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Bernard Tétu peut-il partir en retraite ? "Le nom «Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu» ne sera donc plus accolé à Spirito, mais l’esprit, je l’espère, sera toujours là" (Bernard Tétu)

En janvier 2017, Bernard Tétu quittera ses fonctions de directeur artistique au sein de Spirito.
Une journée et une soirée musicale d’exception lui sont donc dédiées le week-end du 7 et 8 janvier à l’Auditorium de Lyon. Pour célébrer son départ, les chœurs interpréteront quelques œuvres parmi les plus emblématiques de son parcours lors de deux concerts exceptionnels.


Concert inaugural du Festival Berlioz (Halle Tony Garnier). Et si la musique savante était populaire ? © DR
Concert inaugural du Festival Berlioz (Halle Tony Garnier). Et si la musique savante était populaire ? © DR
40 années au service de la musique vocale
Fondateur en 1979 des Chœurs de l’Orchestre national de Lyon, devenus en 1993 Chœurs et Solistes de Lyon, Bernard Tétu est un partenaire de longue date de l’Orchestre national de Lyon. En 2014, la formation s’est rapprochée du Chœur Britten,
dirigé par Nicole Corti pour donner naissance à Spirito. Récompensé de nombreuses fois avec son ensemble, Bernard Tétu est commandeur des Arts et Lettres et membre de l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon.

Deux concerts hommage...
Pour remercier Bernard Tétu, à l’heure d’une retraite dont on devine qu’elle ne sera pas silencieuse, l’Auditorium de Lyon et Spirito ont imaginé 2 concerts exceptionnels et des ateliers vocaux durant un grand week-end «Happy Days». Ainsi, Bernard Tétu dirigera des complices de longue date : le pianiste Jean-Claude Pennetier, l’oganiste Diego Innocenzi et l’Orchestre national de Lyon.

samedi 7 janvier 2017 - 15h00 - Lyon (69) auditorium dans le cadre des happy days #3, «éclats de voix».

Gabriel Fauré
Pavane, Les Djinns, Madrigal, Puisqu’ici bas toute âme...

Hector Berlioz
Le vin de Syracuse, Le Ballet des Ombres, La Mort d’Ophélie...

Claude Debussy
Dieu qu’il la fait bon regarder

André Caplet
Quand reverrai-je hélas, Doux fût le trait

José Evangelista
Extrait des Exercices de style

DISTRIBUTION
Spirito-Chœurs et Solistes de Lyon
Jean-Claude Pennetier piano
Jean Lacornerie mise en espace
Bernard Tétu direction

«De la musique avant toute chose», s’exclame Verlaine dans son Art poétique. Si les poètes ont célébré la musique, les compositeurs n’ont cessé de leur rendre la pareille, saisissant les plus secrètes effluves de leurs vers. Quand Fauré s’empare des Djinns de Victor Hugo, il en magnifie la subtile croissance et décroissance métrique. Mais quand il ajoute à sa Pavane un texte du comte Robert de Montesquiou-Fezensac, l’association des mots et des notes prend un air plus cocasse. En compagnie de Berlioz, de Fauré, de Debussy et de Caplet, c’est toute une histoire de la poésie française qui se raconte. Un défilé de plumes parmi lesquelles celles de Charles d’Orléans, Ronsard, et du Bellay, ou celle de Shakespeare, tant aimée de Berlioz. Et pour clore l’anthologie, les Exercices de style de Queneau mis en musique par José Evangelista, afin de prendre tous en choeur le bus de la ligne S. Avec deux guides d’élite : Bernard Tétu et son complice de longue date, le pianiste Jean-Claude Pennetier.

samedi 7 janvier 2017 - 18h00 - Lyon (69) auditorium

PROGRAMME

César Franck
Motets : Quare fremuerunt gentes, Domine non secundum, Ave Maria, Quae est ista

Francis Poulenc
Litanies à la Vierge noire
Gloria


DISTRIBUTION
Emöke Barâth, soprano
Spirito
Chœurs et Solistes de Lyon Chœur Britten
Chœur d’oratorio de Lyon Jeune Chœur symphonique
Orchestre national de Lyon Diego Innocenzi orgue Bernard Tétu direction


«De 1920 à 1935, je me suis, je l’avoue, peu soucié des choses de la foi», confia Poulenc. La conversion n’en fut que plus profonde après la mort brutale du jeune compositeur Pierre-Octave Ferroud et la découverte du sanctuaire de Rocamadour.
Était-il plus belles partitions que les Litanies à la Vierge noire et le Gloria pour remercier Bernard Tétu, à l’heure d’une retraite dont on devine qu’elle ne sera pas silencieuse ?

