Au moyen d'un langage chorégraphique qui mêle, comme le titre l'indique, l'excès extrême du geste à sa simplicité première, le ballet représente dans des tableaux dynamiques où les pas et les positions renvoient souvent à la technique de la danse académique, la protestation et la révolte d'un choeur antique de tragédie grecque face aux figures de la Mort et du Destin, incarnées par des protagonistes lugubres, muets, sans visages, revêtus de grandes robes noires.
Pour exprimer ce cri du corps sans âme dans une société en crise, les trente danseurs se livrent, sous une structure lumineuse qui dit le temps qui passe, à une gesticulation forcenée où les bras en hélice, les pliés, les pirouettes, les glissades, les chutes, entrecoupés d'arrêts silencieux en immobilité, inscrivent sur des sonorités électro-acoustiques ou un extrait des Quatre Saisons de Vivaldi, un rituel de tribu sauvage d'Afrique qui évoque parfois les chorégraphies avant-gardistes de Nijinski. Ici les cris, les hurlements, l'effet spectaculaire des masques de corde de Clifford Portier et des tuniques noires, et surtout les corps dénudés des danseurs du BNM et d'ICKamsterdam, affectés de tremblements et de convulsions, contribuent à créer progressivement une atmosphère de lutte intérieure contre toute violence qui interpelle le spectateur et tend à l'impliquer dans la réflexion des chorégraphes sur les déséquilibres provocateurs de la danse contemporaine. Réactions enthousiastes d'un public séduit par la performance d'une nouvelle compagnie très solidaire de ses directeurs artistiques qui mettent précisément au coeur de leur problématique la résistance du sujet à toute forme d'anéantissement.
Philippe Oualid
Pour exprimer ce cri du corps sans âme dans une société en crise, les trente danseurs se livrent, sous une structure lumineuse qui dit le temps qui passe, à une gesticulation forcenée où les bras en hélice, les pliés, les pirouettes, les glissades, les chutes, entrecoupés d'arrêts silencieux en immobilité, inscrivent sur des sonorités électro-acoustiques ou un extrait des Quatre Saisons de Vivaldi, un rituel de tribu sauvage d'Afrique qui évoque parfois les chorégraphies avant-gardistes de Nijinski. Ici les cris, les hurlements, l'effet spectaculaire des masques de corde de Clifford Portier et des tuniques noires, et surtout les corps dénudés des danseurs du BNM et d'ICKamsterdam, affectés de tremblements et de convulsions, contribuent à créer progressivement une atmosphère de lutte intérieure contre toute violence qui interpelle le spectateur et tend à l'impliquer dans la réflexion des chorégraphes sur les déséquilibres provocateurs de la danse contemporaine. Réactions enthousiastes d'un public séduit par la performance d'une nouvelle compagnie très solidaire de ses directeurs artistiques qui mettent précisément au coeur de leur problématique la résistance du sujet à toute forme d'anéantissement.
Philippe Oualid