Henri Mauperché - Paysage, 1686 © Petit Palais / Roger-Viollet
Leurs thèmes de prédilection sont les vestiges et les ruines romaines, l’iconographie mythologique, les monuments de la Renaissance, et naturellement les jeunes beautés romaines (comme Marietta, idéalisée par Corot). Leur palette s’éclaire à la lumière transalpine, devant des paysages si éminemment « pittoresques ».
L’exposition présente une centaine d’oeuvres (peintures, dessins estampes et sculptures) tantôt exécutées sur le motif et reprises à l’atelier, tantôt recomposées au retour des artistes en France.
Pour le XVIIe siècle, une large place est réservée au peintre, au dessinateur et graveur d’exception Claude Gellée dit Le Lorrain. Le très spectaculaire décor mythologique de huit peintures monumentales par Hubert Robert, provenant de l’ancien Hôtel de Beaumarchais, sera recomposé pour la première fois depuis 1818. Six de ces peintures ornent aujourd’hui les salons de l’Hôtel de Ville, elles sortiront exceptionnellement pour être présentées avec celles provenant du Petit Palais. En regard, figureront des oeuvres signées Fragonard, Joseph Vernet, Vien...
L’attrait romantique des français pour l’Italie au XIXe siècle se poursuit avec Ingres, Granet, Prud’hon et Corot. Parmi les inédits seront présentées d’étonnantes aquarelles de Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, réalisées lors de son séjour à la Villa Médicis, ainsi que deux plâtres du jeune Carpeaux et deux peintures à l’huile de Charles Blanchard : son autoportrait et celui du jeune compositeur Charles Gounod.
Une vingtaine de céramiques et bronzes antiques rapportés par les frères Dutuit complète l’ensemble.
L’exposition présente une centaine d’oeuvres (peintures, dessins estampes et sculptures) tantôt exécutées sur le motif et reprises à l’atelier, tantôt recomposées au retour des artistes en France.
Pour le XVIIe siècle, une large place est réservée au peintre, au dessinateur et graveur d’exception Claude Gellée dit Le Lorrain. Le très spectaculaire décor mythologique de huit peintures monumentales par Hubert Robert, provenant de l’ancien Hôtel de Beaumarchais, sera recomposé pour la première fois depuis 1818. Six de ces peintures ornent aujourd’hui les salons de l’Hôtel de Ville, elles sortiront exceptionnellement pour être présentées avec celles provenant du Petit Palais. En regard, figureront des oeuvres signées Fragonard, Joseph Vernet, Vien...
L’attrait romantique des français pour l’Italie au XIXe siècle se poursuit avec Ingres, Granet, Prud’hon et Corot. Parmi les inédits seront présentées d’étonnantes aquarelles de Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, réalisées lors de son séjour à la Villa Médicis, ainsi que deux plâtres du jeune Carpeaux et deux peintures à l’huile de Charles Blanchard : son autoportrait et celui du jeune compositeur Charles Gounod.
Une vingtaine de céramiques et bronzes antiques rapportés par les frères Dutuit complète l’ensemble.
Le XVIIe siècle autour de Claude Gellée dit Le Lorrain
Depuis la Renaissance – dont le foyer d’éclosion fut la Toscane – les artistes du Nord ont aspiré à franchir les Alpes pour accéder aux richesses de l’humanisme et aux exemples d’un nouvel art figuratif, héritier des leçons de l’Antiquité classique redécouverte.
A la jonction des XVe et XVIe siècles, l’Allemand Albrecht Dürer est le premier artiste d’envergure internationale à entreprendre le « voyage de formation » en Italie. Ce voyage allait rapidement devenir une étape presque obligatoire pour le compagnon qui voulait accéder à la maîtrise.
Jusqu’aux premières décennies du XVIIe siècle, ce fut toujours par rapport aux sollicitations de l’art italien que les diverses écoles nationales d’Europe ont réagi tandis que les voyages et échanges Nord/Sud s’intensifient dans les deux sens. De ces interactions témoignent des courants et des expressions artistiques diverses : l’Ecole de Fontainebleau en France et les différentes formes du maniérisme européen, le renouveau « italianisant » aux Pays-Bas, puis l’expansion généralisée du caravagisme, avec ses versions « luministes » en France et en Hollande, et « ténébristes » en Espagne.
