette œuvre sublime, aliénant la musique et le public.
Les costumes de Katia Duflot, toujours superbes, la mise en scène sobre et achevée de Renée Auphan réalisée par Emma Martin et les décors de Christine Marest auréolent l’ensemble d’une harmonie de ton et d’action aérée et élégante. Rien ne vient écraser les chanteurs dans leurs péripéties vocales verdiennes, si difficiles, mais participent à les mettre en valeur.
Au final, une Traviata mémorable, un moment de bonheur divinement partagé.
Et ce Monsieur Verdi, devenu symbole des patriotes italiens en 1849, qui nous rappelle la condition des femmes assujetties à la société patriarcale de l’époque, l’opprobre, à leur égard, d’une société bien-pensante appuyant d’une main de fer le carcan de la condition féminine. Il nous rappelle également la nécessité impérieuse de lutter pour l’égalité et la liberté.
Danielle Dufour-Verna