Pour échapper aux menaces d'un oracle qui a prédit que son enfant serait la ruine du trône, le Roi de Pologne Basilio s'est résolu à tenir enchaîné dans une caverne son fils Sigismond. Pris de remords à sa vieillesse, il ordonne de lui faire boire un narcotique et de le conduire au palais où il sera traité en Roi. Entouré de courtisans, le malheureux jeune homme donne libre cours à ses passions brutales, longtemps contenues, veut tuer son géolier Clothalde, violenter les princesses Estrella et Rosaura, et devient ainsi un véritable danger pour tous. Le Roi le fait donc de nouveau endormir et transporter dans sa prison, mais des soldats révoltés l'en tirent et le Prince, vainqueur de la bataille menée contre son père, s'amende et finit même par demander pardon dans la crainte que le songe qu'il a vécu à la Cour ne s'évanouisse à nouveau.
Mieux connue sous le titre « La Vie est un Songe », cette pièce de Calderon, créée en 1634, est considérée comme un chef d'œuvre du théâtre baroque. Chargée de monologues interminables où l'art de la rhétorique s'épanouit dans l'ornementation d'un style gongoriste, traversée de dialogues souvent menés en répliques lapidaires, cette comedia n'a pas trouvé en Denise Laroutis une traductrice assez habile pour adapter le texte espagnol dans la langue oxymorique de Corneille.
Dans une scénographie minimaliste de Mathieu Lorry-Dupuy, constituée d'une grande verrière qui, selon l'éclairage, représente l'espace de la prison ou de la Cour, Jacques Vincey fait évoluer des personnages de carnaval costumés d'objets symboliques, et qui semblent surgis d'un conte de fées cauchemardesque. En tant qu'interprètes, le vieux Roi (Philippe Morier-Genoud) déclame le plus souvent son rôle en direction du public, tandis que Sigismond (Antoine Kahan) adopte un style de jeu inspiré d'Artaud ou de Grotowski. Etoile (Noémie Dujardin) et Rosaura (Estelle Meyer) minaudent. Seul le gracioso Clarin (Philippe Vieux) avec sa gestuelle bouffonne, apporte une note facétieuse à ce spectacle saugrenu qui, malgré tout, ne parvient pas à exprimer de façon provocatrice, ce qui semble très gênant pour les dramaturges contemporains, la dimension à la fois allégorique, religieuse et mystique de l'œuvre de Calderon.
Philippe Oualid
La vie est un rêve, de Calderon
Mise en scène de Jacques Vincey
Production du Théâtre du Nord(Lille)
Théâtre de La Criée, du 6 au 8 Décembre 2012
Mieux connue sous le titre « La Vie est un Songe », cette pièce de Calderon, créée en 1634, est considérée comme un chef d'œuvre du théâtre baroque. Chargée de monologues interminables où l'art de la rhétorique s'épanouit dans l'ornementation d'un style gongoriste, traversée de dialogues souvent menés en répliques lapidaires, cette comedia n'a pas trouvé en Denise Laroutis une traductrice assez habile pour adapter le texte espagnol dans la langue oxymorique de Corneille.
Dans une scénographie minimaliste de Mathieu Lorry-Dupuy, constituée d'une grande verrière qui, selon l'éclairage, représente l'espace de la prison ou de la Cour, Jacques Vincey fait évoluer des personnages de carnaval costumés d'objets symboliques, et qui semblent surgis d'un conte de fées cauchemardesque. En tant qu'interprètes, le vieux Roi (Philippe Morier-Genoud) déclame le plus souvent son rôle en direction du public, tandis que Sigismond (Antoine Kahan) adopte un style de jeu inspiré d'Artaud ou de Grotowski. Etoile (Noémie Dujardin) et Rosaura (Estelle Meyer) minaudent. Seul le gracioso Clarin (Philippe Vieux) avec sa gestuelle bouffonne, apporte une note facétieuse à ce spectacle saugrenu qui, malgré tout, ne parvient pas à exprimer de façon provocatrice, ce qui semble très gênant pour les dramaturges contemporains, la dimension à la fois allégorique, religieuse et mystique de l'œuvre de Calderon.
Philippe Oualid
La vie est un rêve, de Calderon
Mise en scène de Jacques Vincey
Production du Théâtre du Nord(Lille)
Théâtre de La Criée, du 6 au 8 Décembre 2012