© DR
On ne sort jamais indemne d’une audition de la "Deuxième Symphonie" de Gustav Mahler. Première du genre à solliciter un chœur monumental et des voix solistes, autobiographique, cette "Résurrection", parcours semé de vertigineux abîmes, d’épisodes terrifiants, est pleine d’amertume, de crises, de souffrance, d’angoisse, de misère, de mystère, de cynisme même.
L’Urlicht, chanté par la mezzo soliste, recueille, on le sait, toutes les larmes du monde. Et l’apothéose, dans une déflagration cosmique très hollywoodienne avant l’heure, laisse s’épanouir la manifestation du Ciel et se révèle bien comme une ultime offrande, telle une rémission espérée, une aspiration à la sérénité, à la plénitude.
Oui, veut nous dire Mahler, tout croyant n’aura ni vécu ni souffert en vain: les voûtes célestes d’un Paradis éthéré lui sont désormais ouvertes. Le compositeur ajoutant même au texte Résurrection de Klopstock: "je mourrai pour vivre!". Profession de foi et même serment énoncé à lui-même qui démontre aussi dans le flot foisonnant de l’orchestre, la lente maturation d’une expérience personnelle profondément mystique.
Le chef Mark Wigglesworth, se lance dans le combat avec l’engagement sincère et approprié qui est le sien. On perçoit très vite combien il a médité cette œuvre luxuriante, combien il en déjoué les pièges (bien peu d’expressionnisme outrancier) pour lui donner une valeur éternelle. D’emblée nous sommes happés par un tempo grisant, une narration captivante, le paysage musical se répandant dès lors comme un grand fleuve en cru.
L’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo atteint une fois encore des sommets de perfection et sonne avec une somptuosité exceptionnelle. On reste ébloui devant le fondu des cordes, la transparence des cuivres, la netteté des attaques ou des nuances. Galvanisé devant une telle approche, chaque pupitre rivalise d’excellence musicale. Oui, cette Deuxième nous émeut et s’impose comme une réussite totale. Tout simplement car son engagement est communicatif, car on entre de plein pied dans l’enthousiasme, le feu qui brûle à chaque ligne ou presque de la spirituelle et inhumaine partition. Un réel travail d’orfèvre aux décibels savamment négociés.
La sublime Nathalie Stutzmann fait merveille dans son Urlicht. Le timbre est somptueux, la musicalité toujours exquise, l’intériorité sincère et pure comme de l’eau de roche. Six minutes de bonheur ineffable. Elle forme de plus avec la jolie suédoise Malin Hartelius, sublime musicienne elle aussi, un duo de premier rang.
On sait que l’apocalyptique dernier mouvement est un long périple de l’ombre vers la lumière. Les tempi démoniaques du Chef poussent à l’extrême le jeu des musiciens, le souffle des chanteurs et celui des chœurs. Il en ressort une plénitude sonore incomparable qui fait étinceler de tous ses feux un orchestre survolté et des chœurs concernés comme pas deux. En état de grâce, les Chœurs de la Radio de Berlin atteignent dans ce dernier volet du chef-d’œuvre, une perfection musicale, une cohésion rare.
Les deux solistes pouvaient dès lors déployer les longues lignes vocales avec un sens du phrasé magnifique et une intériorité qui touche au cœur même de la musique. La foule des grands soirs a réservé la plus formidable standing ovation entraînant dans un même enthousiasme, artistes solistes, musiciens, choristes et public.
Christian Colombeau
L’Urlicht, chanté par la mezzo soliste, recueille, on le sait, toutes les larmes du monde. Et l’apothéose, dans une déflagration cosmique très hollywoodienne avant l’heure, laisse s’épanouir la manifestation du Ciel et se révèle bien comme une ultime offrande, telle une rémission espérée, une aspiration à la sérénité, à la plénitude.
Oui, veut nous dire Mahler, tout croyant n’aura ni vécu ni souffert en vain: les voûtes célestes d’un Paradis éthéré lui sont désormais ouvertes. Le compositeur ajoutant même au texte Résurrection de Klopstock: "je mourrai pour vivre!". Profession de foi et même serment énoncé à lui-même qui démontre aussi dans le flot foisonnant de l’orchestre, la lente maturation d’une expérience personnelle profondément mystique.
Le chef Mark Wigglesworth, se lance dans le combat avec l’engagement sincère et approprié qui est le sien. On perçoit très vite combien il a médité cette œuvre luxuriante, combien il en déjoué les pièges (bien peu d’expressionnisme outrancier) pour lui donner une valeur éternelle. D’emblée nous sommes happés par un tempo grisant, une narration captivante, le paysage musical se répandant dès lors comme un grand fleuve en cru.
L’Orchestre Philarmonique de Monte-Carlo atteint une fois encore des sommets de perfection et sonne avec une somptuosité exceptionnelle. On reste ébloui devant le fondu des cordes, la transparence des cuivres, la netteté des attaques ou des nuances. Galvanisé devant une telle approche, chaque pupitre rivalise d’excellence musicale. Oui, cette Deuxième nous émeut et s’impose comme une réussite totale. Tout simplement car son engagement est communicatif, car on entre de plein pied dans l’enthousiasme, le feu qui brûle à chaque ligne ou presque de la spirituelle et inhumaine partition. Un réel travail d’orfèvre aux décibels savamment négociés.
La sublime Nathalie Stutzmann fait merveille dans son Urlicht. Le timbre est somptueux, la musicalité toujours exquise, l’intériorité sincère et pure comme de l’eau de roche. Six minutes de bonheur ineffable. Elle forme de plus avec la jolie suédoise Malin Hartelius, sublime musicienne elle aussi, un duo de premier rang.
On sait que l’apocalyptique dernier mouvement est un long périple de l’ombre vers la lumière. Les tempi démoniaques du Chef poussent à l’extrême le jeu des musiciens, le souffle des chanteurs et celui des chœurs. Il en ressort une plénitude sonore incomparable qui fait étinceler de tous ses feux un orchestre survolté et des chœurs concernés comme pas deux. En état de grâce, les Chœurs de la Radio de Berlin atteignent dans ce dernier volet du chef-d’œuvre, une perfection musicale, une cohésion rare.
Les deux solistes pouvaient dès lors déployer les longues lignes vocales avec un sens du phrasé magnifique et une intériorité qui touche au cœur même de la musique. La foule des grands soirs a réservé la plus formidable standing ovation entraînant dans un même enthousiasme, artistes solistes, musiciens, choristes et public.
Christian Colombeau