Au XVIIe siècle, Rome devient – devant toutes les autres villes italiennes – le centre culturel le plus fécond et le plus attractif de la péninsule. Les fouilles antiques ont fait de la ville un musée à ciel ouvert tandis que coexistent et s’enrichissent les ferments artistiques les plus prometteurs du moment : le caravagisme et son apport révolutionnaire, l’école classicisante des Carrache, le bastion classique d’Albani, du Dominiquin et de Guido Reni, l’épanouissement baroque du Bernin et de Pierre de Cortone. C’est dans la Ville éternelle que sera instituée en 1666 l’Académie de France à Rome, étroitement liée à l’Académie de Saint Luc, et dont le propos était de former les boursiers « au bon goût et à la manière des Anciens ». Plus largement, un grand nombre de peintres français vont à Rome pour s’y former ou compléter leur formation, comme Vouet, Vignon, Blanchard et Stella. Certains y accomplissent toute leur carrière comme Mellin, Claude Gellée et Poussin.
Représentant par excellence du paysage classique, Claude Gellée (1600-1682) constitue l’exemple d’un artiste qui a autant reçu de sa patrie d’adoption qu’il lui a donné. Orphelin à douze ans, Claude - qui se nommera lui-même Le Lorrain en raison de son origine-, se rendit à Rome entre 1612 et 1620, sans but ni vocation particulière. Domestique puis élève d’Agostino Tassi - un fresquiste et un peintre de paysages et de marines -, Claude Gellée complète son apprentissage à Naples puis, lors d’un séjour de deux ans en Lorraine, auprès de Deruet à Nancy (1625-1626). De retour à Rome en 1627, Claude Gellée s’y installe définitivement.
D’emblée, il choisit de devenir un peintre de paysage, genre qui avait acquis son autonomie vers 1600. Ses contemporains relatent qu’il avait l’habitude de faire des excursions autour de la ville, jusqu’à Tivoli, Frascati et Subiaco, pour dessiner sur le motif. Ses dessins d’après nature, au lavis de bistre principalement, constituent l’un des chapitres les plus brillants de l’histoire de cette technique. Parallèlement, Claude Gellée s’engageait dans une carrière de peintre (plus de 200 peintures) et de graveur à l’eau-forte, créant dans cette technique quelque 44 planches.
L’oeuvre de Claude Gellée, qui s’offre comme un monde poétique original et cohérent, donne, malgré la diversité des techniques utilisées, une impression de très grande unité. Ses premiers paysages, créés entre 1629 et 1640, charment par leur fraîcheur rustique et par des effets de couchers de soleil incandescents, véritables emblèmes de son style selon beaucoup d’amateurs.
A partir de 1640 se distingue l’influence classique d’Annibal Carrache et de Poussin. Claude Gellée crée des paysages régis désormais par une certaine stylisation, tandis que les sujets choisis dans la Bible, l’Enéide ou les Métamorphoses d’Ovide, sont traités avec retenue et noblesse. La « grande manière » de Claude commence vers 1650. Désormais et jusqu’à sa mort, le maître produit des oeuvres dans une veine héroïque, inclinant à revêtir un caractère épuré et austère.
La production de Claude Gellée est très correctement représentée dans la collection Dutuit qui conserve une peinture, deux dessins et pratiquement tout l’oeuvre gravé du maître, y compris les Feux d’artifice de 1637 (planches séparées et ouvrages reliés). Il faut souligner que les gravures de Claude sont souvent en étroite liaison avec les propres compositions peintes du maître et sont ainsi très représentatives de l’univers pictural de ce dernier.
Par ailleurs le célèbre Liber veritatis du maître est présent ici dans sa version imprimée et gravée à l’aquatinte par Richard Earlom, en 1777. Le Liber Veritatis, ou Livre de vérité, est un album de dessins (conservé au British Museum), où Le Lorrain a reproduit à partir de 1636 ses propres tableaux, en indiquant au verso le nom de l'acheteur et souvent la date d'exécution. A la mort de Claude, il contenait 195 dessins, 5 furent ajoutés par ses héritiers, portant le total à 200.
