Orphée aux Enfers n’est pas à proprement parler une opérette mais bien plutôt un opéra féerie. Cependant, il ne faut pas se leurrer avec Offenbach. Son œuvre est certes pétillante, mais à la façon du champagne, et ses partitions ne font pas dans le détail. C’est toujours de la vraie musique bien sûr, mais épaisse, et si elle séduit c’est par le charme de ses mélodies et par sa facilité.
Toutefois, il est permis de se demander si cet ouvrage garde aujourd’hui encore tout son attrait. Ces plaisanteries mythologiques nous paraissent bien dépassées et enfin il manque des personnages principaux suffisamment forts comme une Hélène ou une Périchole. Même la critique sociale offre un moindre intérêt que dans la Vie parisienne…
Mettons à part Les Contes d’Hoffmann pour prendre ce compositeur pour ce qu’il est : du vent. Vouloir penser Offenbach, lui donner une philosophie équivaut à l’empeser. Il ne faut surtout pas lui faire des dire des choses, lui qui n’avait qu’un rire permanent à communiquer, comme si on empesait à la fois l’homme et sa création.
C’est bien ce qu’a compris Yves Beaunesne qui vient de reprendre à Toulon son succès aixois de l’été 2009. Voilà une production pétrie d’humour et de drôlerie, simple dans sa présentation, spirituelle parfois, et dont les pitreries (Mercure sur son vélo, Vénus hollywoodienne…) font mouche à tous les coups. Cette légende d’Orphée revue et corrigée devient sur la fin une farce gigantesque dont l’irrespect – qui choqua les critiques d’alors – vire à la franche tranche de rigolade même si certains effets de potache sont par moments trop appuyés et virent à l’aigre-doux.
Circonstance rarissime, tous les interprètes ont ici l’âge et le physique du rôle. Vocalement, on déchante à plusieurs reprises. Mais peut-on se montrer tatillon avec Offenbach ? En Orphée, Julien Behr se montre tout cousu d’esprit, de finesse et au chant très libre. Une mention pour le Pluton de Mathias Vidal et surtout au Jupiter de Vincent Deliau dont le beau timbre de basse s’en donne à cœur joie dans la composition du ridicule séducteur. Le John Styx de Jérôme Billy, punk alcoolique mélomane, est lui aussi irrésistible.
Si on descend d’un cran avec la distribution féminine (Diane et Opinion publique fort drôles mais en divorce constant avec le diapason), force est de reconnaître un abattage inouï à l’Eurydice de Pauline Courtin, jouant de sa voix et de son corps avec un métier confondant. Les attaques sont franches, l’aigu sûr et jamais acide et l’actrice est belle à damner toute la Grèce.
Dans la fosse, Samuel Jean écrase parfois son plateau avec une direction musicale toujours nerveuse certes mais parfois lourde ou embrouillée. On croit par moments entendre du sous Lopez. On chercha vainement toute la soirée le « Mozart des Champs-Elysées »…
Christian Colombeau
Toutefois, il est permis de se demander si cet ouvrage garde aujourd’hui encore tout son attrait. Ces plaisanteries mythologiques nous paraissent bien dépassées et enfin il manque des personnages principaux suffisamment forts comme une Hélène ou une Périchole. Même la critique sociale offre un moindre intérêt que dans la Vie parisienne…
Mettons à part Les Contes d’Hoffmann pour prendre ce compositeur pour ce qu’il est : du vent. Vouloir penser Offenbach, lui donner une philosophie équivaut à l’empeser. Il ne faut surtout pas lui faire des dire des choses, lui qui n’avait qu’un rire permanent à communiquer, comme si on empesait à la fois l’homme et sa création.
C’est bien ce qu’a compris Yves Beaunesne qui vient de reprendre à Toulon son succès aixois de l’été 2009. Voilà une production pétrie d’humour et de drôlerie, simple dans sa présentation, spirituelle parfois, et dont les pitreries (Mercure sur son vélo, Vénus hollywoodienne…) font mouche à tous les coups. Cette légende d’Orphée revue et corrigée devient sur la fin une farce gigantesque dont l’irrespect – qui choqua les critiques d’alors – vire à la franche tranche de rigolade même si certains effets de potache sont par moments trop appuyés et virent à l’aigre-doux.
Circonstance rarissime, tous les interprètes ont ici l’âge et le physique du rôle. Vocalement, on déchante à plusieurs reprises. Mais peut-on se montrer tatillon avec Offenbach ? En Orphée, Julien Behr se montre tout cousu d’esprit, de finesse et au chant très libre. Une mention pour le Pluton de Mathias Vidal et surtout au Jupiter de Vincent Deliau dont le beau timbre de basse s’en donne à cœur joie dans la composition du ridicule séducteur. Le John Styx de Jérôme Billy, punk alcoolique mélomane, est lui aussi irrésistible.
Si on descend d’un cran avec la distribution féminine (Diane et Opinion publique fort drôles mais en divorce constant avec le diapason), force est de reconnaître un abattage inouï à l’Eurydice de Pauline Courtin, jouant de sa voix et de son corps avec un métier confondant. Les attaques sont franches, l’aigu sûr et jamais acide et l’actrice est belle à damner toute la Grèce.
Dans la fosse, Samuel Jean écrase parfois son plateau avec une direction musicale toujours nerveuse certes mais parfois lourde ou embrouillée. On croit par moments entendre du sous Lopez. On chercha vainement toute la soirée le « Mozart des Champs-Elysées »…
Christian Colombeau