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Ballet de Marseille : La Vérité 25 X par seconde, de Frédéric Flamand. Par Philippe Oualid

Le dernier spectacle de Frédéric Flamand qui puise son titre dans un propos de Jean-Luc Godard sur l'image cinématographique, et son inspiration dans un roman d'Italo Calvino : Le Baron perché (1957), a été présenté, début juin, à la salle Vallier, une salle de sports bien connue des Marseillais, où Roland Petit avait présenté en 1972 le premier spectacle du BNM.


Support de ce spectacle, une scénographie très inventive du plasticien chinois Ai Weiwei, concepteur du stade olympique de Pékin, axé sur une vingtaine d'échelles d'aluminium suspendues à des câbles qui montent et descendent pour représenter symboliquement les arbres sur lesquels s'installe, à la fin du XVIIIème siècle, le jeune aristocrate Côme du Rondeau, héros du Baron perché, métaphore de l'artiste qui n'a plus les pieds sur terre et choisit d'observer, depuis les plus hautes branches, la société de son temps sens dessus dessous.
Fruit d'une recherche collective, la chorégraphie chinée, bigarrée, dynamique, acrobatique, recouvre toutes les formes et les esthétiques que le langage gestuel contemporain peut inspirer à ces danseurs du BNM libérés de tout esprit académique que sont Yasuyuki Endo, Martin Harriague, Gabor Halasz, Nahimana Van den Bussche, Katharina Christl et Valentina Pace;dotés pour la plupart d'une technique qui se concentre de manière répétitive, sur des tours décentrés utilisant bras ou poitrine comme point de départ, des sauts, genoux fléchis, combinés à des élévations par rotation horizontale du buste, des projections intempestives de bras et de jambes, des marches stylisées, visage inexpressif, développées dans l'accéléré ou le ralenti, buisson d'échelles autour de la taille, des exercices de voltige acrobatique chinoise sur le matériel enchevêtré, ou des brasses éperdues dans l'espace, le corps suspendu à un câble.
En fait, comme le rapport du narrateur-commentateur à son récit peut devenir, dans l'extravagant roman de Calvino, "l'histoire de la plume d'oie courant sur la feuille blanche", les diverses réflexions, chères à Frédéric Flamand, que ce spectacle est censé provoquer(contrôle continuel du corps et des espaces privés par la vidéo-surveillance, interrogation sur le statut du corps réel par rapport à l'image virtuelle, sens de la fable du baron perché) ont tendance à s'effacer devant l'étonnante énergie que déploient les danseurs, et malgré quelques longeurs, on reste, au bout d'une heure vingt, sous le charme de tableaux fascinants qui donnent à ce ballet intensément éclairé, le caractère d'un rêve éveillé de poésie abstraite.
Philippe Oualid

pierre aimar
Mis en ligne le Vendredi 18 Juin 2010 à 08:55 | Lu 756 fois

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