« La passion du verbe » avec Brigitte Fossey
La salle Léo Ferré et ses deux cents places –toutes occupées pour cette première des deux représentations prévues au théâtre Toursky- se prête à l’intimité avec les artistes. Le public découvre la chevelure légèrement dorée et les yeux malicieux de Brigitte Fossey. Que les fans absents se rassurent, la comédienne est au top de sa forme : pétillante, professionnelle jusqu’au bout des ongles, talentueuse.
« La poésie est une arme chargée de futur »
C’est avec ces mots adressés au public, et le poème de Gabriel Célaya, que Brigitte Fossey ouvre le spectacle. Sa voix suave au timbre clair et chaud, qu’elle sait rendre impérieuse, inquiète, mordante ou songeuse et tendre, sa voix qu’elle mue à plaisir selon les personnages, inonde la salle, ainsi que son sourire.
« Je maudis la poésie conçue comme un luxe
Culturel par ceux qui sont neutres
Ceux qui, en se lavant les mains, se désintéressent et
S'évadent.
Je maudis la poésie de celui qui ne prend pas parti
Jusqu'à la souillure. »
N’en déplaise aux détracteurs des récitals poétiques, Brigitte Fossey ne lit pas ! Tout son corps, tout son être accompagne, habille les textes, transcende les poètes. Les feuillets couverts de mots qui languissent sur le chevalet sont caressés du regard, de loin en loin. Quelques livres posés en fond de scène donnent le ton au spectacle. Avec l’interprétation de Brigitte Fossey, les images se bousculent, fulgurantes, se font mouvantes, vraies. A la fois une force et une fragilité, une sensibilité à fleur de peau, une spiritualité légère, une empathie communicative et une générosité –presque un don de soi total- transpirent de cette femme debout sur scène. A cela, il faut ajouter la joie qui se dégage de sa personne, joie d’être là, joie d’interpréter, de dire, de transmettre cette culture encore et encore.
« Mon père ce héros »
Les yeux de la comédienne sont embués de larmes quand elle rend hommage à son père avec « Après la bataille », poème de Victor Hugo. Sur scène, c’est une femme qui livre son cœur. Elle est vraie, sincère, et les spectateurs le sentent qui s’accrochent à ses mots.
« La poésie est une résistance, dernier refuge et premier refuge de l’âme, celui de la liberté »
Saisissant d’actualité, nimbé par la mélodie d’un lointain doudouk : « Oiseau gris où es-tu, je m’attache à ta voix, ô oiseau de mon pays portes-tu des nouvelles ? » quémande Brigitte Fossey « Tu voles vers Alep, tu voles vers Bagdad, ô oiseau de mon pays, n’as-tu pas de nouvelles ? ». Qu’il s’agisse d’Aragon avec ‘la rose et le réséda’, de Victor Hugo clamant « De quel droit mettez-vous les oiseaux dans les cages ? De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ? » dans son poème ‘Liberté’ –un certain Pierre Perret chantera plus tard « ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux » prolongeant le cri du poète- ; qu’il s’agisse de ‘La nuit de mai’ d’Alfred de Musset - poème appris par cœur en cachette à l’âge de 14 ans, de peur que ses parents ne sachent que son oncle et sa tante payaient à la toute jeune fille des cours de théâtre- avec lequel Brigitte Fossey exprime toute sa puissance dramatique, frissonnant jusque dans sa chair du sacrifice du Pélican offrant son corps et sa vie à ses enfants ; qu’il s’agisse de ‘cet amour ‘ de Jacques Prévert : « Tends-nous la main et sauve-nous » ; qu’il s’agisse de Charles Péguy, de Bernanos, du Patriarche Athénagoras affirmant « Je n’ai plus peur », le choix des textes, magnifiquement choisis, en partie par Serge Sarkissian qui effectue la mise en scène, et pour certains par Brigitte Fossey, est ingénieux. L’ordre de passage, parfaitement étudié, mêlant lutte, drame, bonheur, joie, amour, finissant sur l’amour et l’humour avec « Pour faire un portrait d’un oiseau » de Jacques Prévert, que l’actrice souligne d’un « à Elsa Enriques » en mettant le public dans la confidence d’une jolie rencontre.
« La poésie est une arme chargée de futur »
C’est avec ces mots adressés au public, et le poème de Gabriel Célaya, que Brigitte Fossey ouvre le spectacle. Sa voix suave au timbre clair et chaud, qu’elle sait rendre impérieuse, inquiète, mordante ou songeuse et tendre, sa voix qu’elle mue à plaisir selon les personnages, inonde la salle, ainsi que son sourire.
« Je maudis la poésie conçue comme un luxe
Culturel par ceux qui sont neutres
Ceux qui, en se lavant les mains, se désintéressent et
S'évadent.
