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Trilogie de La Villégiature, de Carlo Goldoni, au Théâtre Toursky de Marseille, par Philippe Oualid

Pour avoir délaissé au XVIIIème siècle les invraisemblances de la Commedia dell'Arte, Carlo Goldoni peut être considéré, avec ses cent vingt comédies, comme le Molière de l'Italie. Sa Trilogie de La Villégiature date de 1761. La pièce montre des bourgeois de Livourne qui veulent jouer aux aristocrates, partir chaque été en villégiature à Montenero, mais ce besoin de vacances pouvant s'avérer ruineux, ils se jouent une comédie qui ne prend pas et finit par se détruire dans le désenchantement.


Deux groupes familiaux sont au centre de cette trilogie, l'un formé par Leonardo et sa soeur Vittoria, l'autre composé du vieux Filippo et de sa fille Giacinta. Le fil conducteur est l'amour jaloux de Leonardo pour Giacinta, éprise de Guglielmo, thème qui, par la variété de ses rebondissements, donne le mouvement à toute l'intrigue dramatique.
La première pièce, La Manie de La Villégiature, nous fait assister aux préparatifs délirants du voyage au cours desquels la jalousie de Leonardo suscite une succession de contrordres pour le départ.
La seconde pièce, Les Aventures de La Villégiature, évoque la vie désœuvrée que l'on mène à la campagne et fait éclater le comportement insensé des amoureux.
La troisième pièce, Le Retour de La Villégiature, présente les conséquences qui en découlent et exploite une veine moralisatrice.
Pour permettre à cette interminable trilogie de se dérouler en moins de trois heures, le metteur en scène du Piccolo, Toni Servillo, a opéré d'importantes coupures dans le texte, fait disparaître de nombreux apartés, les discours au public, les personnages inutiles, et a exigé un débit de parole et des déplacements si rapides que nous avons souvent l'impression d'assister à un ballet. D'ailleurs, et c'est en cela que réside surtout le charme de ce spectacle, la plupart des comédiens, milanais ou napolitains, ressemblent à des danseurs dans la démarche, la gestuelle, le port de tête ou la pantomime. Parmi les plus éblouissants : Anna della Rosa (Giacinta), Eva Cambiale (Vittoria), Mariella Lo Sardo (Costanza), Paolo Graziosi (Filippo) et Marco d'Amore (Tognino).
Sans doute ne s'agit-il plus aujourd'hui de chercher à critiquer, comme le faisait Giorgio Strehler, la théâtralité d'une société d'un autre siècle qui, malgré ses ridicules et ses extravagances, fait triompher la bienséance des vertus bourgeoises. . . Ici le spectateur trouvera plus l'occasion de s'amuser devant la comédie sociale que se donnent les personnages, que de réfléchir sur les méfaits (drame amoureux ou financier) de la villégiature. On peut donc féliciter Toni Servillo, qui incarne aussi un pique-assiette nonchalant très drôle, d'avoir choisi de mettre en valeur le plaisir du théâtre dans un divertissement de qualité.
Philippe Oualid

Trilogie de La Villégiature, de Carlo Goldoni
Par le Piccolo Teatro di Milano.
Mise en scène de Toni Servillo.
Théâtre Toursky. Marseille. 1er-2 Avril 2010.
Tournée en France.

pierre aimar
Mis en ligne le Dimanche 4 Avril 2010 à 14:17 | Lu 1894 fois

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