Viiite et Disgrâce de Michel Kelemenis
La danse est ici abordée comme un art d'écriture, avec des bras obstinément verticaux ou continuellement obliques, des corps penchés niant la verticalité, des bustes inclinés sur leur axe, une extrême vélocité des pieds, un dessin géométrique des bras et des jambes, des voltes fréquentes des poignets. Par ailleurs, dans l'occupation de l'espace, des écarts saugrenus succèdent aux diagonales les plus pures.
Tout le pas de deux se déroule dans une nuit obscure criblée d'éclairs où le danseur, tel l'Orphée de Cocteau se préparant à traverser les miroirs, offre à sa partenaire des gants qui lui permettront de le suivre dans sa quête désespérée vers une symbiose originelle.
La seconde pièce de la soirée, Disgrâce, ne traite pas comme on pouvait s'y attendre de la mauvaise grâce du danseur dans son maintien, mais plutôt de son infortune dès lors qu'il perd les bonnes grâces d'un puissant personnage. Le prologue sur le finale du Lac des Cygnes de Tchaïkovsky, et l'évocation de la noyade du Prince Siegfried, englouti dans la tempête provoquée par Rothbart, donne la mesure du malheur qui atteint le danseur amoureux métamorphosé en cygne (Tuomas Lahti). La composition électro-acoustique de Christian Zanési qui prend le relais permet alors de révéler un autre support visuel où ce qui fait signe relève d'un tout autre discours:celui de quelques lutteurs dans des poses sculpturales d'archers, de discoboles, ou de braqueurs, qui éprouvent, à intervalles réguliers, la capacité de résistance d'un de leurs camarades de travail, en détruisant sa pose et en le précipitant de force au sol. Toute élévation élégante, pirouette ou tour en l'air, si acrobatique fût-elle, est impitoyablement abattue, ruinée par une chaîne hostile de quatre corps qui font opposition (Olivier Clargé, Gildas Diquero, Bastien Lefèvre et Christian Ubl). Mais Disgrâce est aussi une pièce surprenante qui évoque une sorte de mésentente entre danseurs sur un prétexte aussi célèbre que La Mort du Cygne. Au spectateur de choisir son interprétation en fonction de sa culture !
Philippe Oualid
Pochainement en tournée. Site à consulter : www.kelemenis.fr
Tout le pas de deux se déroule dans une nuit obscure criblée d'éclairs où le danseur, tel l'Orphée de Cocteau se préparant à traverser les miroirs, offre à sa partenaire des gants qui lui permettront de le suivre dans sa quête désespérée vers une symbiose originelle.
La seconde pièce de la soirée, Disgrâce, ne traite pas comme on pouvait s'y attendre de la mauvaise grâce du danseur dans son maintien, mais plutôt de son infortune dès lors qu'il perd les bonnes grâces d'un puissant personnage. Le prologue sur le finale du Lac des Cygnes de Tchaïkovsky, et l'évocation de la noyade du Prince Siegfried, englouti dans la tempête provoquée par Rothbart, donne la mesure du malheur qui atteint le danseur amoureux métamorphosé en cygne (Tuomas Lahti). La composition électro-acoustique de Christian Zanési qui prend le relais permet alors de révéler un autre support visuel où ce qui fait signe relève d'un tout autre discours:celui de quelques lutteurs dans des poses sculpturales d'archers, de discoboles, ou de braqueurs, qui éprouvent, à intervalles réguliers, la capacité de résistance d'un de leurs camarades de travail, en détruisant sa pose et en le précipitant de force au sol. Toute élévation élégante, pirouette ou tour en l'air, si acrobatique fût-elle, est impitoyablement abattue, ruinée par une chaîne hostile de quatre corps qui font opposition (Olivier Clargé, Gildas Diquero, Bastien Lefèvre et Christian Ubl). Mais Disgrâce est aussi une pièce surprenante qui évoque une sorte de mésentente entre danseurs sur un prétexte aussi célèbre que La Mort du Cygne. Au spectateur de choisir son interprétation en fonction de sa culture !
Philippe Oualid
Pochainement en tournée. Site à consulter : www.kelemenis.fr