On peut parler d’étrange unité, d’association instinctive primaire même si l’utilisation du parfum renvoie à la civilité des relations humaines. L’exposition est, en tous cas, une initiation à l’étrange vérité de la vie, vérité qui ne part plus, pour reprendre la réflexion d’Edgar Morin, d’un sol ferme mais plutôt d’un sol qui s’effondre.
Le travail d’Yves Hayat sur l’euphémisme de la menace permanente explore tous les mystères humains. Son originalité est d’amalgamer la sublimation artistique avec le règne de la violence : aucune célébration de la cruauté mais, plutôt, la mise en abyme, à travers une présentation de l’exaltation de la vie, du regard cynique que nous avons quand nous acceptons l’inacceptable, pour nous faire prendre conscience de ce que nous vivons.
Il s’agit de rendre la beauté tragique de notre monde tel qu’il est et de saisir le ressentiment humain toujours à l’œuvre.
Bien que le parfum semble être une senteur d’éternité au-dessus des drames humains, des contingences de notre barbarie, les flacons « Place de la Révolution » nous montrent à quel point, sur une courte période, nous traversons des changements de paradigmes. Loin de nous tromper et loin d’embellir la dureté, le cynisme et la froideur du processus de déshumanisation que nous constatons dans notre société, Yves HAYAT ne nous berce pas d’illusions avec des images inspirées de l’ère de la communication et de la tendance à la surmédiatisation, il détourne subtilement l’image et c’est à ce niveau que se situe le travail de l’artiste, il se débarrasse de tous les formatages, il se plonge dans les arrière-mondes et parvient à faire advenir l’étrange réalité de la misère de l’existence, avec un sens démiurgique qui lui est propre. Il réhabilite notre monde.
Même si notre planète semble en proie à toutes les atrocités, elle reste habitée également, spirituellement et amoureusement, par le désir.
Cette saisie de la réalité n’est pas un artifice nécessaire de l’œuvre d’Yves Hayat, elle en est la substantifique moelle. Chacun des flacons imaginés par lui renferme nos mondes et leur ensemble fait de l’exposition une explosion de contrastes, de nuances où l’unité est plurielle. Il s’agit d’un grand voyage d’odeurs, loin d’une « odeur de sainteté » au cours duquel on ne cesse jamais de visualiser, de ressentir la vie et la mort, le plaisir et la souffrance, le masculin et le féminin, la lumière et les ténèbres et ainsi de suite, non en termes d’opposition mais comme étant une seule et même chose avec toute sa complexité.
Dans notre monde qui engendre souffrance et mort, ce sont les flacons de parfum qui renferment les exaltations de la vie définies par Nietzche, dominées par les jeux d’Eros et de Thanatos. Ces parfums renferment des anges et des démons. Par la présentation, en série, de ces alambics à distiller le parfum, expression de la création, du raffinement, de l’élégance, de la sensualité, Yves HAYAT nous amène aussi à nous interroger sur la valeur et la portée de la technique.
Comprendre le sens du titre de l’exposition : « Le Parfum, cet obscur objet du désir », nécessite une disposition particulière de l’esprit pour percevoir l’idée selon laquelle l’art peut nous révéler les déclinaisons de la beauté qui demeure la force génératrice de toute notre vie.
Yves Hayat remplit sa fonction en instaurant le dialogue avec vous, en vous permettant d’accéder à une interprétation de notre univers anxiogène, en exprimant la nature humaine malgré l’inhumanité des actes et en mettant en exergue l’intensité vitale malgré la présence de la mort dans ses œuvres. À travers l’étrangeté du jeu de superposition, de confusion, de cohabitation des univers, vous pourrez contempler un travail artistique qui repose sur un échange entre le réel et le symbolique comme mode privilégié d’exploration de l’altérité, d’autrui et de soi-même.
Malgré les apparences, vous aurez donc compris que c’est, en fait, une exposition pleine de foi en l’existence, car ce qui est mis en avant, ce ne sont pas les abominations marketées de notre monde mais une éthique1 contre les inquiétudes de notre conscience qui, trop longtemps, a pris l’habitude de se complaire dans une sorte d’illusion de la mélancolie ou de solitude de la dépression narcissique qui ne correspond, bien souvent, qu’à une phobie de la liberté.
