XXe Semaine de Théâtre Antique de Vaison la Romaine, spectacles des 12 et 13 juillet 2019

Quelques vers du poète latin Lucrèce sur fond d'une ancienne édition du De rerum natura, De la nature, pour faire entendre la poésie d'une langue qui se propose d'explorer le monde des choses et celui des esprits humains. Ecouter Guillaume et Emmanuel c'est s'assurer de comprendre l'incroyable succès dans le temps de celui qui fut pour Montaigne un ami très cher.

Et si l'Odyssée était un livre de cuisine recélant dans ses pages les mille secrets de ces banquets frustres ou somptueux auxquels s'adonnent les vaillants héros homériques ? C'est ce qu'a cru comprendre une Dame Tartine déconcertée qui souhaite enrichir sa palette gourmande autant que se faire passeuse d'histoires.


« De Rerum Natura »

On sait peu de choses de ce poète latin - Titus Lucretius Carus - qui vécut au premier siècle avant J.C. dans une période de graves troubles politiques et sociaux et fut l’auteur d’une œuvre unique de 7415 vers en hexamètres dactyliques dont l’influence ne cessa de s’exercer en son temps d’abord et s’affirma au fil des siècles jusqu’à aujourd’hui où il fait l’objet d’une lecture attentive et renouvelée.
Avec le De rerum natura, De la nature des choses ou plus simplement De la nature, Lucrèce a composé un hymne prodigieux au monde dans lequel les humains vivent, réussissant l’exploit de transmettre à ses lecteurs par la grâce de son écriture poétique une somme impressionnante de connaissances, de visions et de réflexions qui offrent aussi les clés d’un art de vivre et d’une sagesse débarrassée d’illusions trouvant aisément un écho aux préoccupations et sensibilités contemporaines.
Ce poème donna la plus large audience à la pensée d’Epicure qui fonda à Athènes dans son jardin au début du IVème siècle avant J.C. une école de philosophie dont la renommée et le succès s’expliquent par le caractère concret et accessible des enseignements dispensés visant à permettre à chacun de trouver le chemin d’un bonheur raisonnable.
Guillaume Boussard et Emmanuel Lascoux, tous deux héllenistes et latinistes chevronnés, proposent avec leur sélection d’extraits lus, dits et commentés et accompagnés au piano par Emmanuel, une introduction passionnante à la profondeur et à la beauté de l’œuvre de Lucrèce.

« Ulysse, Circé et les cochons »

Dans le livre X de l’Odyssée, Homère narre l’arrivée d’Ulysse et de ses compagnons dans l’île d’Ea où habite Circé « à la belle chevelure » et « à la voix mélodieuse ». Déjà fortement éprouvés par les mésaventures précédentes, ils doivent affronter une redoutable adversaire en la personne de la magicienne dont les philtres savants viennent à bout des guerriers les plus coriaces. Qui ignorerait encore qu’elle a le pouvoir de métamorphoser d’ordinaires et craintifs combattants en porcins gardant toutefois la conscience de leur état antérieur, supplice ô combien délicat ?
Après la version épique de ce mythe présentée par le Théâtre Demodocos, la Cie Hadrien 2000 a jugé bon d’en proposer une version décalée et un brin iconoclaste, ce qui après tout est conforme à l’esprit des parodies antiques qui déjà se moquaient allègrement d’Homère et ne cédaient en rien aux caricaturistes en matière d’ironie mordante, comme vient de le démontrer la très pédagogique exposition consacrée à Homère par le Louvre Lens.
Aussi en regardant l’affiche de ce spectacle conté vous remarquerez à l’angle d’un superbe bas-relief antique une incongrue silhouette de grand-mère grognon qui va se faire un plaisir de « déconstruire » le mythe en l’examinant avec les lunettes d’un mauvais esprit très contemporain. Cette Dame Tartine plus proche de Grand’ma Dalton que d’une mémé confiture vous livrera son point de vue acéré sur les héros antiques qui devrait amuser les grands et les petits, familiers ou non du récit homérique.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Jeudi 11 Juillet 2019 à 18:09 | Lu 241 fois
Pierre Aimar
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