Fondateur en 1979 des Chœurs de l’Orchestre national de Lyon, devenus en 1993 Chœurs et Solistes de Lyon, Bernard Tétu est un partenaire de longue date de l’Orchestre national de Lyon. En 2014, la formation s’est rapprochée du Chœur Britten de Nicole Corti pour donner naissance à Spirito. Cette nouvelle entité ne pouvait manquer à l’appel de cette soirée, ni des Happy Days «Éclats de voix» qui l’entourent.
Le Gloria sera l’occasion d’accueillir pour la première fois la soprano hongroise Emőke Baráth, aussi à l’aise sur les scènes baroques que dans les rôles romantiques depuis ses réussites au Concours d’opéra baroque d’Innsbruck et à l’Académie du Festival de Verbier. Enfin, Diego Innocenzi, titulaire de l’orgue du Victoria Hall de Genève, retrouvera Bernard Tétu et ses solistes vocaux et instrumentaux dans ces motets de Franck qu’ils ont enregistrés ensemble.

3 questions à... Bernard Tétu

Bernard Tétu © DR
Bernard Tétu © DR
Spirito : Vous quitterez vos fonctions de directeur artistique au sein de Spirito en janvier 2017, comment avez-vous perçu ces derniers concerts ?
Bernard Tétu : Derniers concerts au sein de Spirito certes, mais pas derniers concerts... enfin, j’espère !
Il est vrai que je suis un peu triste de quitter la direction d’un ensemble d’une telle qualité avec lequel j’ai créé beaucoup de choses, et avec qui j’ai des relations de réelle complicité.
Au cours de mes récents concerts (Via crucis de Liszt, Stabat Mater de Dvorak, Petite Messe solennelle de Rossini), j’ai pu partager, avec les interprètes et les auditeurs, de grandes émotions musicales. J’ai pu vérifier aussi qu’un véritable ensemble de solistes (et je veille à ce que chaque chanteur garde sa personnalité au sein de l’ensemble) est un outil exceptionnel, et qu’il suscite l’enthousiasme des auditeurs.

J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à faire ce "métier" : réunir des musiciens qualifiés et ouverts, leur faire partager mes idées et mes émotions, mais aussi profiter de leurs propositions et de leur expérience.
J’aime beaucoup aussi ma fonction d’interprète : rentrer dans une œuvre et la défendre comme si c’était la mienne. La travailler inlassablement pour qu’elle devienne familière et naturelle pour tous les musiciens que je dirige et pour qu’elle touche les auditeurs avec leur sensibilité actuelle, pour qu’elle leur devienne en quelque sorte ..." contemporaine " !


S : Votre ensemble les «Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu» va donc s’éteindre ?
BT : Oui et non, car le travail de fond a porté ses fruits et se poursuit.
À la demande de Serge Baudo, j’ai créé le chœur de l’Orchestre national de Lyon en 1979, et, plus de 35 ans après, le travail de "mes" chanteurs se poursuit avec l’Orchestre, à travers Spirito, dans des programmes symphoniques de qualité. La musique contemporaine elle aussi continue à être bien présente avec Nicole Corti.
Avec le chœur de chambre, puis avec l’ensemble de solistes, j’ai eu grand plaisir à construire des formes de concerts originales, avec la complicité d’autres artistes (metteurs en scène, chorégraphes, plasticiens...). J’ai eu le bonheur de créer des spectacles complets dans lesquels poésie et humour avaient leur place (je pense particulièrement à Festin de musiques, La belle fête, Les Conjurées de Schubert, Les Folies d’Offenbach...). Ce qui était une complète nouveauté a été repris au niveau national par plusieurs ensembles.

On peut donc dire que le nom «Chœurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu» ne sera donc plus accolé à Spirito, mais l’esprit, je l’espère, sera toujours là. J’ai toujours travaillé dans un souci de transmission, en ayant à cœur d’inscrire mon travail dans la durée. Je suis heureux de pouvoir laisser un héritage musical et humain, qui je l’espère, continuera à se développer... De plus, une bonne cinquantaine de mes anciens élèves sont aujourd’hui en exercice et font un excellent travail en France et à l’étranger.

Sans même parler de références religieuses, le thème Mort et Résurrection est central pour qui aime la musique romantique ! Les réalités se transforment, certaines disparaissent pour renaître sous une autre forme.

