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7 février au 10 mai, exposition La Ruche, cité des artistes, 1902-2008, Palais Lumière, Evian, Jacqueline Aimar

Cette exposition se propose de montrer au travers de 250 œuvres, l’extraordinaire vitalité créatrice des artistes de ce lieu mythique situé en plein cœur de Montparnasse depuis ses origines en 1902 jusqu’à nos jours.
Il faut d’abord rendre un juste hommage au fondateur de La Ruche, Alfred Boucher, grâce à un ensemble d’œuvres provenant du Musée Boucher de Nogent-sur-Seine et de documents de l’époque.


Jacques YANKEL La Ruche, 1950
Jacques YANKEL La Ruche, 1950
Evian Palais Lumière
L’exposition évoque le foisonnement artistique de la Ruche, la bien nommée jusque dans les années 50, grâce à des artistes tels que Chagall, Léger, Modigliani ou Soutine. Mais elle fait dans le même temps la part belle aux artistes contemporains pensionnaires de ce lieu et dont l’esprit perdure, tels Ernest Pignon, Rebeyrolle, ou Guy de Rougement .
Au Palais Lumière d’Evian, le faste des marbres et des colonnades accueille l’ensemble d’ateliers d’artistes de la Ruche, les deux lieux ayant été inaugurés la même année et réalisés dans le style Belle Epoque, en partie par les ateliers Eiffel.

Une ruche pour l’art et l’esprit

Car il s’agit bien d’une extraordinaire aventure. Alfred boucher au sommet de sa gloire n’a pas oublié ses débuts difficiles et entame au cœur du Passage Dantzig un rêve d’humanisme et de philanthrope en créant un phalanstère. Là de jeunes artistes démunis venus de tous les pays d’Europe peuvent travailler à peu de frais et en toute liberté et dans une atmosphère propice « à la méditation et à la réalisation dans un climat de sécurité ». Des ateliers disposés en alvéoles contribuent à cette atmosphère de ruche évoquant à la fois l’ardeur de l’activité et la part d’intime réservée à chacun : Archipenko ou Zadkine, Kikoïne, Epstein, Lipchitz, mais aussi Diego Rivera, aux côtés de Fernand Léger et Henri Laurens.
Dans ce « doux bruit d’abeilles » propre aux ruches, œuvrent les passions et se font les expériences, la recherche et les découvertes. Un travail acharné qui se développe pourtant dans une improvisation générale et permet l’éclosion d’un art à l’opposé des conceptions du fondateur. Boucher se sent alors « comme une poule ayant couvé un canard ». Les mouvements d’art pénètrent la Ruche au travers des artistes mais aussi grâce aux illustres visiteurs, habitués et insuffleurs de tendances, tels Cendrars et Max Jacob, Guillaume Apollinaire et Jean Cocteau, tous poètes et créateurs. Ils proviennent des mouvements nés entre 1910 et 1930 à Montparnasse et regroupés en Ecole de Paris.

Survient alors la mort de Boucher et la guerre. La Ruche est désertée l’activité s’éteint jusqu’à la ruine. Dans l’après guerre la ruche reprend vie autour de jeunes peintres figuratifs en quête d’ateliers. L’esprit de Boucher reprend son souffle, si fort, qu’il fait oublier à cette nouvelle génération, la très grande précarité des lieux. On ne conserve alors que l’humanisme de son créateur et l’ambiance est au partage, à la vie communautaire.
Et le groupe de La Ruche, Paul Rebeyrolle en tête, rêve comme tant d’autres, de changer le monde .
Dans les années 60 La Ruche a réellement beaucoup vieilli. Les bâtiments sont délabrés. Les promoteurs guettent et les héritiers veulent vendre. Soudés en un essaim, les abeilles mènent un combat féroce et gagnent !! La «Villa Médicis de la Misère ! », sauvée, devient une Fondation reconnue d’utilité publique.
Il faut ensuite réveiller les consciences car dans ce monde saturé d’images offrant une réalité cadrée, les artistes répondent par une peinture neutre. Ils veulent secouer une histoire de l’art encore empreinte d’une tradition intimiste et sensible pour dénoncer la froideur du monde de l’argent, de la technologie, de l’information. De nombreux locataires investissent la Ruche, venus de tous les horizons, Eduardo Arroyo, Lucio Fanti, Titina Maselli, Nicky Rieti.
Ils partagent cette nouvelle approche de l’art et s’inscrivent dans la mouvance de ce que l’on appelle dorénavant la figuration narrative.
Pour Ernest Pignon Ernest point de tableaux, c’est différemment qu’il se révolte. Il dénonce, s’engage et bouleverse les codes de la représentation en collant, par centaines, des sérigraphies de ses dessins, dans des lieux chargés d’histoire, de quotidien.
La Ruche bouillonne et si ses bâtiments romantiques à souhait, semblent hors du temps, les jeunes talents rêvent d’obtenir un atelier pour relever avec passion le défi de l’ère contemporaine. Coup de jeunesse sur la cité d’artistes qui accueille la dernière génération d’abeilles (Arthur Aillaud, Ruth Barabash, Elina Brotherus, Anna Foka, Malachi Farrell, Gazhel, Nelly Maurel, Myung Ok-Han, Zohreh Ramezani, Gabrielle Wambaugh, Mathieu Weiler) en phase avec la mondialisation.
Alfred Boucher peut être fier ! : l’émulation constructive dont se nourrissait La Ruche du début du XXe siècle, perdure. Tournée vers l’avenir, plus de soixante artistes d’une quinzaine de nationalités différentes y vivent et y travaillent aujourd’hui pour y créer de nouvelles légendes, un nouveau mythe.

Scénographie de l’exposition

Elle est inspirée de l’architecture du bâtiment. Le visiteur découvre les tableaux accrochés dans un ordre chronologique le long d'une promenade ondulatoire. Les toiles sont suspendues dans l'espace sur un fond d’images historiques évoquant le lieu où les artistes ont travaillé. Ces cimaises verticales sont fixées sur une estrade le long de laquelle le visiteur circule, permettant au scénographe de créer avec les œuvres une distance naturelle.
Frédéric Beauclair a conçu une ambiance lumineuse diffuse, partant du sol et renvoyée par les murs environnants, ce qui lui permet de respecter les 50 lux nécessaires à la majorité des œuvres sans que le public déambule dans l'obscurité.
Quant au décor de ce Palais Lumière, ancienne résidence d’été de la famille Lumière, il est véritablement somptueux dans son aspect général entre rotondes et lanternons aux vitres lumineuses, et propose grand hall et salle musée pour de belles expositions. Ainsi du 13 juin au 20 septembre on pourra rencontrer dans ses murs Auguste Rodin en arts décoratifs et décoration , en collaboration avec le musée Rodin à Paris.
Jacqueline Aimar
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Du 7 février au 10 mai, 04 50 83 15 90

pierre aimar
Mis en ligne le Jeudi 21 Mai 2009 à 03:39 | Lu 1547 fois

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