"La belle, la grande, l’unique, la pyrotechnique Annick Massis" © DR
« La Sonnambula » de Bellini est très difficile à incarner. Plus discrète que ses sœurs « Norma » ou « Elvira » des Puritains, presque insaisissable dans sa sincérité naïve, plus touchante dans son désespoir, Amina demande une présence diaphane, troublante, l'innocence de la jeunesse, et, par-dessus tout cette infaillible technique vocale qui fait se pâmer les foules avides d'exploits et de « contre-machins » vertigineux.
Dans cette tendre élégie rustico-helvétique le Maître de Catane épanche au mieux toute son ardeur mélodique, comme si pour lui le rêve éveillé permettait de surmonter les passions humaines et d'accéder ainsi à une sorte de sérénité contemplative.
Loin de certaines horreurs visuelles vues dernièrement et qui sont monnaie courante en ces temps troublés, sur sa lancée, celle d’une audace éclectique qui lui fait grand honneur, Jean-Louis Grinda et son équipe prouvent, une fois de plus, que l’on peut très bien, faute de réels moyens, mais avec talent, simplicité, intelligence, passion, amour du travail bien fait, réussir une version de concert. En laissant au chant et à la musique de Bellini la première place. Tout simplement.
Dans cet opéra à dormir debout, nous étions tous bien sûr venus pour la belle, la grande, l’unique, la pyrotechnique Annick Massis.
Elle ne nous a pas déçu : pertinence du récitatif, pathétisme sans pathos, timbre limpide, style élégant et pur, vocalises irréprochables, perfection du trille, aigus survoltés, réserves de souffle inépuisables. L’ovation finale ? A l’aune de son talent : immense.
L’entourage, parfait, comme toujours à Monte-Carlo, ne pâlit pas un instant devant la Diva française.
Karine Ohanyan dessine une Mère Teresa juste de ton, ferme de timbre et Alessandra Marianelli prête à la vindicative et jalouse Lisa une sympathique juvénilité.
Les autres révélations – comment fait donc Jean-Louis Grinda pour découvrir tous les mois de nouvelles et belles voix ? – resteront sans conteste In-Sung Sim (Rodolfo) et Celso Albelo (Elvino).
Pour le premier voici un Comte racé, très smart, sûr de son pouvoir. Le coréen nous renvoie avec nostalgie aux années soleil des Ramey ou autres Ghiaurov ou Alaimo. Voix de basse de poids au bronze sombre, profond, qui se reçoit tel un uppercut en pleine figure.
Pour le deuxième, mixez les voix de Kraus, Vanzo, Gedda, Monti et tutti quanti : de beaux moyens naturels, un pastel belcantiste séduisant, généreux, électrisant, frais, libéré, conquérant.
Antonino Fogliani dirige consciencieusement ses chœurs et le Philharmonique de Monte-Carlo dans un modèle d’équilibre et de sensibilité. En totale symbiose avec son plateau, le maestro alterne délicatesse et volupté pour rendre ses lettres de noblesse à une partition trop souvent tirée vers la pire des opérettes.
Christian Colombeau
Dans cette tendre élégie rustico-helvétique le Maître de Catane épanche au mieux toute son ardeur mélodique, comme si pour lui le rêve éveillé permettait de surmonter les passions humaines et d'accéder ainsi à une sorte de sérénité contemplative.
Loin de certaines horreurs visuelles vues dernièrement et qui sont monnaie courante en ces temps troublés, sur sa lancée, celle d’une audace éclectique qui lui fait grand honneur, Jean-Louis Grinda et son équipe prouvent, une fois de plus, que l’on peut très bien, faute de réels moyens, mais avec talent, simplicité, intelligence, passion, amour du travail bien fait, réussir une version de concert. En laissant au chant et à la musique de Bellini la première place. Tout simplement.
Dans cet opéra à dormir debout, nous étions tous bien sûr venus pour la belle, la grande, l’unique, la pyrotechnique Annick Massis.
Elle ne nous a pas déçu : pertinence du récitatif, pathétisme sans pathos, timbre limpide, style élégant et pur, vocalises irréprochables, perfection du trille, aigus survoltés, réserves de souffle inépuisables. L’ovation finale ? A l’aune de son talent : immense.
L’entourage, parfait, comme toujours à Monte-Carlo, ne pâlit pas un instant devant la Diva française.
Karine Ohanyan dessine une Mère Teresa juste de ton, ferme de timbre et Alessandra Marianelli prête à la vindicative et jalouse Lisa une sympathique juvénilité.
Les autres révélations – comment fait donc Jean-Louis Grinda pour découvrir tous les mois de nouvelles et belles voix ? – resteront sans conteste In-Sung Sim (Rodolfo) et Celso Albelo (Elvino).
Pour le premier voici un Comte racé, très smart, sûr de son pouvoir. Le coréen nous renvoie avec nostalgie aux années soleil des Ramey ou autres Ghiaurov ou Alaimo. Voix de basse de poids au bronze sombre, profond, qui se reçoit tel un uppercut en pleine figure.
Pour le deuxième, mixez les voix de Kraus, Vanzo, Gedda, Monti et tutti quanti : de beaux moyens naturels, un pastel belcantiste séduisant, généreux, électrisant, frais, libéré, conquérant.
Antonino Fogliani dirige consciencieusement ses chœurs et le Philharmonique de Monte-Carlo dans un modèle d’équilibre et de sensibilité. En totale symbiose avec son plateau, le maestro alterne délicatesse et volupté pour rendre ses lettres de noblesse à une partition trop souvent tirée vers la pire des opérettes.
Christian Colombeau