Pendant plus de 60 années d’activité, Claude Gellée sut magnifiquement faire son chemin à Rome, dans un climat de compétition professionnelle très ardue. Il put ainsi conquérir une place originale à côté de Poussin, créant un oeuvre moins intellectuel et moins antiquisant mais riche d’une sensibilité élégiaque unique.
Sophie Renouard de Bussierre, conservateur en Chef du Patrimoine, Petit Palais
A la jonction des XVe et XVIe siècles, l’Allemand Albrecht Dürer est le premier artiste d’envergure internationale à entreprendre le « voyage de formation » en Italie. Ce voyage allait rapidement devenir une étape presque obligatoire pour le compagnon qui voulait accéder à la maîtrise.
Jusqu’aux premières décennies du XVIIe siècle, ce fut toujours par rapport aux sollicitations de l’art italien que les diverses écoles nationales d’Europe ont réagi tandis que les voyages et échanges Nord/Sud s’intensifient dans les deux sens. De ces interactions témoignent des courants et des expressions artistiques diverses : l’Ecole de Fontainebleau en France et les différentes formes du maniérisme européen, le renouveau « italianisant » aux Pays-Bas, puis l’expansion généralisée du caravagisme, avec ses versions « luministes » en France et en Hollande, et « ténébristes » en Espagne.
Au XVIIe siècle, Rome devient – devant toutes les autres villes italiennes – le centre culturel le plus fécond et le plus attractif de la péninsule. Les fouilles antiques ont fait de la ville un musée à ciel ouvert tandis que coexistent et s’enrichissent les ferments artistiques les plus prometteurs du moment : le caravagisme et son apport révolutionnaire, l’école classicisante des Carrache, le bastion classique d’Albani, du Dominiquin et de Guido Reni, l’épanouissement baroque du Bernin et de Pierre de Cortone. C’est dans la Ville éternelle que sera instituée en 1666 l’Académie de France à Rome, étroitement liée à l’Académie de Saint Luc, et dont le propos était de former les boursiers « au bon goût et à la manière des Anciens ». Plus largement, un grand nombre de peintres français vont à Rome pour s’y former ou compléter leur formation, comme Vouet, Vignon, Blanchard et Stella. Certains y accomplissent toute leur carrière comme Mellin, Claude Gellée et Poussin.
Représentant par excellence du paysage classique, Claude Gellée (1600-1682) constitue l’exemple d’un artiste qui a autant reçu de sa patrie d’adoption qu’il lui a donné. Orphelin à douze ans, Claude - qui se nommera lui-même Le Lorrain en raison de son origine-, se rendit à Rome entre 1612 et 1620, sans but ni vocation particulière. Domestique puis élève d’Agostino Tassi - un fresquiste et un peintre de paysages et de marines -, Claude Gellée complète son apprentissage à Naples puis, lors d’un séjour de deux ans en Lorraine, auprès de Deruet à Nancy (1625-1626). De retour à Rome en 1627, Claude Gellée s’y installe définitivement.
D’emblée, il choisit de devenir un peintre de paysage, genre qui avait acquis son autonomie vers 1600. Ses contemporains relatent qu’il avait l’habitude de faire des excursions autour de la ville, jusqu’à Tivoli, Frascati et Subiaco, pour dessiner sur le motif. Ses dessins d’après nature, au lavis de bistre principalement, constituent l’un des chapitres les plus brillants de l’histoire de cette technique. Parallèlement, Claude Gellée s’engageait dans une carrière de peintre (plus de 200 peintures) et de graveur à l’eau-forte, créant dans cette technique quelque 44 planches.
L’oeuvre de Claude Gellée, qui s’offre comme un monde poétique original et cohérent, donne, malgré la diversité des techniques utilisées, une impression de très grande unité. Ses premiers paysages, créés entre 1629 et 1640, charment par leur fraîcheur rustique et par des effets de couchers de soleil incandescents, véritables emblèmes de son style selon beaucoup d’amateurs.
A partir de 1640 se distingue l’influence classique d’Annibal Carrache et de Poussin. Claude Gellée crée des paysages régis désormais par une certaine stylisation, tandis que les sujets choisis dans la Bible, l’Enéide ou les Métamorphoses d’Ovide, sont traités avec retenue et noblesse. La « grande manière » de Claude commence vers 1650. Désormais et jusqu’à sa mort, le maître produit des oeuvres dans une veine héroïque, inclinant à revêtir un caractère épuré et austère.
