Dans une scénographie d’une intelligence plastique étonnante, l’un des plus grands acteurs actuels, le flamand Dirk Roofthooft ? reçu en 2008 dans le Roi du Plagiat ? livre ici le récit calciné d’un enfant des camps, sous forme de chant de deuil à la mère. Autoportrait d’un homme en perte de substance, Rouge décanté est une adaptation du roman de Brouwers, signée Guy Cassiers, artiste belge maniant le multimédia et la littérature avec une aisance folle. Un moment de théâtre hallucinant !
Sur le plateau, de petits bassins japonais, un dispositif de neuf caméras projetant le visage de l’acteur sur store de bambou géant et un écran lamellé renvoyant le même visage déformé. Là, Dirk Roofthooft se lime la corne des pieds, méthodiquement. On suit ses gestes calmes et précis quand le récit s’ouvre. Alors qu’il apprend la mort de sa mère, l’homme plonge en apnée dans le passé jusqu’à la révélation patiente du souvenir impossible. Cela ressemble à un stupéfiant tête-à-tête avec un être démultiplié, éliminant progressivement les durillons de l’affect pour retrouver son lien avec la vie. C’est l’histoire dure et troublante de Jeroen Brouwers dont l’expérience précoce de l’avilissement a détruit le rapport à sa mère et abîmé chacune de ses relations amoureuses. Avril 1945, Jeroen Brouwers a 5 ans. Enfant hollandais né en Indonésie d’une famille de colons, il est depuis deux ans interné avec sa mère, sa grand-mère et sa sœur dans un camp de concentration japonais, à Djakarta. Son quotidien ? Les tortures, brimades et violences les plus inventives. Par la voix de l’acteur, la musique et l’image, la pièce saisit le traumatisme et déroule l'anéantissement de l’existence qui le prolonge. Ni cri ni hurlement, l’indicible est suspendu dans l’air. Dans une mise en perspective d’une puissance impressionnante, Guy Cassiers dépose le portrait d’un individu qui s’est encarapaçonné pour survivre. Que se passe-t-il quand on a bouché les pores de cette peau d’homme qui permet de percevoir le monde ? Morcellement et perte de substance, c’est l’être qui se délite. Une pièce d’art vivant palpitante dont on sort avec la conscience vive et une perception agrandie de l’homme.
mardi 12 et mercredi 13 janvier à 20h30
dans la grande salle
tarif B durée 1h30
Sur le plateau, de petits bassins japonais, un dispositif de neuf caméras projetant le visage de l’acteur sur store de bambou géant et un écran lamellé renvoyant le même visage déformé. Là, Dirk Roofthooft se lime la corne des pieds, méthodiquement. On suit ses gestes calmes et précis quand le récit s’ouvre. Alors qu’il apprend la mort de sa mère, l’homme plonge en apnée dans le passé jusqu’à la révélation patiente du souvenir impossible. Cela ressemble à un stupéfiant tête-à-tête avec un être démultiplié, éliminant progressivement les durillons de l’affect pour retrouver son lien avec la vie. C’est l’histoire dure et troublante de Jeroen Brouwers dont l’expérience précoce de l’avilissement a détruit le rapport à sa mère et abîmé chacune de ses relations amoureuses. Avril 1945, Jeroen Brouwers a 5 ans. Enfant hollandais né en Indonésie d’une famille de colons, il est depuis deux ans interné avec sa mère, sa grand-mère et sa sœur dans un camp de concentration japonais, à Djakarta. Son quotidien ? Les tortures, brimades et violences les plus inventives. Par la voix de l’acteur, la musique et l’image, la pièce saisit le traumatisme et déroule l'anéantissement de l’existence qui le prolonge. Ni cri ni hurlement, l’indicible est suspendu dans l’air. Dans une mise en perspective d’une puissance impressionnante, Guy Cassiers dépose le portrait d’un individu qui s’est encarapaçonné pour survivre. Que se passe-t-il quand on a bouché les pores de cette peau d’homme qui permet de percevoir le monde ? Morcellement et perte de substance, c’est l’être qui se délite. Une pièce d’art vivant palpitante dont on sort avec la conscience vive et une perception agrandie de l’homme.
mardi 12 et mercredi 13 janvier à 20h30
dans la grande salle
tarif B durée 1h30