Immergés dans le même bain, devant une toile qui ressemble aux cieux vaporeux de Turner, et sur la musique du premier mouvement de la troisième symphonie d'Henryk Gorecki, les deux danseurs réalisent, dans une chorégraphie de mouvements très épurés, la prouesse d'exprimer délicatement un transfert de savoir du civilisé au sauvage, dans un rite de passage qui consiste en une combinaison savante de signes ponctués par des pauses respiratoires.
Pour Jean-Charles Gil, le geste, traduisant toujours ce qui est profondément ressenti, relève d'une surprenante métaphysique des rapports humains au sein de cet élément primordial que représente l'Eau. Et ceci, dès le début du ballet : l'un dort, couché au sol, replié sur lui-même, l'autre, convoqué par la splendeur de l'aube, travaille sereinement sa technique académique à partir de positions croisées et effacées avant, bras en seconde, demi-pliés, pieds en cinquième sur demi-pointes, positions symboliquement dérivées de la glace et de la vapeur pour Serge Lifar, qui vont se développer en battements tendus jetés, pirouettes, puis ronds de jambe parfaitement exécutés.
A son réveil, Sisqo semble remonter de fonds marins et se livre à différentes culbutes avant-arrière, attrape par la cheville le danseur classique comme une algue, et se livre à des poiriers acrobatiques, sommet de la tête appuyé sur le sol, corps vertical, jambes raidies, pieds ébauchant l'entrechat.
La complicité entre les deux danseurs va naître d'un beau geste de Fabrice Gallarrague qui glisse des bras tendus sous les aisselles de Sisqo pour lui apprendre à marcher puis à nager dans un jeu de brasses communes avant l'étreinte finale tête de l'un contre poitrine de l'autre.
Cet émouvant duo d'une vingtaine de minutes, cet échange entre deux jeunes corps masculins par l'intermédiaire de deux cultures chorégraphiques contradictoires, devrait se prolonger avec la création en 2011 d'un ballet intitulé H2O.
Philippe Oualid
Pour Jean-Charles Gil, le geste, traduisant toujours ce qui est profondément ressenti, relève d'une surprenante métaphysique des rapports humains au sein de cet élément primordial que représente l'Eau. Et ceci, dès le début du ballet : l'un dort, couché au sol, replié sur lui-même, l'autre, convoqué par la splendeur de l'aube, travaille sereinement sa technique académique à partir de positions croisées et effacées avant, bras en seconde, demi-pliés, pieds en cinquième sur demi-pointes, positions symboliquement dérivées de la glace et de la vapeur pour Serge Lifar, qui vont se développer en battements tendus jetés, pirouettes, puis ronds de jambe parfaitement exécutés.
A son réveil, Sisqo semble remonter de fonds marins et se livre à différentes culbutes avant-arrière, attrape par la cheville le danseur classique comme une algue, et se livre à des poiriers acrobatiques, sommet de la tête appuyé sur le sol, corps vertical, jambes raidies, pieds ébauchant l'entrechat.
La complicité entre les deux danseurs va naître d'un beau geste de Fabrice Gallarrague qui glisse des bras tendus sous les aisselles de Sisqo pour lui apprendre à marcher puis à nager dans un jeu de brasses communes avant l'étreinte finale tête de l'un contre poitrine de l'autre.
Cet émouvant duo d'une vingtaine de minutes, cet échange entre deux jeunes corps masculins par l'intermédiaire de deux cultures chorégraphiques contradictoires, devrait se prolonger avec la création en 2011 d'un ballet intitulé H2O.
Philippe Oualid