La production de Claude Gellée est très correctement représentée dans la collection Dutuit qui conserve une peinture, deux dessins et pratiquement tout l’oeuvre gravé du maître, y compris les Feux d’artifice de 1637 (planches séparées et ouvrages reliés). Il faut souligner que les gravures de Claude sont souvent en étroite liaison avec les propres compositions peintes du maître et sont ainsi très représentatives de l’univers pictural de ce dernier.
Par ailleurs le célèbre Liber veritatis du maître est présent ici dans sa version imprimée et gravée à l’aquatinte par Richard Earlom, en 1777. Le Liber Veritatis, ou Livre de vérité, est un album de dessins (conservé au British Museum), où Le Lorrain a reproduit à partir de 1636 ses propres tableaux, en indiquant au verso le nom de l'acheteur et souvent la date d'exécution. A la mort de Claude, il contenait 195 dessins, 5 furent ajoutés par ses héritiers, portant le total à 200.
Pendant plus de 60 années d’activité, Claude Gellée sut magnifiquement faire son chemin à Rome, dans un climat de compétition professionnelle très ardue. Il put ainsi conquérir une place originale à côté de Poussin, créant un oeuvre moins intellectuel et moins antiquisant mais riche d’une sensibilité élégiaque unique.
Sophie Renouard de Bussierre, conservateur en Chef du Patrimoine, Petit Palais
Section XVIIIe siècle : Autour d’Hubert Robert
Au XVIIIe siècle, même si dans l’esprit des Français, Paris est devenue la nouvelle Rome et a
détrôné sa rivale dans le rôle de capitale culturelle du monde, le voyage en Italie est perçu comme
un voyage initiatique obligé pour les jeunes gens. Les lauréats du Grand Prix décerné chaque
année par les Académiciens séjournent trois ans à Rome comme pensionnaires du Roi. Beaucoup
d’autres artistes, notamment des provinciaux et les peintres paysagistes qui ne peuvent concourir
pour le Grand Prix, réservé aux peintres d’histoire, passent quelques années dans la ville éternelle
grâce à la générosité de riches protecteurs amateurs d’art. Tel est le cas des deux grands
paysagistes présents dans l’exposition, Claude-Joseph Vernet et surtout Hubert Robert qui finira
par obtenir le statut si convoité de pensionnaire.
Encouragés par les directeurs successifs de l’Académie de France à Rome, de Charles Errard, en
1666, à Ingres en 1835, les jeunes artistes explorent la campagne, munis de matériel de peintre ou
de carnets de croquis. Dessins et études colorées réalisés en plein air sont autant d’aides-mémoire
précieusement conservés dans leur atelier qu’ils utilisent plus tard pour peindre des compositions
« achevées ». Mais déjà les amateurs apprécient ces feuilles, telles les Jardins de la Villa d’Este de
Fragonard, comme des oeuvres abouties.
Claude-Joseph Vernet et ses émules partent à l’école de la nature sur les collines de Tivoli et de
Frascati, où ils s’efforcent de capter les variations lumineuses et atmosphériques, renouvelant
ainsi le genre du paysage, comme en témoignent les deux versions des Cascatelles de Tivoli peintes
l’une par Vernet entre 1740 et 1748, et l’autre par Hubert Robert, en 1776.
La communauté d’artistes français vit le plus souvent autour du palais Mancini, où s’est installée
l’Académie, l’un des hauts lieux de la vie culturelle locale. Ils s’y retrouvent pour dessiner « le
modèle » vivant, étudier la belle collection de plâtres d’après l’antique, et rencontrer de riches
amateurs et futurs clients. Les pensionnaires organisent des fêtes et des Mascarades. Lors du
Carnaval de 1748, Joseph-Marie Vien propose le thème de la Caravane du grand Seigneur à la Mecque.
L’évènement est un franc succès. Ne murmure-t-on pas que le pape y aurait assisté incognito ?
Pour en garder le souvenir, Vien réalise les portraits de ses joyeux amis.
