Elle se joue dans une forêt de rêve près d’Athènes où sylphes et amoureux se cherchent et se perdent pour les êtres humains, il est question du mariage d’Hermia qui refuse d’épouser Démetrius du fait qu’elle aime Lysandre, tandis que Démetrius repousse Helena qui l’aime. En se donnant rendez-vous dans le bois, ils vont se trouver victimes du quiproquo du lutin Puck qui, chargé de les ensorceler avec une fleur magique, provoque l’inversion des désirs amoureux. Et pour les êtres invisibles, d’une querelle du roi des Elfes, Obéron, et de la reine des fées, Titania, à propos d’un page que le roi veut lui ravir, ce qui complique la situation sentimentale. Cette dernière, elle aussi ensorcelée, va s’éprendre d’un tisserand comédien amateur rustaud à tête d’âne, Bottom. Enfin, grâce à un philtre réparateur, l’ordre reviendra, et tous les amoureux se retrouveront avec le cher objet de leur désir.
Dans cette célébration aigre-douce des obscénités et des affolements d’Eros, on trouve deux pièces en une comédie de cour qui déroule les péripéties du dépit amoureux, et une pièce souterraine qui, à travers les échanges frénétiques du désir, expose le point de vue de Shakespeare sur la genèse des mythes et des contes de fées, en confrontant la lucidité de la reine des Amazones, Hippolyte, championne de la fantaisie en amour, à la réflexion rationaliste du duc d’Athènes, Thésée, qui se refuse à prendre au sérieux « les fables des fous, des amoureux et des poètes ». . .
L’adaptation de Charles-Eric Petit situe les figures du désordre amoureux dans le contexte mouvementé de la création dramatique. Les personnages sont le directeur, les acteurs et les techniciens du théâtre en proie aux tourments du désir. Ils substituent souvent au texte de Shakespeare des propos anachroniques sur les subventions, leur formation à l’ERAC, les emplois précaires ou dérisoires dans les grandes surfaces, et croisent la déclamation tintamarresque de la langue poétique baroque d’un argot indécent d’idiots illettrés. . . Et cela, tout au long de cette intrigue secondaire d’ordre burlesque qui concerne les répétitions de la tragédie de Pyrame et Thisbé par les comédiens amateurs, mais qui devient ici intrigue principale.
Le côté insipide, ridicule, parodique de ce Songe, rêve abracadabrant du jeune Shakespeare, est donc ici mis en évidence avec insistance, sans que la partie féerique qui en fait toute l’originalité ne soit gommée ainsi les tableaux où les amoureux (Charlotte Daquet, Franck Gazal, Martin Kamoun et Guillaume Clausse) expriment leurs passions, travestis en costumes du XVIème siècle ou en tenues contemporaines, la scène où Titania (Laurence Garel) s’amourache de Bottom, coiffé d’une tête d’âne, revêtent, grâce aux jeux de lumières de Yann Loric, un caractère magique.
Tout compte fait, ces jeunes comédiens de la compagnie « L’Individu », très performants vocalement, font passer une indéniable qualité d’émotion à laquelle le public du Gyptis se montre assez sensible, mais qui serait beaucoup mieux assortie par exemple à l’interprétation, sans commentaires d’un goût douteux, de pièces de jeunesse de Molière, de Marivaux ou de Musset.
Philippe Oualid
Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare
Adaptation et mise en scène de Charles Eric Petit
Théâtre Gyptis. Marseille. Du 9 au 13 Avril 2013
Dans cette célébration aigre-douce des obscénités et des affolements d’Eros, on trouve deux pièces en une comédie de cour qui déroule les péripéties du dépit amoureux, et une pièce souterraine qui, à travers les échanges frénétiques du désir, expose le point de vue de Shakespeare sur la genèse des mythes et des contes de fées, en confrontant la lucidité de la reine des Amazones, Hippolyte, championne de la fantaisie en amour, à la réflexion rationaliste du duc d’Athènes, Thésée, qui se refuse à prendre au sérieux « les fables des fous, des amoureux et des poètes ». . .
L’adaptation de Charles-Eric Petit situe les figures du désordre amoureux dans le contexte mouvementé de la création dramatique. Les personnages sont le directeur, les acteurs et les techniciens du théâtre en proie aux tourments du désir. Ils substituent souvent au texte de Shakespeare des propos anachroniques sur les subventions, leur formation à l’ERAC, les emplois précaires ou dérisoires dans les grandes surfaces, et croisent la déclamation tintamarresque de la langue poétique baroque d’un argot indécent d’idiots illettrés. . . Et cela, tout au long de cette intrigue secondaire d’ordre burlesque qui concerne les répétitions de la tragédie de Pyrame et Thisbé par les comédiens amateurs, mais qui devient ici intrigue principale.
Le côté insipide, ridicule, parodique de ce Songe, rêve abracadabrant du jeune Shakespeare, est donc ici mis en évidence avec insistance, sans que la partie féerique qui en fait toute l’originalité ne soit gommée ainsi les tableaux où les amoureux (Charlotte Daquet, Franck Gazal, Martin Kamoun et Guillaume Clausse) expriment leurs passions, travestis en costumes du XVIème siècle ou en tenues contemporaines, la scène où Titania (Laurence Garel) s’amourache de Bottom, coiffé d’une tête d’âne, revêtent, grâce aux jeux de lumières de Yann Loric, un caractère magique.
Tout compte fait, ces jeunes comédiens de la compagnie « L’Individu », très performants vocalement, font passer une indéniable qualité d’émotion à laquelle le public du Gyptis se montre assez sensible, mais qui serait beaucoup mieux assortie par exemple à l’interprétation, sans commentaires d’un goût douteux, de pièces de jeunesse de Molière, de Marivaux ou de Musset.
Philippe Oualid
Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare
Adaptation et mise en scène de Charles Eric Petit
Théâtre Gyptis. Marseille. Du 9 au 13 Avril 2013