Sommes-nous dans un de ces shows télévisés où l’on exhorte les spectateurs à applaudir au bon moment ? Un sitcom où un faux public réagit et s’esclaffe à notre place ? Serions-nous réellement dans un vrai meeting?
Mais alors que l’assemblée s’interroge sans fin, la fanfare militaire laisse échapper une plainte, une nostalgie de valse, l’orateur se prend les pieds – ou plutôt la langue – dans son discours, versant de temps en temps une larme sentimentale et compassionnelle sur lui-même ou sur son peuple. Car la catastrophe approche. Ne joue-t-on pas « Dix marches pour manquer la victoire ? »
Lorsque Kagel écrit Le Tribun en 1978, il dénonce bien sûr les dictateurs d’Amérique latine, les Pinochet, les Videla et autres Perón… Comme Charles Chaplin dans « Le Dictateur », il dénonce le fascisme par la
parodie. Le grotesque reste en effet un élément essentiel, constitutif du fascisme ; c’est sa satisfaction à s’affirmer comme grotesque qui fait peur et qui fascine.
Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y a pas à chercher bien loin, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, pour trouver de dignes successeurs à ces tribuns. Oui, le texte et la musique de Kagel remettent bien à propos certaines choses à leur place. Mais ici, Kagel procède en véritable homme de théâtre, ses marches militaires et son dispositif électroacoustique, son texte malicieux deviennent des loupes, qui grossissent le trait et soulignent l’auto-satisfaction, la vulgarité, le simplisme toujours si séduisant de tous les démagogues. C’est aussi en musicien qu’il ménage, dans cet univers brutal et démagogique, des échappées poétiques.
Jean Lacornerie
Mise en scène Jean Lacornerie
Direction musicale Pierre Roullier
Avec Bernard Bloch et l’ensemble 2e2m
Théâtre de Privas
Place André Malraux
07000 Privas
Tél. 04 75 64 62 00
Fax. 04 75 64 35 10
Mais alors que l’assemblée s’interroge sans fin, la fanfare militaire laisse échapper une plainte, une nostalgie de valse, l’orateur se prend les pieds – ou plutôt la langue – dans son discours, versant de temps en temps une larme sentimentale et compassionnelle sur lui-même ou sur son peuple. Car la catastrophe approche. Ne joue-t-on pas « Dix marches pour manquer la victoire ? »
Lorsque Kagel écrit Le Tribun en 1978, il dénonce bien sûr les dictateurs d’Amérique latine, les Pinochet, les Videla et autres Perón… Comme Charles Chaplin dans « Le Dictateur », il dénonce le fascisme par la
parodie. Le grotesque reste en effet un élément essentiel, constitutif du fascisme ; c’est sa satisfaction à s’affirmer comme grotesque qui fait peur et qui fascine.
Aujourd’hui, force est de constater qu’il n’y a pas à chercher bien loin, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos frontières, pour trouver de dignes successeurs à ces tribuns. Oui, le texte et la musique de Kagel remettent bien à propos certaines choses à leur place. Mais ici, Kagel procède en véritable homme de théâtre, ses marches militaires et son dispositif électroacoustique, son texte malicieux deviennent des loupes, qui grossissent le trait et soulignent l’auto-satisfaction, la vulgarité, le simplisme toujours si séduisant de tous les démagogues. C’est aussi en musicien qu’il ménage, dans cet univers brutal et démagogique, des échappées poétiques.
Jean Lacornerie
Mise en scène Jean Lacornerie
Direction musicale Pierre Roullier
Avec Bernard Bloch et l’ensemble 2e2m
Théâtre de Privas
Place André Malraux
07000 Privas
Tél. 04 75 64 62 00
Fax. 04 75 64 35 10