Francis Bacon. In Memory of George Dyer, 1971. Huile et letraset sur toile, triptyque, 198 x 147.50 cm. Fondation Beyeler - Beyeler Museum, Bâle
Six salles, ponctuant le parcours du visiteur, placent la littérature au cœur de l’exposition. Y sont lus des extraits des textes puisés dans la bibliothèque de Francis Bacon. Mathieu Amalric, Jean-Marc Barr, Carlo Brandt, Valérie Dreville, Hippolyte Girardot, Dominique Reymond et André Wilms lisent Eschyle, Nietzsche, Bataille, Leiris, Conrad et Eliot en français et en anglais.
Outre que ces auteurs ont directement inspiré à Bacon des œuvres, des motifs, ils partagent un univers politique, forment une « famille spirituelle » en laquelle s’est reconnu le peintre.
Chacun a exprimé une forme d’ « athéologie », une défiance à l’endroit de toutes valeurs (beauté abstraite, téléologie historique, déité…) pouvant dicter à la pensée, à une œuvre, sa forme et son sens. Du combat de Nietzsche contre les « Arrières-monde » au « Bas matérialisme » de Bataille, de l’esthétique du fragment d’Eliot au tragique d’Eschyle, du « régressisme » de Conrad au « sacré » de Leiris, ces auteurs partagent une même vision réaliste, a-moraliste du monde, une conception de l’art et de ses formes, libérée des a priori de l’idéalisme.
L’inventaire de la bibliothèque de Francis bacon, réalisé par le département d’histoire de l’art et d’architecture du Trinity College de Dublin, recense plus de mille ouvrages. Réfutant toute exégèse « narrative » de son œuvre, Francis bacon n'affirmait pas moins que la littérature constituait un stimulus puissant de son imaginaire. Plutôt qu’un récit auquel il n’aurait qu’à donner forme, poésie, roman, philosophie, lui inspirent une « atmosphère générale », des « images » qui surgissent, comme le font les Furies dans ses tableaux.
À David Sylvester, Bacon confiait son intérêt pour les œuvres d’Eliot ou d’Eschyle qu’il disait «connaître par cœur », ajoutant qu'il ne lisait vraiment que ce qui suscitait en lui « des images immédiates ».
Des images qui devaient davantage à l’univers poétique, à la philosophie existentielle, à la forme de la littérature qu’il choisit, qu’aux récits qu’elles développent.
Dès 1944, Trois études de figures au pied d’une crucifixion témoignait de l’impact de la tragédie d’Eschyle sur son œuvre. En 1981, Bacon réalise un triptyque qu’il dit explicitement être inspiré par l’Orestie.
Par-delà ses motifs propres, Bacon retient du poème de T.S. Eliot, The Waste Land, sa construction fragmentaire, son « collage » de langues, de récits multiples. (Triptych Inspired by T.S. Eliot's Poem "Sweeney Agonistes", 1967 musée Hirshhorn de Washington).
Parmi ses contemporains, Michel Leiris est l’écrivain qui fut le plus proche de Francis Bacon. Traducteur en français des entretiens du peintre avec David Sylvester, il est le seul avec lequel le peintre imagina la conception d’un ouvrage illustré. (Miroir de la Tauromachie, publié en 1990).
L’exposition du Centre Pompidou s’attache aux œuvres réalisées par Bacon durant les deux dernières décennies de son œuvre. Elle comporte soixante tableaux (incluant 12 triptyques, ainsi qu’une série de portraits et d’autoportraits), issus des plus importantes collections privées et publiques. De 1971 à 1992, (date du décès du peintre), la peinture est stylistiquement marquée par sa simplification, par son intensification. ses couleurs acquièrent une profondeur nouvelle, il use d’un registre chromatique inédit, de jaune, de rose, d’orange saturé.
