Ou celui de Tarbaby. On pourrait traduire cette expression, qui est également le titre d’un roman de Toni Morrison (et un quolibet, une insulte encore adressée à Barack Obama par certains de ses détracteurs), par « bébé de goudron » : c’est ainsi que l’on avait coutume de désigner les enfants « noirs », obscurcis dès la naissance, sur la peau et dans la conscience, par un prétendu baptême dans le goudron... Il n’est donc pas anodin que, pour un trio collaboratif (Orrin Evans au piano et Eric Revis à la contrebasse) placé sous un tel dénominateur, bien sûr réévalué, Nasheet Waits ait eu envie de faire retour à l’auteur de « Peau noire, masques blancs ». On connaît l’importance de Franz Fanon, malheureusement posthume, pour les Black Panthers ou dans le développement des études post-coloniales. Son analyse des effets pervers de la colonisation comme de la décolonisation, des mécanismes dépersonnalisant de l’aliénation, reste en tout point remarquable, et indispensable à la compréhension de nos sociétés mélangées. Ce pourquoi d’ailleurs, au trio « régulier », parfois augmenté d’Oliver Lake au saxophone, aux incartades et aux zébrures, le jeune batteur a tenu à ajouter l’ardent guitariste français Marc Ducret, en incarnation même de l’autre.
AVEC Nasheet Waits (batterie), Orrin Evans (piano), Eric Revis (contrebasse) + Marc Ducret (guitare) + Oliver Lake (saxophone)
AVEC Nasheet Waits (batterie), Orrin Evans (piano), Eric Revis (contrebasse) + Marc Ducret (guitare) + Oliver Lake (saxophone)