Les héros ? La sombre forêt germanique, des chasseurs superstitieux et un valet du Diable lui-même, Samuel. La fonte des balles magiques dans la sinistre Gorge aux Loups constituant un des sommets de l’art fantastique. La forte saveur folklorique (avec chœurs de paysans, chasseurs et scènes villageoises), contribue au charme de cet ouvrage où se mêlent en plus fantasmes, mythe, histoire et légende.
Avec tout cela, on l’aura compris, il faut donc monter Le Freischüz « en y croyant, sans tricher «, sans humour ni lecture au second degré, les caractères étant en outre fortement dessinés.
Le véritable couple de l’opéra n’étant pas les fiancés, pratiquement dépourvus d’expression musicale commune, mais bien plutôt le duo des garde-chasse, Max et Kaspar, car eux porteurs du dialogue entre les ténèbres maléfiques et l’élan vers la lumière.
La mise en scène de Jean-Louis Benoît ? Traditionnelle, un peu trop statique, dans les costumes et décors un tantinet vus et revus de Marie Sartoux et Richard Peduzzi.
Point de romantisme naissant, l’atmosphère charbonneuse voulue par Benoît allant finalement assez bien à l’ouvrage. Manque un rien de piquant, d’onirisme terrifiant dans la fameuse scène de la Gorge aux Loups, qui ici fait plus sourire que frissonner.
Nous n’en démordrons pas. Il faut pour cet opéra de Weber de vraies voix wagnériennes. Au moins pour les rôles de Max et Agathe. Frère et soeur de lait de Florestan et Leonore. Jürgen Müller, le timbre oblitéré d’une mauvaise trachéite, sauva la matinée dominicale. Quelques accidents de parcours vite oubliés par des aigus plus sympathiques et une conviction théâtrale indéniable.
Grand triomphateur, le Käspar de Roman Ialcic : stature puissante, noirceur du timbre, éclats menaçants, le désespoir du possédé, le satanisme par procuration. Simplement parfait.
Excellents aussi les Kuno (Nika Guliashvili) et Ermite de Fernand Bernardi à l’autorité toute apaisante. Chaleureux Ottokar, Kilian alerte, incisif et coloré d’Igor Gnidii.
Jacquelyn Wagner campe une Agathe avec une voix de belle envergure, au médium soigné et ample, une fine musicalité, une délicatesse que l’on retrouve aussi chez Mélanie Boisvert, piquante Annchen.
Le souffle germanique, on le trouva également dans la fosse.
Crinière au vent, Laurence Equilbey fouette, cravache orchestre et chœurs de belle manière, entraînant avec une netteté fougueuse, un enthousiasme communicatif son monde, les cordes se montrant aussi précises et éloquentes que les vents.
De la belle ouvrage.
Encore une fois le sympathique et courageux directeur Claude-Henri Bonnet peut être fier de son travail.
Christian Colombeau
Avec tout cela, on l’aura compris, il faut donc monter Le Freischüz « en y croyant, sans tricher «, sans humour ni lecture au second degré, les caractères étant en outre fortement dessinés.
Le véritable couple de l’opéra n’étant pas les fiancés, pratiquement dépourvus d’expression musicale commune, mais bien plutôt le duo des garde-chasse, Max et Kaspar, car eux porteurs du dialogue entre les ténèbres maléfiques et l’élan vers la lumière.
La mise en scène de Jean-Louis Benoît ? Traditionnelle, un peu trop statique, dans les costumes et décors un tantinet vus et revus de Marie Sartoux et Richard Peduzzi.
Point de romantisme naissant, l’atmosphère charbonneuse voulue par Benoît allant finalement assez bien à l’ouvrage. Manque un rien de piquant, d’onirisme terrifiant dans la fameuse scène de la Gorge aux Loups, qui ici fait plus sourire que frissonner.
Nous n’en démordrons pas. Il faut pour cet opéra de Weber de vraies voix wagnériennes. Au moins pour les rôles de Max et Agathe. Frère et soeur de lait de Florestan et Leonore. Jürgen Müller, le timbre oblitéré d’une mauvaise trachéite, sauva la matinée dominicale. Quelques accidents de parcours vite oubliés par des aigus plus sympathiques et une conviction théâtrale indéniable.
Grand triomphateur, le Käspar de Roman Ialcic : stature puissante, noirceur du timbre, éclats menaçants, le désespoir du possédé, le satanisme par procuration. Simplement parfait.
Excellents aussi les Kuno (Nika Guliashvili) et Ermite de Fernand Bernardi à l’autorité toute apaisante. Chaleureux Ottokar, Kilian alerte, incisif et coloré d’Igor Gnidii.
Jacquelyn Wagner campe une Agathe avec une voix de belle envergure, au médium soigné et ample, une fine musicalité, une délicatesse que l’on retrouve aussi chez Mélanie Boisvert, piquante Annchen.
Le souffle germanique, on le trouva également dans la fosse.
Crinière au vent, Laurence Equilbey fouette, cravache orchestre et chœurs de belle manière, entraînant avec une netteté fougueuse, un enthousiasme communicatif son monde, les cordes se montrant aussi précises et éloquentes que les vents.
De la belle ouvrage.
Encore une fois le sympathique et courageux directeur Claude-Henri Bonnet peut être fier de son travail.
Christian Colombeau