Sur scène, cinq acteurs en chemises blanches et cravates sont les naufragés d’une mer de ballons. Ils sont sans récit, avec tout à inventer. Là, les mots se débinent, les non-dits éclatent en émotions. Il y a risque d’explosion. En trois textes courts au sang froid, Martin Crimp donne le climat du jour chez les nantis. Avis de beau temps : Ciel bleu ciel, Tout va mieux. Et pourtant, nous sommes bel et bien Face au mur. À la porte de chez nous, dans la rue, dans la salle de classe, l’effroyable nous frappe. Ce pourrait être des nuages, des bulles de savons qui nous font déraper, ce sont juste des ballons au sol, des poches d’air qui nous encombrent et nous isolent de la folie douce comme du sens. Hubert Colas donne de la chair au verbe et c’est magique ! Pas de complaisance, mais des corps qui se rapprochent d’une forme de conscience, pleine et entière. Vu du ciel, notre paradis a tout l’air d’une prison. Et l’amour ? Et l’enfant ? Et le bonheur ? Et toutes ces choses qu’on idéalise parce qu’elles nous donnent le sentiment d’être arrivés ? Il y a du Andy Warhol dans l’air, du Samuel Beckett qui rôde dans les parages et du Peter Handke qui prend forme. Avec cinq comédiens au jeu impeccable, on s’amuse à faire éclater ces bulles qui nous font oublier ce qu’il y a juste à côté de nous. On en sort sous la clarté crue du monde, c’est beau, férocement drôle et revitalisant.
mardi 9 et mercredi 10 mars à 20h30
dans la grande salle
tarif C durée 1h30 avec entracte
mardi 9 et mercredi 10 mars à 20h30
dans la grande salle
tarif C durée 1h30 avec entracte