du 1er au 5 décembre 2009
LES CAPRICES DE MARIANNE
Last days
Alfred de Musset – Françoise Chatôt
[REPRISE] Compagnie Chatôt-Vouyoucas
Coproduction Compagnie Chatôt-Vouyoucas / Théâtre Gyptis
& Compagnie Sun of Shade / David Llari
Mise en scène Françoise Chatôt
Assistante à la mise en scène Agnès Audiffren
Chorégraphie David Llari / Compagnie Sun of Shade
Scénographie Claude Lemaire
Lumières Roberto Venturi
Costumes Éliane Tondut
Musiques Dominique Viger
Réalisation décor Claude Amaru
Régie lumière Éric Delarue
Régie son Christophe Cartier
Régie plateau Colin Alex
Acteurs
Agnès Audiffren : Malvolio et Ciuta
Guillaume Clausse : Octave
Cathy Darietto : Hermia
Pierre-François Doireau : Tibia et un domestique
Maïa Jarville : Marianne
Grégoire Roger : Coelio
Philippe Séjourné : Claudio
Danseurs Christophe Lepage, Nassir Moktari, Mined Yahiaoui
LES CAPRICES DE MARIANNE
Last days
Alfred de Musset – Françoise Chatôt
[REPRISE] Compagnie Chatôt-Vouyoucas
Coproduction Compagnie Chatôt-Vouyoucas / Théâtre Gyptis
& Compagnie Sun of Shade / David Llari
Mise en scène Françoise Chatôt
Assistante à la mise en scène Agnès Audiffren
Chorégraphie David Llari / Compagnie Sun of Shade
Scénographie Claude Lemaire
Lumières Roberto Venturi
Costumes Éliane Tondut
Musiques Dominique Viger
Réalisation décor Claude Amaru
Régie lumière Éric Delarue
Régie son Christophe Cartier
Régie plateau Colin Alex
Acteurs
Agnès Audiffren : Malvolio et Ciuta
Guillaume Clausse : Octave
Cathy Darietto : Hermia
Pierre-François Doireau : Tibia et un domestique
Maïa Jarville : Marianne
Grégoire Roger : Coelio
Philippe Séjourné : Claudio
Danseurs Christophe Lepage, Nassir Moktari, Mined Yahiaoui
Les Caprices de Marianne, d'Alfred Musset
photo © F.Mouren-Provensal
« Les Caprices de Marianne n’ont rien du marivaudage au parfum d’enfance que ce titre, faussement ingénu comme l’héroïne de la pièce, semblerait promettre. Octave, Coelio et Marianne sont jeunes, beaux et débordants de passion, mais la passion, par sa violence même, devient destructrice, et jeunesse rime ici plus volontiers avec révolte et cruauté qu’avec tendresse. Comme leur auteur, ces trois enfants mal grandis d’un siècle qui semblerait bien le nôtre ont une soif désespérée d’amour et de bonheur qui se heurte toutefois non seulement à la morale étriquée d’une société bourgeoise et conformiste, mais aussi aux ambiguïtés et aux contradictions de leurs désirs et de leurs égoïsmes respectifs.
Coelio, adolescent sombre et rêveur, perdu dans les eaux troubles de ses pulsions oedipiennes et de sa fascination pour la mort, tombe amoureux fou de Marianne mais, incapable de vivre sa vie autrement que par procuration, il charge son inséparable ami Octave d’une conquête qu’il ne saurait faire lui-même. Octave, quant à lui, incarne la face complémentaire du même mal de vivre, de la même peur d’affronter une vie d’adulte et du même instinct d’autodestruction. Seulement, il a fait le choix plus cynique d’un libertinage de bon vivant, s’étourdissant de plaisirs et de fêtes, noyant ses inquiétudes dans la gaieté et la surexcitation factices du sexe sans amour et de l’ivresse perpétuelle. Choix qui se retourne contre lui quand, face à Marianne, il découvre enfin une femme d’une trempe aussi forte, volontaire et libre d’esprit que lui. Car il serait bien naïf le spectateur qui se laisserait tromper par l’image offerte par Marianne quand elle entre en scène : celle d’une petite épouse modèle et confite de dévotion. Il suffit en effet qu’elle parle pour que la sage icône disparaisse, laissant la place à une vraie femme, d’une modernité extrême dans son besoin de libre affirmation de soi et d’une audace scandaleuse dans l’expression de
ses désirs les plus intimes. Comme sa "soeur" Camille d’On ne badine pas avec l’amour, elle rêve d’aimer sans souffrir et sans renoncer à sa fierté. Comme elle, elle en a sans doute beaucoup appris sur le monde par les récits de femmes désabusées, ou – qui sait – par la lecture de ces romans libertins que Musset prisait si fort. L’exemple n’en serait pas rare dans la littérature du XVIIIe siècle. Autrement où aurait-elle appris à tenir tête à son séducteur dans les cinq entretiens successifs qui dessinent la colonne vertébrale de la pièce ? Son discours, audacieux et sensuel au point de mériter la censure en 1851, apparaît encore aujourd’hui étonnant d’adresse, de subtilité et de violence à peine retenue.
