Grande comédie psychologique de répertoire, rédigée en 1823, sur le modèle de Molière, Le Malheur d'avoir trop d'esprit fut longtemps interdit par la censure russe pour son caractère frondeur et subversif. Elle peint certes les déboires amoureux d'un misanthrope romantique dont le dernier avatar sera le Platonov de Tchékhov, mais elle soulève aussi des questions morales et des problèmes sociaux auxquels les Russes restent très sensibles.
L'intrigue se résume aisément : Tchatski, jeune homme passionné et railleur, retrouve après trois ans d'absence à l'étranger, son amie d'enfance, Sofia, qu'il aime et avec qui il pense renouer sans peine le dialogue interrompu. Mais la jeune fille s'est déjà laissé circonvenir par un intrigant vulgaire, Moltchaline. En reprenant le jeu de jadis qui consistait à dauber sur leurs connaissances communes, Tchatski, croyant plaire, ne réussit qu'à exaspérer Sofia. Sans trop y réfléchir, elle le fait passer pour fou, au cours d'une réception et d'un bal, auprès d'une société haineuse, trop contente de se venger des traits dont Tchatski l'accable gratuitement. Dépité, incapable de se défendre, car il était sincèrement épris, il claque la porte, vaincu en somme puisqu'il ne lui reste plus qu'à se retirer, comme Alceste, dans un"désert" où personne n'ira le chercher.
La mise en scène de Sergueï Artsibachev dans une scénographie très démodée de toiles peintes et des costumes historiques de style Empire, ressemble à un spectacle de Stanislavski. Elle insiste, dans un esprit satirique, vaudevillesque, sur les tares d'une certaine Moscou, le conservatisme apeuré, la flagornerie obséquieuse et les vices irrémissibles d'une société patriarcale qui maintient le servage et les privilèges exorbitants de l'aristocratie.
Même s'ils viennent trop souvent déclamer leurs tirades à l'avant-scène, face au public, comme au XVIIIe siècle, les comédiens russes très doués, en particulier Maria Kostina (Sofia), Sergueï Zagrebnev (Moltchaline) et Evgueni Bouldakov (Tchatski), défendent la vérité psychologique de leur personnage avec une conviction si émouvante qu'on reste, pendant deux heures, plongé sous le charme et parfois hypnotisé comme Ylia Boulavko, la servante de la Maison…
Philippe Oualid
L'intrigue se résume aisément : Tchatski, jeune homme passionné et railleur, retrouve après trois ans d'absence à l'étranger, son amie d'enfance, Sofia, qu'il aime et avec qui il pense renouer sans peine le dialogue interrompu. Mais la jeune fille s'est déjà laissé circonvenir par un intrigant vulgaire, Moltchaline. En reprenant le jeu de jadis qui consistait à dauber sur leurs connaissances communes, Tchatski, croyant plaire, ne réussit qu'à exaspérer Sofia. Sans trop y réfléchir, elle le fait passer pour fou, au cours d'une réception et d'un bal, auprès d'une société haineuse, trop contente de se venger des traits dont Tchatski l'accable gratuitement. Dépité, incapable de se défendre, car il était sincèrement épris, il claque la porte, vaincu en somme puisqu'il ne lui reste plus qu'à se retirer, comme Alceste, dans un"désert" où personne n'ira le chercher.
La mise en scène de Sergueï Artsibachev dans une scénographie très démodée de toiles peintes et des costumes historiques de style Empire, ressemble à un spectacle de Stanislavski. Elle insiste, dans un esprit satirique, vaudevillesque, sur les tares d'une certaine Moscou, le conservatisme apeuré, la flagornerie obséquieuse et les vices irrémissibles d'une société patriarcale qui maintient le servage et les privilèges exorbitants de l'aristocratie.
Même s'ils viennent trop souvent déclamer leurs tirades à l'avant-scène, face au public, comme au XVIIIe siècle, les comédiens russes très doués, en particulier Maria Kostina (Sofia), Sergueï Zagrebnev (Moltchaline) et Evgueni Bouldakov (Tchatski), défendent la vérité psychologique de leur personnage avec une conviction si émouvante qu'on reste, pendant deux heures, plongé sous le charme et parfois hypnotisé comme Ylia Boulavko, la servante de la Maison…
Philippe Oualid