Bernard Briancon, Tortue bronze BD
Depuis les premières images d'archives de 1898 qui nous présentent l'OM comme une équipe de rugby, présidée par un jeune gentleman de vingt trois ans, René Dufaure de Montmirail, ayant l'aspect d'un personnage de Proust, jusqu'aux récents clichés des supporters yankee, ultras, dodger's, winners, fanatics et MTP, en passant par les anciennes photographies de groupe des équipes victorieuses de la Coupe de France de 1926, 1935 ou 1943, c'est tout l'idéal olympien de Marseille et du football français en général qui se trouve exposé dans sa dimension médiatique et sa popularité.
Il est dommage que l'ensemble de ces clichés relève de photographes anonymes, car certains portraits, certaines photos de managers et de joueurs réunis dégagent, dans un sens obvie, les signes distinctifs de cette superbe"vulgarité étoilée" dont parlait André Breton, qui ne font pas oublier la dimension artistique d'un regard intellectuel porté sur le sujet...
En tout cas, dans son ensemble, c'est toujours l'identité méditerranéenne de la Ville qui est donnée à voir, à apprécier, avec son enthousiasme, sa sincérité, son caractère frondeur et provocateur : ce que soulignent singulièrement les onze plasticiens marseillais qui prolongent l'exposition de photos dans l'humour et la dérision, en présentant des toiles, des sculptures ou des objets iconoclastes.
On retiendra tout particulièrement, à cet égard, dans la salle un, les sculptures sonores, aux cris du stade, de deux footballers-supporters, en bois de peuplier (matériau qui se décline sur "peuple"), réalisées par Luc Dubost, et dans la salle deux, la brochette de baby-foot de Georges Guye, le photomontage épique de Stéphan Mutaner, sorte de Graal-théâtre, l'armure médiévale de Clavère, les ballons métamorphosés en cafard, tortue ou lézard, de Bernard Briançon, enfin la pizza-foot et la gouache sur les coulisses du match OM-Valenciennes, de Surian, qui nous plonge dans le mystère des transactions douteuses que les héros de la préhistoire olympienne, vêtus de blanches tenues virginales, n'auraient jamais pu imaginer !
Philippe Oualid