La pièce entière est du reste comme ses protagonistes fascinante et toujours jeune, venue, elle aussi, trop tôt ou trop tard dans un monde à l’esprit trop vieux pour elle, incapable d’en apprécier la perfection épurée et d’en accepter le scandale. Sa liberté extrême de ton et de structure l’ont en effet longtemps écartée d’une scène romantique qui tout en se voulant révolutionnaire n’en avait pas moins ses propres conventions. L’enchaînement rapide des scènes, guidé par la seule logique de l’action, tient déjà du montage cinématographique ou du théâtre contemporain dégagé de toute lourdeur de régie. Il concentre l’attention sur une intrigue simple et intemporelle, qui progresse avec un tempo d’enfer sous l’impulsion de la parole et des passions qu’elle exprime, laissant finalement les personnages seuls et désemparés devant les conséquences de leurs choix. Dans leur trajectoire flamboyante et désespérée chaque nouvelle génération saura se reconnaître. »
Valentina Ponzetto
Maître de langue, Université de Paris IV,
Septembre 2008.
Coelio, adolescent sombre et rêveur, perdu dans les eaux troubles de ses pulsions oedipiennes et de sa fascination pour la mort, tombe amoureux fou de Marianne mais, incapable de vivre sa vie autrement que par procuration, il charge son inséparable ami Octave d’une conquête qu’il ne saurait faire lui-même. Octave, quant à lui, incarne la face complémentaire du même mal de vivre, de la même peur d’affronter une vie d’adulte et du même instinct d’autodestruction. Seulement, il a fait le choix plus cynique d’un libertinage de bon vivant, s’étourdissant de plaisirs et de fêtes, noyant ses inquiétudes dans la gaieté et la surexcitation factices du sexe sans amour et de l’ivresse perpétuelle. Choix qui se retourne contre lui quand, face à Marianne, il découvre enfin une femme d’une trempe aussi forte, volontaire et libre d’esprit que lui. Car il serait bien naïf le spectateur qui se laisserait tromper par l’image offerte par Marianne quand elle entre en scène : celle d’une petite épouse modèle et confite de dévotion. Il suffit en effet qu’elle parle pour que la sage icône disparaisse, laissant la place à une vraie femme, d’une modernité extrême dans son besoin de libre affirmation de soi et d’une audace scandaleuse dans l’expression de
ses désirs les plus intimes. Comme sa "soeur" Camille d’On ne badine pas avec l’amour, elle rêve d’aimer sans souffrir et sans renoncer à sa fierté. Comme elle, elle en a sans doute beaucoup appris sur le monde par les récits de femmes désabusées, ou – qui sait – par la lecture de ces romans libertins que Musset prisait si fort. L’exemple n’en serait pas rare dans la littérature du XVIIIe siècle. Autrement où aurait-elle appris à tenir tête à son séducteur dans les cinq entretiens successifs qui dessinent la colonne vertébrale de la pièce ? Son discours, audacieux et sensuel au point de mériter la censure en 1851, apparaît encore aujourd’hui étonnant d’adresse, de subtilité et de violence à peine retenue.
La pièce entière est du reste comme ses protagonistes fascinante et toujours jeune, venue, elle aussi, trop tôt ou trop tard dans un monde à l’esprit trop vieux pour elle, incapable d’en apprécier la perfection épurée et d’en accepter le scandale. Sa liberté extrême de ton et de structure l’ont en effet longtemps écartée d’une scène romantique qui tout en se voulant révolutionnaire n’en avait pas moins ses propres conventions. L’enchaînement rapide des scènes, guidé par la seule logique de l’action, tient déjà du montage cinématographique ou du théâtre contemporain dégagé de toute lourdeur de régie. Il concentre l’attention sur une intrigue simple et intemporelle, qui progresse avec un tempo d’enfer sous l’impulsion de la parole et des passions qu’elle exprime, laissant finalement les personnages seuls et désemparés devant les conséquences de leurs choix. Dans leur trajectoire flamboyante et désespérée chaque nouvelle génération saura se reconnaître. »
Valentina Ponzetto
Maître de langue, Université de Paris IV,
Septembre 2008.