Bérénice © Eric Reignier
Une phrase de Suétone servait de prétexte : « Titus qui aimait passionnément Bérénice, et qui même, à ce qu'on croyait, lui avait promis de l'épouser, la renvoya de Rome, malgré lui et malgré elle, dès les premiers jours de son empire ».
On a beaucoup glosé, depuis la création du rôle de Bérénice par La Champmeslé, en novembre 1670, sur cette élégie qui se voulait tragédie et qui fut avant tout un grand succès de larmes, oublié puis réhabilité au XXe siècle par des études et des acteurs héroïques dans des mises en scène brillantes qui ont fait la part belle à l'expression des passions et à la tristesse majestueuse.
Cette pièce qui a longtemps provoqué des réticences à la représentation, est mise en scène par Xavier Marchand avec les comédiens de la Compagnie Lanicolacheur ayant déjà interprété Britannicus, dans une optique terne, volontairement ennuyeuse.
Dans un décor de portiques à roulettes déplacés à chaque acte devant une toile abstraite couverte de taches rouges et grises, les personnages vêtus sans élégance de costumes contemporains d'occasion démodés et peu seyants, adaptent leur jeu à une conception modérée, linéaire de la déclamation dramatique qui exclut les grands mouvements accompagnés d'effets de voix tandis que leurs monologues sont diffusés en voix off par des haut-parleurs.
Antiochus (Jonas Marmy), roitelet oriental coiffé d'un fez, irrésolu, abattu par l'adversité, triste et solitaire, accompagné d'un confident bouffon(Joseph Bourillon), nous apparait comme une incarnation de la mélancolie, en face d'un Titus (Pascal Omhovère) qui se métamorphose habilement en Empereur se faisant une haute opinion du pouvoir, après avoir paru déchiré de désirs contraires. Bérénice (Anne Le Guernec) campe une vieille maîtresse hautaine, incapable de comprendre la gravité du problème, mêlant à des plaintes molles dans les moments de fièvre, des transports impérieux de fureur. Mais cette interprétation du rôle par une actrice décoiffée, dont le visage et la voix ne correspondent pas au style des mezzo-soprano, ne suscite pas de grands applaudissements.
En définitive, on se rend compte que cette tragédie qui se relit avec admiration, et qui a donné lieu à des spectacles remarquables très controversés quand ils étaient conçus comme des oratorios ou des concerts de voix, est représentée ici sans grand éclat parce qu'elle se garde bien de reproduire l'interprétation élégiaque et voluptueuse que réclamait Racine. . .
Philippe Oualid
On a beaucoup glosé, depuis la création du rôle de Bérénice par La Champmeslé, en novembre 1670, sur cette élégie qui se voulait tragédie et qui fut avant tout un grand succès de larmes, oublié puis réhabilité au XXe siècle par des études et des acteurs héroïques dans des mises en scène brillantes qui ont fait la part belle à l'expression des passions et à la tristesse majestueuse.
Cette pièce qui a longtemps provoqué des réticences à la représentation, est mise en scène par Xavier Marchand avec les comédiens de la Compagnie Lanicolacheur ayant déjà interprété Britannicus, dans une optique terne, volontairement ennuyeuse.
Dans un décor de portiques à roulettes déplacés à chaque acte devant une toile abstraite couverte de taches rouges et grises, les personnages vêtus sans élégance de costumes contemporains d'occasion démodés et peu seyants, adaptent leur jeu à une conception modérée, linéaire de la déclamation dramatique qui exclut les grands mouvements accompagnés d'effets de voix tandis que leurs monologues sont diffusés en voix off par des haut-parleurs.
Antiochus (Jonas Marmy), roitelet oriental coiffé d'un fez, irrésolu, abattu par l'adversité, triste et solitaire, accompagné d'un confident bouffon(Joseph Bourillon), nous apparait comme une incarnation de la mélancolie, en face d'un Titus (Pascal Omhovère) qui se métamorphose habilement en Empereur se faisant une haute opinion du pouvoir, après avoir paru déchiré de désirs contraires. Bérénice (Anne Le Guernec) campe une vieille maîtresse hautaine, incapable de comprendre la gravité du problème, mêlant à des plaintes molles dans les moments de fièvre, des transports impérieux de fureur. Mais cette interprétation du rôle par une actrice décoiffée, dont le visage et la voix ne correspondent pas au style des mezzo-soprano, ne suscite pas de grands applaudissements.
En définitive, on se rend compte que cette tragédie qui se relit avec admiration, et qui a donné lieu à des spectacles remarquables très controversés quand ils étaient conçus comme des oratorios ou des concerts de voix, est représentée ici sans grand éclat parce qu'elle se garde bien de reproduire l'interprétation élégiaque et voluptueuse que réclamait Racine. . .
Philippe Oualid