L’année 1971 est pour Bacon une date charnière. L’exposition présentée au Grand Palais le consacre internationalement. La mort tragique de son compagnon, quelques jours avant le vernissage, ouvre une période marquée par une culpabilité qui prend la forme symbolique et mythologique des Erinyes (les Furies) appelées à proliférer dans sa peinture. Les trois triptyques dit « noirs » peints en souvenir de son ami défunt ( In Memory of George Dyer, 1971, Triptych–August 1972 et Triptych, May–June 1973, tous présents dans l’exposition), commémorent cette disparition.
Tout au long de sa durée, plusieurs événements seront organisés par le Centre Pompidou en écho à l’exposition « Bacon en toutes lettres ».
Le colloque « Bacon : une passion française » traitera notamment de l’influence de Bacon sur nombre d’auteurs tels que Hervé Guibert, Claude Simon, Gilles Deleuze, Didier Anzieu, Philippe Sollers, etc. le « Bacon Book Club », une série de soirées littéraires pour explorer et prolonger la relation étroite qui a pu se tisser entre l’œuvre picturale de Francis Bacon et les écrivains, aura lieu dans l’exposition. Philippe Sollers, Jonathan Littel, Chloé Delaume, le poète Christian Prigent et la poétesse québécoise Christine Harton viendront tout à tour témoigner de leur relation à l’œuvre de Francis Bacon.
L’édition 2019 du Festival Extra ! consacré à la littérature vivante, proposera également plusieurs soirées autour de la figure de Bacon : avec des lectures, des performances, de la littérature exposée, visuelle ou numérique, de la poésie sonore etc.
Une anthologie de textes sera également publiée, parallèlement au catalogue de l’exposition.
Outre que ces auteurs ont directement inspiré à Bacon des œuvres, des motifs, ils partagent un univers politique, forment une « famille spirituelle » en laquelle s’est reconnu le peintre.
Chacun a exprimé une forme d’ « athéologie », une défiance à l’endroit de toutes valeurs (beauté abstraite, téléologie historique, déité…) pouvant dicter à la pensée, à une œuvre, sa forme et son sens. Du combat de Nietzsche contre les « Arrières-monde » au « Bas matérialisme » de Bataille, de l’esthétique du fragment d’Eliot au tragique d’Eschyle, du « régressisme » de Conrad au « sacré » de Leiris, ces auteurs partagent une même vision réaliste, a-moraliste du monde, une conception de l’art et de ses formes, libérée des a priori de l’idéalisme.
L’inventaire de la bibliothèque de Francis bacon, réalisé par le département d’histoire de l’art et d’architecture du Trinity College de Dublin, recense plus de mille ouvrages. Réfutant toute exégèse « narrative » de son œuvre, Francis bacon n'affirmait pas moins que la littérature constituait un stimulus puissant de son imaginaire. Plutôt qu’un récit auquel il n’aurait qu’à donner forme, poésie, roman, philosophie, lui inspirent une « atmosphère générale », des « images » qui surgissent, comme le font les Furies dans ses tableaux.
À David Sylvester, Bacon confiait son intérêt pour les œuvres d’Eliot ou d’Eschyle qu’il disait «connaître par cœur », ajoutant qu'il ne lisait vraiment que ce qui suscitait en lui « des images immédiates ».
Des images qui devaient davantage à l’univers poétique, à la philosophie existentielle, à la forme de la littérature qu’il choisit, qu’aux récits qu’elles développent.
Dès 1944, Trois études de figures au pied d’une crucifixion témoignait de l’impact de la tragédie d’Eschyle sur son œuvre. En 1981, Bacon réalise un triptyque qu’il dit explicitement être inspiré par l’Orestie.
Par-delà ses motifs propres, Bacon retient du poème de T.S. Eliot, The Waste Land, sa construction fragmentaire, son « collage » de langues, de récits multiples. (Triptych Inspired by T.S. Eliot's Poem "Sweeney Agonistes", 1967 musée Hirshhorn de Washington).