François Birembaux, 2017
Le travail d’Yves Hayat sur l’euphémisme de la menace permanente explore tous les mystères humains. Son originalité est d’amalgamer la sublimation artistique avec le règne de la violence : aucune célébration de la cruauté mais, plutôt, la mise en abyme, à travers une présentation de l’exaltation de la vie, du regard cynique que nous avons quand nous acceptons l’inacceptable, pour nous faire prendre conscience de ce que nous vivons.
Il s’agit de rendre la beauté tragique de notre monde tel qu’il est et de saisir le ressentiment humain toujours à l’œuvre.
Bien que le parfum semble être une senteur d’éternité au-dessus des drames humains, des contingences de notre barbarie, les flacons « Place de la Révolution » nous montrent à quel point, sur une courte période, nous traversons des changements de paradigmes. Loin de nous tromper et loin d’embellir la dureté, le cynisme et la froideur du processus de déshumanisation que nous constatons dans notre société, Yves HAYAT ne nous berce pas d’illusions avec des images inspirées de l’ère de la communication et de la tendance à la surmédiatisation, il détourne subtilement l’image et c’est à ce niveau que se situe le travail de l’artiste, il se débarrasse de tous les formatages, il se plonge dans les arrière-mondes et parvient à faire advenir l’étrange réalité de la misère de l’existence, avec un sens démiurgique qui lui est propre. Il réhabilite notre monde.
Même si notre planète semble en proie à toutes les atrocités, elle reste habitée également, spirituellement et amoureusement, par le désir.
Cette saisie de la réalité n’est pas un artifice nécessaire de l’œuvre d’Yves Hayat, elle en est la substantifique moelle. Chacun des flacons imaginés par lui renferme nos mondes et leur ensemble fait de l’exposition une explosion de contrastes, de nuances où l’unité est plurielle. Il s’agit d’un grand voyage d’odeurs, loin d’une « odeur de sainteté » au cours duquel on ne cesse jamais de visualiser, de ressentir la vie et la mort, le plaisir et la souffrance, le masculin et le féminin, la lumière et les ténèbres et ainsi de suite, non en termes d’opposition mais comme étant une seule et même chose avec toute sa complexité.
Dans notre monde qui engendre souffrance et mort, ce sont les flacons de parfum qui renferment les exaltations de la vie définies par Nietzche, dominées par les jeux d’Eros et de Thanatos. Ces parfums renferment des anges et des démons. Par la présentation, en série, de ces alambics à distiller le parfum, expression de la création, du raffinement, de l’élégance, de la sensualité, Yves HAYAT nous amène aussi à nous interroger sur la valeur et la portée de la technique.
Comprendre le sens du titre de l’exposition : « Le Parfum, cet obscur objet du désir », nécessite une disposition particulière de l’esprit pour percevoir l’idée selon laquelle l’art peut nous révéler les déclinaisons de la beauté qui demeure la force génératrice de toute notre vie.
Yves Hayat remplit sa fonction en instaurant le dialogue avec vous, en vous permettant d’accéder à une interprétation de notre univers anxiogène, en exprimant la nature humaine malgré l’inhumanité des actes et en mettant en exergue l’intensité vitale malgré la présence de la mort dans ses œuvres. À travers l’étrangeté du jeu de superposition, de confusion, de cohabitation des univers, vous pourrez contempler un travail artistique qui repose sur un échange entre le réel et le symbolique comme mode privilégié d’exploration de l’altérité, d’autrui et de soi-même.
Malgré les apparences, vous aurez donc compris que c’est, en fait, une exposition pleine de foi en l’existence, car ce qui est mis en avant, ce ne sont pas les abominations marketées de notre monde mais une éthique1 contre les inquiétudes de notre conscience qui, trop longtemps, a pris l’habitude de se complaire dans une sorte d’illusion de la mélancolie ou de solitude de la dépression narcissique qui ne correspond, bien souvent, qu’à une phobie de la liberté.
François Birembaux, 2017
Pratique
Musée International de la Parfumerie
2 Boulevard du Jeu de Ballon
06130 Grasse, France
Téléphone : +33 4 97 05 58 00
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