Je maudis la poésie de celui qui ne prend pas parti
Jusqu'à la souillure. »
N’en déplaise aux détracteurs des récitals poétiques, Brigitte Fossey ne lit pas ! Tout son corps, tout son être accompagne, habille les textes, transcende les poètes. Les feuillets couverts de mots qui languissent sur le chevalet sont caressés du regard, de loin en loin. Quelques livres posés en fond de scène donnent le ton au spectacle. Avec l’interprétation de Brigitte Fossey, les images se bousculent, fulgurantes, se font mouvantes, vraies. A la fois une force et une fragilité, une sensibilité à fleur de peau, une spiritualité légère, une empathie communicative et une générosité –presque un don de soi total- transpirent de cette femme debout sur scène. A cela, il faut ajouter la joie qui se dégage de sa personne, joie d’être là, joie d’interpréter, de dire, de transmettre cette culture encore et encore.
« Mon père ce héros »
Les yeux de la comédienne sont embués de larmes quand elle rend hommage à son père avec « Après la bataille », poème de Victor Hugo. Sur scène, c’est une femme qui livre son cœur. Elle est vraie, sincère, et les spectateurs le sentent qui s’accrochent à ses mots.
« La poésie est une résistance, dernier refuge et premier refuge de l’âme, celui de la liberté »
Saisissant d’actualité, nimbé par la mélodie d’un lointain doudouk : « Oiseau gris où es-tu, je m’attache à ta voix, ô oiseau de mon pays portes-tu des nouvelles ? » quémande Brigitte Fossey « Tu voles vers Alep, tu voles vers Bagdad, ô oiseau de mon pays, n’as-tu pas de nouvelles ? ». Qu’il s’agisse d’Aragon avec ‘la rose et le réséda’, de Victor Hugo clamant « De quel droit mettez-vous les oiseaux dans les cages ? De quel droit volez-vous la vie à ces vivants ? » dans son poème ‘Liberté’ –un certain Pierre Perret chantera plus tard « ouvrez, ouvrez la cage aux oiseaux » prolongeant le cri du poète- ; qu’il s’agisse de ‘La nuit de mai’ d’Alfred de Musset - poème appris par cœur en cachette à l’âge de 14 ans, de peur que ses parents ne sachent que son oncle et sa tante payaient à la toute jeune fille des cours de théâtre- avec lequel Brigitte Fossey exprime toute sa puissance dramatique, frissonnant jusque dans sa chair du sacrifice du Pélican offrant son corps et sa vie à ses enfants ; qu’il s’agisse de ‘cet amour ‘ de Jacques Prévert : « Tends-nous la main et sauve-nous » ; qu’il s’agisse de Charles Péguy, de Bernanos, du Patriarche Athénagoras affirmant « Je n’ai plus peur », le choix des textes, magnifiquement choisis, en partie par Serge Sarkissian qui effectue la mise en scène, et pour certains par Brigitte Fossey, est ingénieux. L’ordre de passage, parfaitement étudié, mêlant lutte, drame, bonheur, joie, amour, finissant sur l’amour et l’humour avec « Pour faire un portrait d’un oiseau » de Jacques Prévert, que l’actrice souligne d’un « à Elsa Enriques » en mettant le public dans la confidence d’une jolie rencontre.
Michel Baldo, la passion de la musique
La comédienne n’est pas seule en scène. L’excellent violoncelliste forme avec elle un duo, avec une place prépondérante pour chacun d’entre eux. La musique de Michel Baldo est non seulement un prolongement des mots dans de magnifiques entractes, mais elle met particulièrement en exergue ce récital de poésie. Michel Baldo est lauréat de l’Académie de Musique de Barcelone, titulaire de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille et de l’Orchestre symphonique de Zurich où il a occupé le poste de 2e violoncelle solo. Dvorak, Mascagni, Robert Shuman, sont sublimés sous son archet. Et quand vient –toujours trop tôt au goût des spectateurs qui en veulent encore et encore et malgré les bis volontiers accordés- quand vient l’heure fatidique du dernier poème, du dernier morceau, ‘La Barcarolle’ des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, splendidement interprété par Michel Baldo, les spectateurs enthousiasmés par ce délicieux spectacle fredonnent à l’unisson, emportés dans leur élan par une Brigitte Fossey valsant sur scène et avant que ne crépitent les applaudissements et les bravos :
« Belle nuit, ô nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Ô, belle nuit d'amour! »
Avec « La Passion du Verbe » la culture et le talent se donnent rendez-vous dans l’antre des saltimbanques, sous l’arbre des poètes.
Danielle Dufour-Verna
Théâtre Toursky
16 Passage Léo Ferré
13003 Marseille
Tél 04 91 02 58 35
www.toursky.fr
« Belle nuit, ô nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Ô, belle nuit d'amour! »
Avec « La Passion du Verbe » la culture et le talent se donnent rendez-vous dans l’antre des saltimbanques, sous l’arbre des poètes.
Danielle Dufour-Verna
Théâtre Toursky
16 Passage Léo Ferré
13003 Marseille
Tél 04 91 02 58 35
www.toursky.fr