Parmi ses contemporains, Michel Leiris est l’écrivain qui fut le plus proche de Francis Bacon. Traducteur en français des entretiens du peintre avec David Sylvester, il est le seul avec lequel le peintre imagina la conception d’un ouvrage illustré. (Miroir de la Tauromachie, publié en 1990).
L’exposition du Centre Pompidou s’attache aux œuvres réalisées par Bacon durant les deux dernières décennies de son œuvre. Elle comporte soixante tableaux (incluant 12 triptyques, ainsi qu’une série de portraits et d’autoportraits), issus des plus importantes collections privées et publiques. De 1971 à 1992, (date du décès du peintre), la peinture est stylistiquement marquée par sa simplification, par son intensification. ses couleurs acquièrent une profondeur nouvelle, il use d’un registre chromatique inédit, de jaune, de rose, d’orange saturé.
L’année 1971 est pour Bacon une date charnière. L’exposition présentée au Grand Palais le consacre internationalement. La mort tragique de son compagnon, quelques jours avant le vernissage, ouvre une période marquée par une culpabilité qui prend la forme symbolique et mythologique des Erinyes (les Furies) appelées à proliférer dans sa peinture. Les trois triptyques dit « noirs » peints en souvenir de son ami défunt ( In Memory of George Dyer, 1971, Triptych–August 1972 et Triptych, May–June 1973, tous présents dans l’exposition), commémorent cette disparition.
Tout au long de sa durée, plusieurs événements seront organisés par le Centre Pompidou en écho à l’exposition « Bacon en toutes lettres ».
Le colloque « Bacon : une passion française » traitera notamment de l’influence de Bacon sur nombre d’auteurs tels que Hervé Guibert, Claude Simon, Gilles Deleuze, Didier Anzieu, Philippe Sollers, etc. le « Bacon Book Club », une série de soirées littéraires pour explorer et prolonger la relation étroite qui a pu se tisser entre l’œuvre picturale de Francis Bacon et les écrivains, aura lieu dans l’exposition. Philippe Sollers, Jonathan Littel, Chloé Delaume, le poète Christian Prigent et la poétesse québécoise Christine Harton viendront tout à tour témoigner de leur relation à l’œuvre de Francis Bacon.
L’édition 2019 du Festival Extra ! consacré à la littérature vivante, proposera également plusieurs soirées autour de la figure de Bacon : avec des lectures, des performances, de la littérature exposée, visuelle ou numérique, de la poésie sonore etc.
Une anthologie de textes sera également publiée, parallèlement au catalogue de l’exposition.
Pratique
Centre Pompidou, 75191 Paris cedex 04
+ 33 1 44 78 12 33
Accès : métro Hôtel de Ville et Rambuteau, RER Châtelet-Les-Halles
Horaires : ouvert tous les jours de 11H à 21H, le jeudi jusqu’à 23H, sauf le mardi et le 1er mai
Tarif : 15€, tarif réduit 12€
Gratuit pour les moins de 18 ans. Les moins de 26 ans*, les enseignants et les étudiants des écoles d’art, de théâtre, de danse, de musique ainsi que les membres de la Maison des artistes bénéficient de la gratuité pour la visite du musée et d’un billet tarif réduit
pour les expositions. Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou.
Billet imprimable à domicile sur centrepompidou.fr
Réservation exclusive en ligne : www.billetterie.centrepompidou.fr
+ 33 1 44 78 12 33
Accès : métro Hôtel de Ville et Rambuteau, RER Châtelet-Les-Halles
Horaires : ouvert tous les jours de 11H à 21H, le jeudi jusqu’à 23H, sauf le mardi et le 1er mai
Tarif : 15€, tarif réduit 12€
Gratuit pour les moins de 18 ans. Les moins de 26 ans*, les enseignants et les étudiants des écoles d’art, de théâtre, de danse, de musique ainsi que les membres de la Maison des artistes bénéficient de la gratuité pour la visite du musée et d’un billet tarif réduit
pour les expositions. Accès gratuit pour les adhérents du Centre Pompidou.
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