© Yvan Romero
Pendant près de trois heures, ce monstre sacré d’une générosité devenue rare dialogue avec le public en partageant sa vision du monde et de l’existence. Chez Richard Martin, il se sent chez lui. Il invite même sur scène la chanteuse marseillaise Cristina Rosmini présente dans la salle pour un beau duo… Rencontre magique s’il en est… On est profondément dans le vrai… Pas de chichi seulement du plaisir. Il a gardé son regard d’enfant. Sa voix opère toujours le même charme ensorceleur. Il est le passeur des poètes…
Avec une voix chaude et sa musique d’une grande beauté tantôt en duo avec l’excellent guitariste Mario Mas, les mots d’Alfonsina Storni, de Pablo Neruda, de Cesar Vallejo et bien d’autres retrouvent toute leur force. De son charisme, surgissent des chansons d’amour, de résistance et de lutte. Il touche à l’universel et révèle les profondeurs de l’âme d’Amérique latine. Une soirée riche en belles vibrations et émotions.
Le lendemain, ce sont les cinq compères réunis par Manu Théron et son emblématique cor de la plana qui nous transporte pendant plus d’une heure à travers une polyphonie marseillo-occitane ébouriffante d’harmonie percutante. Avec Lo Cor de la plana çà déménage… Richard Martin n’a pas son pareil pour dénicher des artistes méconnus du grand public. Le chanteur et auteur marseillais Lionel Damei désormais directeur de l’Institut français de Dakar depuis septembre 2013 découvrait enfin la scène du Toursky. Pendant plus de deux heures, cet artiste complet à la fois acteur et chanteur nous livre avec une passion dévorante les mots d’Édith Piaf et de Barbara à travers un répertoire peu visité. Entouré de ses musiciens complices Claude Gomez aussi bon pianiste qu’accordéoniste et Pascale Giraud violoncelliste accomplie à la voix souple, il parvient à nous faire partager son amour de ses deux dames toujours présentes dans son cœur depuis l’enfance. Il nous offre un sacré moment de chanson avec une voix profonde et envoûtante qui détone et captive en même temps. Ses interprétations de Cet enfant- là et Monsieur Capone sont de purs moments d’extase. Ses deux dames à lui étaient bien là à en ressentir presque les fantômes dans la pénombre. Il agrémente cette ballade impromptue avec quelques textes sensibles et impertinents de sa plume. De quoi conquérir le public exigeant du Toursky !
Deux jours plus tard, Natacha Amal dans la belle adaptation et mise en scène sensible et intelligente de Jonathan Duverger nous bouleverse dans le chef d’œuvre d’Octave Mirbeau Le journal d’une femme de chambre. Écrit il y a plus d’un siècle, le texte magnifié et transcendé par l’interprète seule en scène trouve une résonance particulière avec la crise actuelle. Dans un décor simple et soigné de Jean-Michel Appriou, maquette de maison de maître avec ses petites fenêtres délicieusement éclairées et un escalier en colimaçon propice à l’imaginaire elle livre un vibrant cri de détresse et de colère, un appel à l’indignation. L’adaptation de Jonathan Duverger au plus près du texte de Mirbeau s’éloigne de Luis Bunuel et du personnage de Jeanne Moreau pour nous et recentre son travail sur le principe même du journal. La comédienne se retrouve seule. Il lui demande une mise à nu. Elle nous confesse ses journées et peu à peu elle met en lumière l’esclavage mental, moral et sexuel qu’elle subit. Natacha Amal s’empare de ce rôle d’une violence rare. Elle incarne à la perfection cette femme de chambre qui avec une pudique retenue évoque sa condition puis avec fureur la dénonce. Visage expressif, elle nous livre avec force et sincérité les multiples états d’âmes qui la transpercent, douleur comme plaisir, amoureuse d’elle-même comme des hommes qui la satisfont dans sa chair. Magistrale leçon de théâtre !
On attend désormais la re-création de la Méthode de Léo Ferré texte par Richard Martin avec Leda Atomica le 16 mai puis La Mar de Flamenco par Joaquin Grilo le 23 mai.
François Larrieu
Avec une voix chaude et sa musique d’une grande beauté tantôt en duo avec l’excellent guitariste Mario Mas, les mots d’Alfonsina Storni, de Pablo Neruda, de Cesar Vallejo et bien d’autres retrouvent toute leur force. De son charisme, surgissent des chansons d’amour, de résistance et de lutte. Il touche à l’universel et révèle les profondeurs de l’âme d’Amérique latine. Une soirée riche en belles vibrations et émotions.
Le lendemain, ce sont les cinq compères réunis par Manu Théron et son emblématique cor de la plana qui nous transporte pendant plus d’une heure à travers une polyphonie marseillo-occitane ébouriffante d’harmonie percutante. Avec Lo Cor de la plana çà déménage… Richard Martin n’a pas son pareil pour dénicher des artistes méconnus du grand public. Le chanteur et auteur marseillais Lionel Damei désormais directeur de l’Institut français de Dakar depuis septembre 2013 découvrait enfin la scène du Toursky. Pendant plus de deux heures, cet artiste complet à la fois acteur et chanteur nous livre avec une passion dévorante les mots d’Édith Piaf et de Barbara à travers un répertoire peu visité. Entouré de ses musiciens complices Claude Gomez aussi bon pianiste qu’accordéoniste et Pascale Giraud violoncelliste accomplie à la voix souple, il parvient à nous faire partager son amour de ses deux dames toujours présentes dans son cœur depuis l’enfance. Il nous offre un sacré moment de chanson avec une voix profonde et envoûtante qui détone et captive en même temps. Ses interprétations de Cet enfant- là et Monsieur Capone sont de purs moments d’extase. Ses deux dames à lui étaient bien là à en ressentir presque les fantômes dans la pénombre. Il agrémente cette ballade impromptue avec quelques textes sensibles et impertinents de sa plume. De quoi conquérir le public exigeant du Toursky !
Deux jours plus tard, Natacha Amal dans la belle adaptation et mise en scène sensible et intelligente de Jonathan Duverger nous bouleverse dans le chef d’œuvre d’Octave Mirbeau Le journal d’une femme de chambre. Écrit il y a plus d’un siècle, le texte magnifié et transcendé par l’interprète seule en scène trouve une résonance particulière avec la crise actuelle. Dans un décor simple et soigné de Jean-Michel Appriou, maquette de maison de maître avec ses petites fenêtres délicieusement éclairées et un escalier en colimaçon propice à l’imaginaire elle livre un vibrant cri de détresse et de colère, un appel à l’indignation. L’adaptation de Jonathan Duverger au plus près du texte de Mirbeau s’éloigne de Luis Bunuel et du personnage de Jeanne Moreau pour nous et recentre son travail sur le principe même du journal. La comédienne se retrouve seule. Il lui demande une mise à nu. Elle nous confesse ses journées et peu à peu elle met en lumière l’esclavage mental, moral et sexuel qu’elle subit. Natacha Amal s’empare de ce rôle d’une violence rare. Elle incarne à la perfection cette femme de chambre qui avec une pudique retenue évoque sa condition puis avec fureur la dénonce. Visage expressif, elle nous livre avec force et sincérité les multiples états d’âmes qui la transpercent, douleur comme plaisir, amoureuse d’elle-même comme des hommes qui la satisfont dans sa chair. Magistrale leçon de théâtre !
On attend désormais la re-création de la Méthode de Léo Ferré texte par Richard Martin avec Leda Atomica le 16 mai puis La Mar de Flamenco par Joaquin Grilo le 23 mai.
François Larrieu