Du coq à l’âne…
Il en est tout autrement lorsque deux photographies dialoguent, immédiatement nos certitudes vacillent, la
contamination de l’une à l’autre nous conduit à douter de la cause et de l’effet, la fiction pointe. Je n’ose
pas penser à ce qui se produit lorsqu’il y en a plus que deux en présence, le chaos guette ces associations qui interrogent la partie et le tout, ces débats glissent en ébat d’où l’ordre est mis à bas. Arièle Bonzon (dont l’orthographe du prénom a pour programme de couper les ailes de l’attendu) se plaît dans Familier à mettre en place les objets (photographiques) d’un culte particulier. Elle confectionne une trame et une chaîne qui tissent ce culte en images : esprit, démon, génie, s’associent pour nous garder, nous inspirer à l’aune du démon familier de Socrate.
Nous sommes au cœur de la nasse du sens : Familier cela paraît acquis, on se sent en terrain conquis, dans l’ordinaire, l’habituel, l’accoutumé, dans la facilité, conforté par ce réel que l’on croit connaître et qui se répand à l’envi à la surface des photographies. De plus Arièle nous confirme dans ce sentiment par les
sujets qu’elle traite, des animaux familiers, des visages que l’on peut considérer comme familiers même
si nous ne les connaissons pas, des lieux également familiers, rien ne se revendique comme particulier
comme si elle employait une forme photographique familière, banale où il n’y a rien à voir. Et oui il faut
circuler, c’est là que se trouve le glissement, si les jeux des langages images changent, ils changent les
concepts et, avec les concepts, les significations des images. En représentant les faits autrement, par la
contamination des sens dûe à la contiguïté, certains jeux de langage perdent de l’importance au profit
d’autre. Arièle émet des assertions dotées de différents degrés de certitude, elle interroge la mémoire, la
perception, elle vérifie la logique et la description pour envisager l’erreur, elle établit et éprouve ses
convictions. Une vue rapide et première établira le doute comme principe fondateur du travail, mais qui
voudrait douter de tout n’accéderait pas au doute. Le jeu du doute présuppose la certitude.
Arièle Bonzon dans Familier use, érode, fatigue les principes établis de la photographie et de ses
conventions, elle met en crise sa mémoire, ses sens, autant que le médium photographique qui a été
enfermé dans un « ça a été » ; elle propose une écoute visuelle, elle nous incite à crever le murmure de la mutité des photographies, à attendre et à surprendre l’instant où à la surface des images se forme la peau de notre réel comme se forme celle du lait que l’on crève lorsqu’il monte.
Jacques Damez
Du 3 décembre 2008 au 21 février 2009, du mercredi au samedi, de 14h à 19h et sur RDV.
Vernissage le mardi 2 septembre 2008, de 18h à 21h, en présence de la photographe.
Arièle Bonzon. Familier. Photographies récentes ou inédites
GALERIE LE RÉVERBÈRE
38, RUE BURDEAU
69001 LYON
+33 (0)4 72 00 06 72
+33 (0)6 08 55 91 78
galerie-le-reverbere@wanadoo.fr
galerielereverbere.com
contamination de l’une à l’autre nous conduit à douter de la cause et de l’effet, la fiction pointe. Je n’ose
pas penser à ce qui se produit lorsqu’il y en a plus que deux en présence, le chaos guette ces associations qui interrogent la partie et le tout, ces débats glissent en ébat d’où l’ordre est mis à bas. Arièle Bonzon (dont l’orthographe du prénom a pour programme de couper les ailes de l’attendu) se plaît dans Familier à mettre en place les objets (photographiques) d’un culte particulier. Elle confectionne une trame et une chaîne qui tissent ce culte en images : esprit, démon, génie, s’associent pour nous garder, nous inspirer à l’aune du démon familier de Socrate.
Nous sommes au cœur de la nasse du sens : Familier cela paraît acquis, on se sent en terrain conquis, dans l’ordinaire, l’habituel, l’accoutumé, dans la facilité, conforté par ce réel que l’on croit connaître et qui se répand à l’envi à la surface des photographies. De plus Arièle nous confirme dans ce sentiment par les
sujets qu’elle traite, des animaux familiers, des visages que l’on peut considérer comme familiers même
si nous ne les connaissons pas, des lieux également familiers, rien ne se revendique comme particulier
comme si elle employait une forme photographique familière, banale où il n’y a rien à voir. Et oui il faut
circuler, c’est là que se trouve le glissement, si les jeux des langages images changent, ils changent les
concepts et, avec les concepts, les significations des images. En représentant les faits autrement, par la
contamination des sens dûe à la contiguïté, certains jeux de langage perdent de l’importance au profit
d’autre. Arièle émet des assertions dotées de différents degrés de certitude, elle interroge la mémoire, la
perception, elle vérifie la logique et la description pour envisager l’erreur, elle établit et éprouve ses
convictions. Une vue rapide et première établira le doute comme principe fondateur du travail, mais qui
voudrait douter de tout n’accéderait pas au doute. Le jeu du doute présuppose la certitude.
Arièle Bonzon dans Familier use, érode, fatigue les principes établis de la photographie et de ses
conventions, elle met en crise sa mémoire, ses sens, autant que le médium photographique qui a été
enfermé dans un « ça a été » ; elle propose une écoute visuelle, elle nous incite à crever le murmure de la mutité des photographies, à attendre et à surprendre l’instant où à la surface des images se forme la peau de notre réel comme se forme celle du lait que l’on crève lorsqu’il monte.
Jacques Damez
Du 3 décembre 2008 au 21 février 2009, du mercredi au samedi, de 14h à 19h et sur RDV.
Vernissage le mardi 2 septembre 2008, de 18h à 21h, en présence de la photographe.
Arièle Bonzon. Familier. Photographies récentes ou inédites
GALERIE LE RÉVERBÈRE
38, RUE BURDEAU
69001 LYON
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+33 (0)6 08 55 91 78
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