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Une superbe production de la trop rare favorite de Donizetti au Théâtre du Capitole à Toulouse ! Par Serge Alexandre

La Favorite ouvrage composé en 1840 sur un livret en français d’Alphonse Royer demeure l’un des plus beaux de Gaetano Donizetti ; n’en déplaisent à certains.


La Favorite © Patrice Nin
La Favorite © Patrice Nin
Après de nombreux changements de distribution, cinq au total, la nouvelle production du Théâtre du Capitole confiée à l’un des metteurs en scène les plus doués de sa génération Vincent Boussard tient toutes ses promesses après 29 années d’absence sur cette même scène.
Cette production d’une grande sobriété évolue dans de beaux décors de Vincent Lemaire suggérant de grandes voûtes stylisées en trompe l’œil qu’un mur miroir redouble. Ici monastère et palais sont parfaitement rendus et fort bien éclairés par les lumières sensibles de Guido Levi. Les personnages sont affublés de superbes costumes de Christian Lacroix dont la fantaisie poétique revisite le froc monastique, les robes féminines ou les habits masculins de la cour d’Alphonse XI.
On retrouve ainsi à travers les costumes les couleurs chères au créateur arlésien : superbe robe rouge de Léonor de Guzman dans le finale. La mise en scène de Vincent Boussard efficace rend particulièrement lisible une intrigue bien mince se déroulant au XIVe siècle en Espagne en pleine invasion des Maures, moment où la religion et le pouvoir se livrent une bataille. Elle a même le mérite de transcender cette apologie de l’amour romantique.

L’intrigue débute avec Fernand qui est sur le point de prononcer ses vœux pour entrer en religion. Il avoue à son supérieur qu’il est tombé éperdument amoureux d’une jeune femme Léonore, maîtresse du roi Alphonse XI. Ainsi, il doit renoncer à sa vie monastique. Ainsi Fernand se trouve affublé d’une valise phosphorescente qu’il retrouvera à plusieurs reprises lors du tableau de l’ile de Léon et lors de la scène finale.
Sur scène, côté hommes, le jeune ténor chinois Yijie Shi engagé initialement pour chanter Gaspar est un formidable Fernand à la diction française exemplaire ( celui-ci ne parle pas un mot de français) et au timbre ensoleillé. Il se joue de toutes les difficultés du rôle avec une facilité déconcertante. Ses aigus sont d’une rare facilité et l’art de la messa di voce semble parfaitement acquis. Il est sans conteste la révélation de cette soirée.
À ses côtés Ludovic Tézier la star de nos barytons apporte le charisme nécessaire au roi de Castille. Il nous livre une inoubliable leçon de beau chant. Son Alphonse XI est émouvant à souhait donnant à la tristesse de voir partir sa maîtresse une exceptionnelle palette de couleurs vocales.
Le ténor Alain Gabriel maîtrise parfaitement le style requis et offre le relief nécessaire au personnage de Gaspar. Seul le Balhazar de la basse italienne Giovanni Furlanetto au style impeccable apparaît un peu en retrait sur le plan vocal.
Côté femme, le rôle de Léonor constitue l’un des plus beaux rôles composés pour la voix de mezzo-soprano. Kate Aldrich relève le défi sans complexe. Elle semble aussi à l’aise dans le registre grave qu’aigu. Elle apporte à la favorite la beauté et le rayonnement nécessaire à cette courtisane. Seule la prononciation du français apparaît encore un peu aléatoire. Elle devrait se bonifier au fil du temps. L’Inés de Marie Bénédicte Suquet est une suivante à la voix saine mais sans véritable relief scénique. Les chœurs du capitole sont quant à eux exemplaires pour parachever ce festival vocal.
Dans la fosse à la tête de l’excellent orchestre national de Toulouse, le maestro Antonello Allemandi semble bien peu inspiré. Sa direction apparaît bien trop routinière et dépourvue de toutes nuances pour nous transporter dans cet ouvrage qui est une fenêtre ouverte sur le grand opéra français à la manière d’un Meyerbeer ou d’un Félicien David. Souvent l’équilibre fosse et scène semble précaire…
Signalons enfin plusieurs parasitages sonores lors des actes 3 et 4 qui auraient pu conduire à la catastrophe si les chanteurs et musiciens de l’orchestre n’avaient pas fait preuve d’un exceptionnel professionnalisme. Cela dit, ne cachons pas notre bonheur cette favorite-là, restera dans les mémoires. L’accueil triomphal du public toulousain en témoigne. La direction de Frédéric Chambert du théâtre du capitole peut se réjouir de porter bien haut les couleurs de l’opéra sur le plan international. Souhaitons que cette magnifique production voyage à travers le monde !
Serge Alexandre

Prochain opéra : Cavaleria Rusticana de Pietro Mascagni et Paillasse de Leoncavallo dans une mise en scène de Yannis Kokkos sous la direction orchestrale de Tugan Sokhiev du 14 au 23 mars.
Tél : 05 61 63 13 13
www.theatreducapitole.fr

Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 26 Février 2014 à 22:00 | Lu 315 fois

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