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Aux chorégies d’Orange 2014 : le retour attendu de Nabucco ! Par Serge Alexandre

Soir de foule au théâtre antique pour une nouvelle production de Nabucco en cet été 2014 dans les tourments du conflit des intermittents non réglé par le gouvernement, c’est la basse française Nicolas Courjal qui s’y colle pour lire les revendications un peu maladroite de ceux-ci comparant le statut de ces derniers à ceux des juifs à l’époque Nabucco.


Aux chorégies d’Orange 2014 : le retour attendu de Nabucco ! Par Serge Alexandre
De nombreux sifflets ponctués par les applaudissements d’une partie du public retentiront à la lecture de ce discours. Ce n’est pas la meilleure façon de débuter une soirée à l’image d’un montage de production fortement contrarié par les intempéries du début du mois de juillet. Il faut dire que la direction des chorégies ne peut se permettre d’annuler une soirée avec un bilan 2013 déficitaire (600000 euros). Rappelons que les chorégies s’autofinance à hauteur de 80 % ce qui ne laisse aucune marge à la direction en programmation. Cet été, Raymond Duffaut a choisi deux ouvrages de Verdi pour retrouver un équilibre financier comptant sur l’Othello incarné par Roberto Alagna et le succès populaire de cette production de troisième ouvrage de Verdi composée à l’âge de 29 ans rompant définitivement avec le style de Bellini et de Donizetti sur les pas de Saverio Mercadante…

Nabucco Repenti
Selon Verdi et son librettiste Temistocle Solera, Nabucco est un tyran sanguinaire et un antisémite convaincu. Captifs en Assyrie, les juifs sont réconfortés par Zaccaria qui a pris en otage Fenena, la fille de Nabucco. Ismael, un des chefs des hébreux, amoureux de Fenena est convoité par Abigaille, une esclave et fille illégitime de Nabucco. Cette dernière va comploter pour s’emparer du trône et finit par se suicider. Repenti, Nabucco se convertit à la foi juive et libère les prisonniers…

Mise en scène épurée et un casting musical de haute volée musicale
La mise en scène épurée et juste sans effets exceptionnels au service du chef d’œuvre de Verdi confiée à Jean-Paul Scarpitta offre de beaux tableaux vivants avec une direction d’acteurs souvent conventionnelle. Le metteur en scène se penche sur le déchirement intérieur des personnages et évite l’écueil insupportable du péplum. Sa réalisation scénique épouse parfaitement la beauté du théâtre antique. Les mouvements de foule sont particulièrement soignées et réussis.
Seules les projections de vidéo de Christophe Aubry et Julien Cano sur le mur d’Auguste apparaissent incongrues.

Dans la fosse, l’orchestre national de Montpellier est galvanisé par la baguette inventive et précise de Pinchas Steinberg. Voilà une interprétation musicale évitant tout effet pompier, ce Nabucco-là a un galbe souverain. Le maestro rend parfaitement justice à la partition de Verdi. Les tempi sont souvent endiablés. La masse chorale de cet opéra véritable oratorio est bien maîtrisée : le célèbre va pensiero murmuré mêlent le recueillement à l’exaltation et reste un intense moment d’émotion.

La distribution permet de découvrir le baryton Georgien George Gagnidze qui apparaît en meilleure forme vocale que la saison dernière au Festival d’Aix-en-Provence. Baryton verdien de bonne facture au physique imposant et à la musicalité soignée, Dio di giuda est attaqué piano avec un soutien parfait, il est sans conteste un Nabucco convaincant. Il lui manque juste encore un peu de puissance.
À ses côtés l’Abigaille de Martina Serafin dont c’est une prise de rôle est une révélation. Elle est impressionnante offrant au personnage un instrument homogène et puissant sur tous les registres avec une autorité du geste et une énergie parfaites. Une grande Abigaille est née !
Karine Deshayes, belle mezzo française, fait sensation en Fenena.
Dmitry Beloselskiy impressionne par le volume et la noirceur du timbre. Il est un Zaccaria de grande tenue.
Le ténor Piero Pretti est un Ismael à la voix saine et ensoleillée. Il est l’une des belles découvertes de cette soirée.
Nicolas Courjal est un excellent grand prêtre, aux côtés de l’Anna sans histoire de Marie-Adeline Henry et de l’Abdallo de luxe de Luca Lombardo. Ce Nabucco a certainement ravi Auguste et un public venu en nombre et particulièrement satisfait comme en témoigne les chaleureux applaudissements à l’issue de la représentation.
Serge Alexandre

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 30 Juillet 2014 à 12:52 | Lu 166 fois

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