Avec Le Songe d'une Nuit d'Eté (1595), Shakespeare nous plonge dans une comédie féerique qui se joue dans une forêt de rêve près d'Athènes où sylphes et amoureux se cherchent et se perdent : pour les êtres humains, il est question du mariage d'Hermia qui refuse d'épouser Démetrius du fait qu'elle aime Lysandre, tandis que Démetrius repousse Helena qui l'aime. En se donnant rendez-vous dans le bois, ils vont se trouver victimes du quiproquo du lutin Puck qui, chargé de les ensorceler avec une fleur magique, provoque l'inversion des désirs amoureux. Et pour les êtres invisibles, il est question d'une querelle du roi des Elfes, Obéron, et de la reine des fées, Titania, à propos d'un page que le roi veut lui ravir, ce qui complique la situation sentimentale. Cette dernière, elle aussi ensorcelée, va s'éprendre d'un tisserand comédien amateur rustaud à tête d'âne, Bottom. Enfin, grâce à un philtre réparateur, l'ordre reviendra, et tous les amoureux se retrouveront avec le cher objet de leur désir.
La fin de la comédie expose le point de vue de Shakespeare sur la genèse des mythes et des contes de fées, en confrontant les propos lucides de la reine des Amazones, Hippolyte, championne de la fantaisie en amour, à la réflexion rationaliste du duc d'Athènes, Thésée, qui se refuse à prendre au sérieux « les fables des fous, des amoureux et des poètes. . . »
La mise en scène d'Edward Hall met en valeur le texte de Shakespeare avec une rigueur et une inventivité remarquables. Dans un décor de filets de pêche auxquels est accrochée une rangée de chaises grises, évolue un chœur d'une douzaine de lutins clownesques en sous vêtements, le visage peint en blanc, tandis que les principaux personnages, vêtus d'oripeaux insolites, viennent déclamer leur rôle sur fond sonore de xylophone. Le plus souvent, leurs entrées et sorties de scène se font au pas de course, entrecoupé d'arrêts brusques. Quelques fois, les lutins les hypnotisent, les manipulent ou les escamotent dans des tours de prestidigitation dignes du monde du cirque.
En général, la comédie sert de prétexte à des numéros d'acteurs éblouissants : les grands rôles travestis de vierge, de lady ou de reine (Matthew Mc Pherson, Dan Wheeler, Will Featherstone) sont inénarrables dans la drôlerie. Les deux prétendants, Lysander et Demetrius (Richard Pepper et Arthur Wilson) jouent comme des personnages burlesques du cinéma muet. Dans la féerie, Joseph Chance (Puck) et James Tucker (Titania) adoptent un registre parodique qui émerveille. Quant à la petite troupe de comédiens amateurs, elle est irrésistible. Pour tout dire, on assiste d'un bout à l'autre à un spectacle fascinant qui suscite l'admiration et soulève une standing ovation interminable.
Dans la Comédie des Erreurs, inspirée des Menechmes de Plaute, Shakespeare raconte les aventures de deux jumeaux, Antipholus d'Ephèse et Antipholus de Syracuse, flanqués d'esclaves jumeaux, Dromion d'Ephèse et Dromion de Syracuse, qui , séparés par un naufrage au cours d'une tempête, ont cru leurs frères respectifs morts. Antipholus d'Ephèse s'est marié à Adriana, l'autre, célibataire, débarque. En raison des ressemblances physiques frappantes, s'ensuit une série de quiproquos et de malentendus aux effets hilarants qui remettent les identités en question.
L'intrigue, si elle est simpliste dans sa donnée initiale, est dans son découpage, d'une complication extraordinaire, véritable casse-tête tant pour les personnages que pour le spectateur. Mais la technique dramatique de Shakespeare se révèle ici sans défaut. Œuvre de début de carrière(1592), cette comédie qui hérite d'un archétype latin, et qui relève d'une composition entièrement artificielle, se trouve agencée avec un soin minutieux, et l'on constate surtout que Shakespeare y fait preuve d'un remarquable sens du théâtre.