Dilettantes, curieux, érudits, « antiquaires » et jeunes gens bien nés qui parachèvent leur
éducation, comme les aristocrates anglais qui effectuent le « Grand Tour » dont ils inventent le
terme, tous se retrouvent en Italie. Leur périple les conduit à Rome, Gênes, Florence et Venise
mais aussi dans le sud de la péninsule à Naples, Herculanum et Pompéi - dont les fouilles
commencent - et à Paestum où l’on découvre l’architecture grecque que les érudits apprennent à
distinguer de l’architecture romaine. Certains s’aventurent même jusqu’en Sicile. Ces voyageurs
tiennent leurs journaux, rédigent des guides et se font accompagner d’artistes pour dessiner sites
pittoresques, vestiges antiques et prodiges de la nature. Hubert Robert accompagne l’abbé de
Saint-Non à Naples et peint la Grotte du Pausilippe. Il dessine l’éruption du Vésuve, les fouilles
d’Herculanum ou encore la côte amalfitaine. Longtemps après son retour, entre 1781 et 1786,
l’abbé de Saint-Non publie le Voyage pittoresque ou description du Royaume de Naples et des deux Siciles,
illustré d’après les dessins d’Hubert Robert mais aussi de Fragonard, Houël, Desprez ou Cassas.
Ces merveilleux volumes ruineront l’abbé mais font encore la délectation des bibliophiles.
Les inventeurs du tourisme aiment à rapporter des souvenirs, antiques ou copies et oeuvres d’art
moderne. Ils apprécient en particulier les vedute.
Dans la mouvance de Pannini et de Piranèse, Hubert Robert se fait une spécialité des peintures
de ruines. Après un séjour de plus de dix ans en Italie, il rentre en France où il poursuit une
carrière officielle. Reçu Académicien, il devient dessinateur des jardins du roi et garde du museum
du Louvre. Robert des ruines, comme on le surnomme, fait appel à ses souvenirs pour exposer au
Salon pléiade de « tableaux d’architecture et monuments antiques de Rome et des environs » et
autres « dessins coloriés faits en Italie, paysages, jardins, temples et édifices antiques et modernes
de Rome ». L’on s’arrache ses grands panneaux décoratifs insérés dans les lambris des nouvelles
demeures à la grecque, c’est à dire dans le style néoclassique, qui ouvrent par de larges baies sur
des jardins à l’anglaise. Les peintures « italiennes » d’Hubert Robert font écho à la nature
environnante, une nature civilisée, sophistiquée, habitée de folies, de belvédères et de statues
antiques.
Ainsi, en 1790, dans les premiers mois de la Révolution encore porteuse des idéaux et du goût
des Lumières, Beaumarchais fait-il appel au maître pour décorer le salon de son luxueux hôtel
particulier, juste construit, à proximité de la place de la Bastille. Hubert Robert brosse
rapidement, trop rapidement même, comme le lui reproche le commanditaire, huit panneaux
représentant les plus célèbres statues antiques découvertes en Italie, copies romaines de
sculptures grecques que l’on prenait alors pour des originaux hellènes. Il les associe à des
monuments ou à des ruines antiques, comme le Gladiateur Borghèse devant le Colisée, au milieu de
paysages italianisants. Des scénettes représentant le petit peuple romain vaquant à des activités
quotidiennes parachèvent chaque composition. Deux jeunes chenapans se battent devant le
Gladiateur Borghèse au grand effroi de leur mère.
Acquis par la Ville de Paris en 1818, l’hôtel de Beaumarchais est détruit pour faciliter l’ouverture
du canal Saint-Martin. Les panneaux récupérés sont installés à l’Hôtel de Ville. Ils survivent à
l’incendie de 1871 et, après une restauration drastique, sont réaccrochés dans le nouvel hôtel de
Ville. Six d’entre eux n’en sortiront plus tandis que les deux derniers rejoignent les collections du
Petit Palais en 1902. Pour la première fois depuis plus d’un siècle, le maire de Paris a accepté que
les panneaux d’Hubert Robert quittent provisoirement l’Hôtel de Ville. L’un des derniers grands
décors célèbres du siècle des Lumières sera ainsi exceptionnellement réuni et accessible pour la
première fois à l’admiration des visiteurs.
