Molière y reprend un schéma qui lui était familier : une famille qui pourrait vivre sans histoire est troublée par la manie contagieuse d'une mère précieuse qui veut passer pour bel esprit avec sa fille aînée Armande et sa soeur Bélise. Le sujet traité devient vite celui d'un drame bourgeois qui nous ramène à une comédie de mœurs : qui du père (Chrysale) ou de la mère (Philaminte) affirmera son autorité à propos du mariage de la fille cadette Henriette ? Mais la pièce poursuit aussi la lutte contre la préciosité et trouve l'occasion d'un joyeux règlement de comptes dans la caricature fameuse de l'Abbé Cotin et de Ménage (Trissotin et Vadius), académicien et helléniste distingué, pensionnés par l'Etat, qui faisaient les délices des ruelles et attaquaient Molière et Boileau dans des pamphlets. Rayés de la liste par Colbert, ces érudits qui se croyaient indispensables, sont ici flétris par le dramaturge dans une intention politique que les représentations de la pièce ne suggèrent que rarement.
A cet égard, on peut trouver la mise en scène d'Armand Delcampe qui situe la pièce à la Belle Epoque franchement anachronique. Tout compte fait, ces femmes savantes de 1920 devraient plutôt s'extasier devant les vers libres de Saint-John Perse que devant les sonnets et épigrammes de l'Abbé Cotin, et la défense de la Cour de Louis XIV par Clitandre devient aussi absurde qu'incompréhensible ! Quant au climat de vaudeville (une sonnerie stridente annonce les visites. . . ), aux intermèdes de rumba et de fox-trot, aux projections de portraits de philosophes antiques ou de pages du dictionnaire Robert sur les paravents du décor, ils provoquent la consternation chez les spectateurs cultivés!
Et même si les comédiens de l'Atelier Théâtre Jean Vilar de Louvain La Neuve déclament les alexandrins de Molière d'une diction irréprochable, ils adoptent en général des comportements grotesques de théâtre de boulevard qui les rendent le plus souvent esthétiquement ridicules. C'est le cas pour Chrysale (Patrick Brüll), Ariste (Freddy Sicx), Philaminte (Nathalie Willame), Trissotin (Pierre Poucet) et Bélise (Cécile Van Snick) qui éprouvent sans doute beaucoup de plaisir à s'exprimer dans un registre parodique.
Enfin, en sortant de ce spectacle, on ne peut que se réjouir de penser que Molière conserve à Paris sa Maison, « La Comédie Française », qui sert toujours luxueusement son génie.
Philippe Oualid
Les Femmes Savantes de Molière
Mise en scène d'Armand Delcampe
Théâtre Toursky. Marseille. 25-26 Janvier 2013
A cet égard, on peut trouver la mise en scène d'Armand Delcampe qui situe la pièce à la Belle Epoque franchement anachronique. Tout compte fait, ces femmes savantes de 1920 devraient plutôt s'extasier devant les vers libres de Saint-John Perse que devant les sonnets et épigrammes de l'Abbé Cotin, et la défense de la Cour de Louis XIV par Clitandre devient aussi absurde qu'incompréhensible ! Quant au climat de vaudeville (une sonnerie stridente annonce les visites. . . ), aux intermèdes de rumba et de fox-trot, aux projections de portraits de philosophes antiques ou de pages du dictionnaire Robert sur les paravents du décor, ils provoquent la consternation chez les spectateurs cultivés!
Et même si les comédiens de l'Atelier Théâtre Jean Vilar de Louvain La Neuve déclament les alexandrins de Molière d'une diction irréprochable, ils adoptent en général des comportements grotesques de théâtre de boulevard qui les rendent le plus souvent esthétiquement ridicules. C'est le cas pour Chrysale (Patrick Brüll), Ariste (Freddy Sicx), Philaminte (Nathalie Willame), Trissotin (Pierre Poucet) et Bélise (Cécile Van Snick) qui éprouvent sans doute beaucoup de plaisir à s'exprimer dans un registre parodique.
Enfin, en sortant de ce spectacle, on ne peut que se réjouir de penser que Molière conserve à Paris sa Maison, « La Comédie Française », qui sert toujours luxueusement son génie.
Philippe Oualid
Les Femmes Savantes de Molière
Mise en scène d'Armand Delcampe
Théâtre Toursky. Marseille. 25-26 Janvier 2013