Là encore, les comédiens de la Compagnie Propeller excellent dans l'interprétation de leurs personnages sur des registres burlesques ou mélodramatiques : les deux jumeaux (Dan Wheeler et Joseph Chance) et leurs esclaves (Will Featherstone et Matthew Mc Pherson) bondissent sans cesse sous l'effet de l'émotion, tandis que l'épouse Adriana (James Tucker) et sa sœur Luciana (Arthur Wilson) discutent ou examinent la situation sans se départir de leur coquetterie ou de leur travesti grotesque.
Le spectacle se donne dans une atmosphère de fête mexicaine endiablée, devant une structure métallique décorée de tags, et dans cet univers anachronique séduisant, la mascarade finale, qui frise la folie, emporte sans conteste l'adhésion enthousiaste du public.
Philippe Oualid
La fin de la comédie expose le point de vue de Shakespeare sur la genèse des mythes et des contes de fées, en confrontant les propos lucides de la reine des Amazones, Hippolyte, championne de la fantaisie en amour, à la réflexion rationaliste du duc d'Athènes, Thésée, qui se refuse à prendre au sérieux « les fables des fous, des amoureux et des poètes. . . »
La mise en scène d'Edward Hall met en valeur le texte de Shakespeare avec une rigueur et une inventivité remarquables. Dans un décor de filets de pêche auxquels est accrochée une rangée de chaises grises, évolue un chœur d'une douzaine de lutins clownesques en sous vêtements, le visage peint en blanc, tandis que les principaux personnages, vêtus d'oripeaux insolites, viennent déclamer leur rôle sur fond sonore de xylophone. Le plus souvent, leurs entrées et sorties de scène se font au pas de course, entrecoupé d'arrêts brusques. Quelques fois, les lutins les hypnotisent, les manipulent ou les escamotent dans des tours de prestidigitation dignes du monde du cirque.
En général, la comédie sert de prétexte à des numéros d'acteurs éblouissants : les grands rôles travestis de vierge, de lady ou de reine (Matthew Mc Pherson, Dan Wheeler, Will Featherstone) sont inénarrables dans la drôlerie. Les deux prétendants, Lysander et Demetrius (Richard Pepper et Arthur Wilson) jouent comme des personnages burlesques du cinéma muet. Dans la féerie, Joseph Chance (Puck) et James Tucker (Titania) adoptent un registre parodique qui émerveille. Quant à la petite troupe de comédiens amateurs, elle est irrésistible. Pour tout dire, on assiste d'un bout à l'autre à un spectacle fascinant qui suscite l'admiration et soulève une standing ovation interminable.
Dans la Comédie des Erreurs, inspirée des Menechmes de Plaute, Shakespeare raconte les aventures de deux jumeaux, Antipholus d'Ephèse et Antipholus de Syracuse, flanqués d'esclaves jumeaux, Dromion d'Ephèse et Dromion de Syracuse, qui , séparés par un naufrage au cours d'une tempête, ont cru leurs frères respectifs morts. Antipholus d'Ephèse s'est marié à Adriana, l'autre, célibataire, débarque. En raison des ressemblances physiques frappantes, s'ensuit une série de quiproquos et de malentendus aux effets hilarants qui remettent les identités en question.
L'intrigue, si elle est simpliste dans sa donnée initiale, est dans son découpage, d'une complication extraordinaire, véritable casse-tête tant pour les personnages que pour le spectateur. Mais la technique dramatique de Shakespeare se révèle ici sans défaut. Œuvre de début de carrière(1592), cette comédie qui hérite d'un archétype latin, et qui relève d'une composition entièrement artificielle, se trouve agencée avec un soin minutieux, et l'on constate surtout que Shakespeare y fait preuve d'un remarquable sens du théâtre.
Là encore, les comédiens de la Compagnie Propeller excellent dans l'interprétation de leurs personnages sur des registres burlesques ou mélodramatiques : les deux jumeaux (Dan Wheeler et Joseph Chance) et leurs esclaves (Will Featherstone et Matthew Mc Pherson) bondissent sans cesse sous l'effet de l'émotion, tandis que l'épouse Adriana (James Tucker) et sa sœur Luciana (Arthur Wilson) discutent ou examinent la situation sans se départir de leur coquetterie ou de leur travesti grotesque.
Le spectacle se donne dans une atmosphère de fête mexicaine endiablée, devant une structure métallique décorée de tags, et dans cet univers anachronique séduisant, la mascarade finale, qui frise la folie, emporte sans conteste l'adhésion enthousiaste du public.
Philippe Oualid