L'Italienne à Alger © Cédric Delestrade
Contrairement à l’Enlèvement au sérail de Mozart dont elle reprend d’une certaine façon l’intrigue, l’Italienne à Alger, œuvre de jeunesse de Rossini n’a rien d’oriental dans sa musique. Turquerie, elle le reste par son livret, par sa bouffonne élégance, par le regard caustique qu’elle porte sur les personnages « exotiques » que sont ici Mustafa et Haly.
Réalisateur inspiré d’une superbe production du Voyage à Reims du même compositeur, le jeune metteur en scène italien Nicola Berloffa réussit une production, déjà présentée à l’Opéra de Marseille pendant les fêtes de fin d’année en 2012, soignée et intelligente de l’œuvre de Rossini en restant fidèle au livret tout en traitant l’ensemble à la manière d’une turquerie classique avec quelques clins d’œil bienvenus au monde musulman d’aujourd’hui. Parfaitement réalisé visuellement, la production signée par Nicola Berloffa offre ses lettres de noblesse au genre de l’opéra bouffe. L’univers satirique et onirique du librettiste et du compositeur en sort transcendé. Le metteur en scène utilise à merveille le superbe décor tripartite de Rifail Ajdarpasic bien éclairé par Gianluca Antolini et de superbes costumes dessinés par lui-même, hommage appuyé au Paris des années folles.
Dans la fosse, le maestro Roberto Brizzi-Brignoli, à la tête de l’Orchestre Régional Avignon-Provence fort discipliné, met en relief chaque note et chaque intonation de la partition. Sous sa direction inspirée, pianissimi et fortissimi apparaissent parfaitement contrôlés. La partition de Rossini retrouve ici toute sa beauté évanescente !
Fosse et plateau jouissent d’un bel équilibre. Sur scène, les chanteurs, eux semblent s’amuser beaucoup. Pour une prise de rôle, le ténor bordelais Julien Dran après son très bon Almaviva dans le Barbier de Séville sur cette même scène l’an passé, livre un jeu un peu gauche et une voix un peu blanche cependant fort bien projetée se jouant de belle manière des difficultés vocales réservées par Rossini à Lindoro. Il lui manque encore cet art maîtrisé de la messa di voce dont était coutumier un Rockwell Blake par exemple.
Le reste de la distribution tire le spectacle vers la franche comédie. Pour ses débuts en Avignon, Silvia Tro Santafe trouve parfaitement ses marques dans « cruda sorte » et son duo avec l’excellent Taddeo d’Armando Noguerra est absolument délicieux. Son Isabella est une révélation même si elle nous apparaît un peu sérieuse et trop peu effrontée pour nous emporter dans « Pensa alla patria » comme pour faire jaillir tout le comique de ses confrontations avec Donato di Stefano qui débute sur la scène du Vaucluse. Tour à tour jovial et tyrannique, celui-ci campe un Mustafa exemplaire de présence scénique et de drôlerie, notamment en « Pappataci ». La basse italienne offre une voix saine et puissante d’une grande ductilité magnifiquement timbrée et aux vocalises impeccables qui font mouche dans l’aria « Gia d’insolito ardore in petto ».
La jolie voix de Clémence Tilquin et la belle présence de Giulio Mastrototaro réussissent à donner de l’étoffe aux personnages souvent sacrifiés d’Elvira et Haly. Enfin Amaya Dominguez est une Zulma de grand relief. Cette Italienne à Alger a du chien. Le bel accueil du public averti de la cité des papes en témoigne.
Serge Alexandre
Réalisateur inspiré d’une superbe production du Voyage à Reims du même compositeur, le jeune metteur en scène italien Nicola Berloffa réussit une production, déjà présentée à l’Opéra de Marseille pendant les fêtes de fin d’année en 2012, soignée et intelligente de l’œuvre de Rossini en restant fidèle au livret tout en traitant l’ensemble à la manière d’une turquerie classique avec quelques clins d’œil bienvenus au monde musulman d’aujourd’hui. Parfaitement réalisé visuellement, la production signée par Nicola Berloffa offre ses lettres de noblesse au genre de l’opéra bouffe. L’univers satirique et onirique du librettiste et du compositeur en sort transcendé. Le metteur en scène utilise à merveille le superbe décor tripartite de Rifail Ajdarpasic bien éclairé par Gianluca Antolini et de superbes costumes dessinés par lui-même, hommage appuyé au Paris des années folles.
Dans la fosse, le maestro Roberto Brizzi-Brignoli, à la tête de l’Orchestre Régional Avignon-Provence fort discipliné, met en relief chaque note et chaque intonation de la partition. Sous sa direction inspirée, pianissimi et fortissimi apparaissent parfaitement contrôlés. La partition de Rossini retrouve ici toute sa beauté évanescente !
Fosse et plateau jouissent d’un bel équilibre. Sur scène, les chanteurs, eux semblent s’amuser beaucoup. Pour une prise de rôle, le ténor bordelais Julien Dran après son très bon Almaviva dans le Barbier de Séville sur cette même scène l’an passé, livre un jeu un peu gauche et une voix un peu blanche cependant fort bien projetée se jouant de belle manière des difficultés vocales réservées par Rossini à Lindoro. Il lui manque encore cet art maîtrisé de la messa di voce dont était coutumier un Rockwell Blake par exemple.
Le reste de la distribution tire le spectacle vers la franche comédie. Pour ses débuts en Avignon, Silvia Tro Santafe trouve parfaitement ses marques dans « cruda sorte » et son duo avec l’excellent Taddeo d’Armando Noguerra est absolument délicieux. Son Isabella est une révélation même si elle nous apparaît un peu sérieuse et trop peu effrontée pour nous emporter dans « Pensa alla patria » comme pour faire jaillir tout le comique de ses confrontations avec Donato di Stefano qui débute sur la scène du Vaucluse. Tour à tour jovial et tyrannique, celui-ci campe un Mustafa exemplaire de présence scénique et de drôlerie, notamment en « Pappataci ». La basse italienne offre une voix saine et puissante d’une grande ductilité magnifiquement timbrée et aux vocalises impeccables qui font mouche dans l’aria « Gia d’insolito ardore in petto ».
La jolie voix de Clémence Tilquin et la belle présence de Giulio Mastrototaro réussissent à donner de l’étoffe aux personnages souvent sacrifiés d’Elvira et Haly. Enfin Amaya Dominguez est une Zulma de grand relief. Cette Italienne à Alger a du chien. Le bel accueil du public averti de la cité des papes en témoigne.
Serge Alexandre
Prochain opéra les 9 et 12 mars
Création en France de la version scénique « Le dernier jour d’un condamné » de Roberto, David et Federico Alagna d’après le roman de Victor Hugo avec Roberto Alagna et Adina Aaron….
Réservations : 04 90 82 81 40
www.operagrandavignon.fr
Réservations : 04 90 82 81 40
www.operagrandavignon.fr