Maryline Assante di Panzillo, conservateur du Patrimoine, Petit Palais
détrôné sa rivale dans le rôle de capitale culturelle du monde, le voyage en Italie est perçu comme
un voyage initiatique obligé pour les jeunes gens. Les lauréats du Grand Prix décerné chaque
année par les Académiciens séjournent trois ans à Rome comme pensionnaires du Roi. Beaucoup
d’autres artistes, notamment des provinciaux et les peintres paysagistes qui ne peuvent concourir
pour le Grand Prix, réservé aux peintres d’histoire, passent quelques années dans la ville éternelle
grâce à la générosité de riches protecteurs amateurs d’art. Tel est le cas des deux grands
paysagistes présents dans l’exposition, Claude-Joseph Vernet et surtout Hubert Robert qui finira
par obtenir le statut si convoité de pensionnaire.
Encouragés par les directeurs successifs de l’Académie de France à Rome, de Charles Errard, en
1666, à Ingres en 1835, les jeunes artistes explorent la campagne, munis de matériel de peintre ou
de carnets de croquis. Dessins et études colorées réalisés en plein air sont autant d’aides-mémoire
précieusement conservés dans leur atelier qu’ils utilisent plus tard pour peindre des compositions
« achevées ». Mais déjà les amateurs apprécient ces feuilles, telles les Jardins de la Villa d’Este de
Fragonard, comme des oeuvres abouties.
Claude-Joseph Vernet et ses émules partent à l’école de la nature sur les collines de Tivoli et de
Frascati, où ils s’efforcent de capter les variations lumineuses et atmosphériques, renouvelant
ainsi le genre du paysage, comme en témoignent les deux versions des Cascatelles de Tivoli peintes
l’une par Vernet entre 1740 et 1748, et l’autre par Hubert Robert, en 1776.
La communauté d’artistes français vit le plus souvent autour du palais Mancini, où s’est installée
l’Académie, l’un des hauts lieux de la vie culturelle locale. Ils s’y retrouvent pour dessiner « le
modèle » vivant, étudier la belle collection de plâtres d’après l’antique, et rencontrer de riches
amateurs et futurs clients. Les pensionnaires organisent des fêtes et des Mascarades. Lors du
Carnaval de 1748, Joseph-Marie Vien propose le thème de la Caravane du grand Seigneur à la Mecque.
L’évènement est un franc succès. Ne murmure-t-on pas que le pape y aurait assisté incognito ?
Pour en garder le souvenir, Vien réalise les portraits de ses joyeux amis.
Dilettantes, curieux, érudits, « antiquaires » et jeunes gens bien nés qui parachèvent leur
éducation, comme les aristocrates anglais qui effectuent le « Grand Tour » dont ils inventent le
terme, tous se retrouvent en Italie. Leur périple les conduit à Rome, Gênes, Florence et Venise
mais aussi dans le sud de la péninsule à Naples, Herculanum et Pompéi - dont les fouilles
commencent - et à Paestum où l’on découvre l’architecture grecque que les érudits apprennent à
distinguer de l’architecture romaine. Certains s’aventurent même jusqu’en Sicile. Ces voyageurs
tiennent leurs journaux, rédigent des guides et se font accompagner d’artistes pour dessiner sites
pittoresques, vestiges antiques et prodiges de la nature. Hubert Robert accompagne l’abbé de
Saint-Non à Naples et peint la Grotte du Pausilippe. Il dessine l’éruption du Vésuve, les fouilles
d’Herculanum ou encore la côte amalfitaine. Longtemps après son retour, entre 1781 et 1786,
l’abbé de Saint-Non publie le Voyage pittoresque ou description du Royaume de Naples et des deux Siciles,
illustré d’après les dessins d’Hubert Robert mais aussi de Fragonard, Houël, Desprez ou Cassas.
Ces merveilleux volumes ruineront l’abbé mais font encore la délectation des bibliophiles.
Les inventeurs du tourisme aiment à rapporter des souvenirs, antiques ou copies et oeuvres d’art
moderne. Ils apprécient en particulier les vedute.