S : On comprend donc que votre «retraite» ne sera pas silencieuse, quels sont vos futurs projets ?
BT : Pour un musicien, comme pour tout autre artiste, le mot retraite ne signifie pas grand chose ! C’est plutôt un changement de statut ou de fonctions. Je travaille actuellement à la conception d'une rencontre musicale et picturale entre Courbet et Berlioz, pour le Musée Courbet à Ornans. Ce spectacle sera ensuite repris à Genève.
Pour fêter les 50 ans de la création de la Maison de la culture de Thonon-les-Bains, je dirigerai, en mai prochain, la cantate Saint- Nicolas de Britten avec un très bel orchestre de jeunes et un grand chœur. Un peu plus tard, je dirigerai, à Toulouse, le Stabat mater de Dvorak dans sa 2ème version avec grand chœur et orchestre symphonique.
Je continue également à diriger le festival des Voix du Prieuré au Bourget-du-lac, que j’ai créé il y aura bientôt 15 ans .
En parallèle, je vais continuer à donner des masterclasses de direction à l’Académie internationale de Lyon et à l’Abbaye de Sylvanes. Ces rencontres sont suivies par un nombre grandissant de jeunes chefs français et étrangers.
En bref, je vais donc continuer ma vie de musicien comme chef invité et comme partenaire dans la construction de projets originaux.

Bernard Tétu, bio

Directeur artistique des Chœurs et Solistes de Lyon depuis leur formation en 1979, Bernard Tétu a donné à leur tête plus de 2000 concerts. Parallèlement, il a créé au Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon la première classe en France destinée à la formation de chefs de chœur professionnels ; une soixantaine de chefs issus de sa classe sont aujourd’hui en poste. Ses qualités musicales, sa connaissance profonde de la musique française et sa réputation d’enseignant en font un musicien très demandé à l’étranger.

Bernard Tétu est reconnu comme l’un des meilleurs interprètes de la musique française des XIXe et XXe siècles et de la musique romantique allemande. Parmi ses trente-cinq disques, les premiers enregistrements mondiaux de La Naissance de Vénus de Fauré, d’Athalie de Mendelssohn et du Miroir de Jésus de Caplet font aujourd’hui figure de références (Diapason d’or, Orphée d’or, 10 de Répertoire...). L’intégrale de l’œuvre vocale avec orgue de César Franck, entreprise en 2010 avec son ensemble, a également fait date (Aeolus).

Curieux de tous les langages musicaux, Bernard Tétu a reçu très tôt les conseils d’Alfred Deller et a pu vivre une belle complicité musicale avec Cathy Berberian. La musique contemporaine est par ailleurs l’un de ses domaines de prédilection. Il a ainsi collaboré avec Mauricio Kagel, Maurice Ohana, Pascal Dusapin, José Evangelista, Philippe Hersant, Gilbert Amy, Philippe Fénelon, Betsy Jolas, Pierre Boulez... Il a assuré la création mondiale de nombreuses œuvres dont Un dixit farouche d’Antoine Duhamel (Festival d’Ambronay 2002), Melancholia de Pascal Dusapin, Clair Obscur et Les Rêveries de Philippe Hersant..., ainsi que la création française de Clocks and Clouds de Ligeti (Auditorium de Lyon, avril 2003), le Requiem d’Olivier Greif (Festival d’art sacré de la Ville de Paris, décembre 2004)... Il a eu le plaisir de co-diriger une série de concerts (Bartok, Varèse et Lutosławski) aux côtés de Pierre Boulez.

Il est, depuis 2003, le directeur artistique des Voix du Prieuré, festival situé au Bourget-du-Lac (Savoie) et consacré à la création musicale et vocale contemporaine en relation avec le sacré.
Bernard Tétu collabore avec différents metteurs en scène, notamment Jean Lacornerie, pour la création de spectacles musicaux : West Side Story de Bernstein (avec les Percussions Claviers de Lyon), Les Conjurées de Schubert (avec le pianiste Philippe Cassard), Les Rêveries de Philippe Hersant ou Mirage de l’ailleurs de Samuel Sighicelli (avec le chorégraphe Raphaël Cottin).

La musique vocale et chorale reste au cœur de son activité de chef d’orchestre. Il a dirigé de nombreux orchestres français (Orchestre national de Lyon, Orchestre d’Auvergne, Orchestre national de Bordeaux-Aquitaine, Orchestre régional de Cannes-Provence-Alpes-Côte-d’Azur, Orchestre symphonique de Bretagne, Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Orchestre national de Lorraine, Orchestre des Pays de Savoie...) et étrangers (Orchestre de chambre de Genève, Solistes de Salzbourg, Orchestre de Bratislava, Studio de musique ancienne de Montréal, Orchestre de chambre de Stuttgart…), ainsi que de grands ensembles vocaux professionnels.

Bernard Tétu est commandeur des Arts et Lettres et membre de l’académie des Sciences, Belles Lettres et Arts de Lyon. Il a reçu le prix Jacques-Cartier aux côtés de l’écrivain canadien Michel Tremblay, et, avec les Chœurs et Solistes de Lyon, le prix Liliane-Bettencourt pour le chant choral, décerné par l’Académie des Beaux-Arts.

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 16 Novembre 2016 à 13:35 | Lu 2359 fois

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