Marianne Sergent © DR
Car il s’agit bien d’un style d’écriture extrêmement travaillé, maîtrisé, plein de rebondissements, d’anecdotes savantes et de digressions toujours appliqués avec un soin, une finesse et une verve rares ; et même si quelquefois on a l’impression d’une facilité, ce n’est jamais vulgaire mais bien au contraire compensé et repris avec élégance et maestria. Marianne Sergent a toutes les audaces pour dire les choses, brocarder l’appétit insatiable des puissants ; elle est toujours au rendez-vous gourmand du mot exact, d’une histoire où la chute nous surprend et nous entraîne dans de bonnes bordées d’hilarité. Son verbe dru nous invite à une fête joyeuse de la vérité. Elle appuie là où les ressorts de l’humour sont les plus imparables, enchaînant des répliques qui déferlent comme une lame de fond, forte, drôle, irrésistible. Elle nous laisse sur le carreau tant elle est pleine de vigueur et de virulence.
Ce soir, à la Fontaine d’argent, elle déroulait ses amours, ses amants, ses rencontres avec une furieuse drôlerie, mais aussi ses échecs, ses foirades, érotiques, ses cabrioles luxurieuses avec une énergie tonitruante, abandonnant parfois au passage quelque instant de tristesse remaniée en parodie du désastre intérieur. Chez elle, le côté clown enfante un pathétisme éloquent, ses déchirures et ses failles apparaissent ; l’émotion comique ne se prive jamais de prendre le pas sur le pétaradant politiquement incorrect, tant l’envie de dérision et de grossissement du trait devient burlesque, irrésistible.
Elle est inarrêtable, imprévisible.
On sent parfois une recherche d’amour fugace, quelque chose d’inaccessible qui se termine presque toujours dans un fiasco baroque, comme c’est le cas pour cette première à la corrida qu’elle transforme en un haut moment de dramaturgie. Ce sont des mots, des couleurs, des ambiances, des remontées nauséeuses, des envolées d’indignation qui nous font rire autant que pleurer. La barbarie qui se pare des dehors de la tradition et de la culture pour faire passer l’horreur du pire et de l’inacceptable ne cesse d’être chahutée, dénoncée, vilipendée ; et les banderilles de Marianne y vont de bon cœur !
Elle termine son spectacle en embarquant la salle, comme elle d’ailleurs qui, pour son dernier rencard, est invitée à rejoindre un prétendant sur un bateau…
Elle a revêtu le costume et la casquette.
Elle nous quitte.
Elle n’en dira pas plus.
Une histoire à suivre…
Jean-Pierre Cramoisan
Ce soir, à la Fontaine d’argent, elle déroulait ses amours, ses amants, ses rencontres avec une furieuse drôlerie, mais aussi ses échecs, ses foirades, érotiques, ses cabrioles luxurieuses avec une énergie tonitruante, abandonnant parfois au passage quelque instant de tristesse remaniée en parodie du désastre intérieur. Chez elle, le côté clown enfante un pathétisme éloquent, ses déchirures et ses failles apparaissent ; l’émotion comique ne se prive jamais de prendre le pas sur le pétaradant politiquement incorrect, tant l’envie de dérision et de grossissement du trait devient burlesque, irrésistible.
Elle est inarrêtable, imprévisible.
On sent parfois une recherche d’amour fugace, quelque chose d’inaccessible qui se termine presque toujours dans un fiasco baroque, comme c’est le cas pour cette première à la corrida qu’elle transforme en un haut moment de dramaturgie. Ce sont des mots, des couleurs, des ambiances, des remontées nauséeuses, des envolées d’indignation qui nous font rire autant que pleurer. La barbarie qui se pare des dehors de la tradition et de la culture pour faire passer l’horreur du pire et de l’inacceptable ne cesse d’être chahutée, dénoncée, vilipendée ; et les banderilles de Marianne y vont de bon cœur !
Elle termine son spectacle en embarquant la salle, comme elle d’ailleurs qui, pour son dernier rencard, est invitée à rejoindre un prétendant sur un bateau…
Elle a revêtu le costume et la casquette.
Elle nous quitte.
Elle n’en dira pas plus.
Une histoire à suivre…
Jean-Pierre Cramoisan