Dans la mouvance de Pannini et de Piranèse, Hubert Robert se fait une spécialité des peintures
de ruines. Après un séjour de plus de dix ans en Italie, il rentre en France où il poursuit une
carrière officielle. Reçu Académicien, il devient dessinateur des jardins du roi et garde du museum
du Louvre. Robert des ruines, comme on le surnomme, fait appel à ses souvenirs pour exposer au
Salon pléiade de « tableaux d’architecture et monuments antiques de Rome et des environs » et
autres « dessins coloriés faits en Italie, paysages, jardins, temples et édifices antiques et modernes
de Rome ». L’on s’arrache ses grands panneaux décoratifs insérés dans les lambris des nouvelles
demeures à la grecque, c’est à dire dans le style néoclassique, qui ouvrent par de larges baies sur
des jardins à l’anglaise. Les peintures « italiennes » d’Hubert Robert font écho à la nature
environnante, une nature civilisée, sophistiquée, habitée de folies, de belvédères et de statues
antiques.
Ainsi, en 1790, dans les premiers mois de la Révolution encore porteuse des idéaux et du goût
des Lumières, Beaumarchais fait-il appel au maître pour décorer le salon de son luxueux hôtel
particulier, juste construit, à proximité de la place de la Bastille. Hubert Robert brosse
rapidement, trop rapidement même, comme le lui reproche le commanditaire, huit panneaux
représentant les plus célèbres statues antiques découvertes en Italie, copies romaines de
sculptures grecques que l’on prenait alors pour des originaux hellènes. Il les associe à des
monuments ou à des ruines antiques, comme le Gladiateur Borghèse devant le Colisée, au milieu de
paysages italianisants. Des scénettes représentant le petit peuple romain vaquant à des activités
quotidiennes parachèvent chaque composition. Deux jeunes chenapans se battent devant le
Gladiateur Borghèse au grand effroi de leur mère.
Acquis par la Ville de Paris en 1818, l’hôtel de Beaumarchais est détruit pour faciliter l’ouverture
du canal Saint-Martin. Les panneaux récupérés sont installés à l’Hôtel de Ville. Ils survivent à
l’incendie de 1871 et, après une restauration drastique, sont réaccrochés dans le nouvel hôtel de
Ville. Six d’entre eux n’en sortiront plus tandis que les deux derniers rejoignent les collections du
Petit Palais en 1902. Pour la première fois depuis plus d’un siècle, le maire de Paris a accepté que
les panneaux d’Hubert Robert quittent provisoirement l’Hôtel de Ville. L’un des derniers grands
décors célèbres du siècle des Lumières sera ainsi exceptionnellement réuni et accessible pour la
première fois à l’admiration des visiteurs.
Maryline Assante di Panzillo, conservateur du Patrimoine, Petit Palais
Pratique
Musée de la Vie romantique
Hôtel Scheffer-Renan
16 rue Chaptal
75009 Paris
tél. : 01 55 31 95 67
fax. : 01 48 74 28 42
Site internet : vie-romantique.paris.fr
Ouvert tous les jours, de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés
Accès
Métro : Saint-Georges, Pigalle, Blanche, Liège
Bus : 67, 68, 74
Tarifs d'entrées
- Collections permanentes gratuites
- Exposition :
Plein tarif : 7 €
Tarif réduit : 5 €
Tarif jeune : 3,5 €
Exposition
Souvenirs d’Italie. Chefs-d’oeuvre du Petit Palais
29 septembre 2009 – 17 janvier 2010
Vernissage : lundi 28 septembre 2009
Inauguration : 14h à 20h
Hôtel Scheffer-Renan
16 rue Chaptal
75009 Paris
tél. : 01 55 31 95 67
fax. : 01 48 74 28 42
Site internet : vie-romantique.paris.fr
Ouvert tous les jours, de 10h à 18h, sauf les lundis et jours fériés
Accès
Métro : Saint-Georges, Pigalle, Blanche, Liège
Bus : 67, 68, 74
Tarifs d'entrées
- Collections permanentes gratuites
- Exposition :
Plein tarif : 7 €
Tarif réduit : 5 €
Tarif jeune : 3,5 €
Exposition
Souvenirs d’Italie. Chefs-d’oeuvre du Petit Palais
29 septembre 2009 – 17 janvier 2010
Vernissage : lundi 28 septembre 2009
Inauguration : 14h à 20h