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De la nuit vers le jour, itinéraire de la pianiste Maria Martinova

Après des années consacrées à la musique de chambre et au tango, la pianiste Maria Martinova revient aujourd’hui sur le devant de la scène avec son album solo Nuit et Jour, où la musique de Debussy, de Ravel et celle du compositeur Gregorio Zanon dessinent sous ses doigts le chemin d’un retour à la vie. Portrait d’une artiste qui a combattu pour préserver son intégrité.


Maria Martinova © DR
Maria Martinova © DR
Un goût pour la scène
Originaire de Bulgarie, Maria Martinova étudie à l'Ecole Nationale de Varna puis deux ans à l’Académie Nationale Bulgare de Musique avant de se former à la Julliard School de New York et à la Royal Academy of Music de Londre au contact de grandes personnalités musicales comme Hamish Milne, Veda Kaplinsky, Joseph Kalichstein ou encore Samuel Sanders. Son talent est rapidement remarqué : ce jeu intense et fiévreux, basé sur une technique superlative, laisse présager une vraie personnalité artistique. “Je rêvais d’être actrice ou danseuse : la magie de la scène reste pour moi quelque chose d’irrésistible. Le piano, c’est en fait un moyen de communiquer, de raconter une histoire.”
 
“J’ai préservé mon intégrité”
Alors que sa carrière se dessine, tout s’arrête brutalement en 2005 quand, jeune femme dans un monde musical dirigé par des hommes, Maria Martinova refuse de payer le prix qu’exige celui qui dit veiller sur sa carrière. “J’ai préservé mon intégrité mais j’ai dû m’éloigner de manière radicale de ce milieu. Paradoxalement, c’est aussi le moment où je me suis le plus rapprochée de la musique.” Un événement qui bouleverse à la fois son avenir et le regard qu’elle porte sur elle-même.
 
La découverte du tango
Incapable de toucher au piano pendant près d’un an, c’est par la danse qu’elle revient à la musique. “J’ai commencé par prendre un cours de tango avec Gustavo Beytelmann, une fois, puis trois fois par semaine. C’est devenu une obsession. Rapidement j’ai eu envie de jouer cette musique.”
C’est au conservatoire de Rotterdam, auprès d’Aquiles Delle-Vigne, qu’elle forme son piano à ce style avant de fonder Tanguarda, un ensemble avec lequel elle se produit dans toute l’Europe, explorant le répertoire du tango au plus haut niveau.

La musique de chambre
Maria Martinova revient aussi à la musique de chambre, formant avec le violoniste Cyril Garac un duo reconnu. Ensemble, ils gravent en 2015 un premier album, Paris-Buenos Aires, une histoire d’amour, qui leur ressemble où Debussy dialogue avec des classiques du tango puis un deuxième album, Slavia, avec des œuvres de Prokofiev, Shostakovich, Janáček, Szymanowski.
Un répertoire à l’image d’une artiste ouverte à tous les styles de musique : “Je ne fais pas de hiérarchie dans les genres : je choisis un répertoire parce qu’il correspond à ce qui se passe dans ma vie à ce moment-là.”
 
Se regarder dans le reflet du piano
“Un jour, je me suis dit que j’étais prête à me regarder moi-même, seule, dans le reflet de mon piano. C’est ma minuscule révolte à moi : oser revenir et faire les choses à ma manière.” 
En 2019, invitée par un festival en Bulgarie, The European Music Festival, elle monte de nouveau seule sur scène pour faire la musique qu’elle aime, avec un programme où se dessine l’histoire bouleversante d’un retour à la vie: Debussy (extraits des Images et des Préludes) y dialogue avec Ravel (Gaspard de la nuit et La Valse) et le dyptique Nuit et Jour du compositeur contemporain Gregiorio Zanon. Un défi qu’elle se lance à elle-même mais aussi à ceux qui l’avaient contrainte au silence.

Nuit et Jour
Aujourd’hui, ce programme devient un disque grâce au label Rubicon Classics qui sortira le 25 novembre 2022. Ces années de doute ont alimenté un besoin de s’exprimer qui brûle dans toutes les pistes d’un album aux allures de livre d’images : les pages s’y succèdent comme autant de gravures tout en contraste, le noir le plus profond cohabitant avec un blanc éclatant.
“Tout part de Gaspard de la Nuit, on y trouve ce côté noir et lumineux, à la fois démoniaque et introspectif, et le défi technique comme pianiste.”
Un album animé par le sens du récit de Maria Martinova, qui sait nous embarquer dans cette histoire à la première personne, puissamment expressive. Le programme se referme logiquement par la danse, avec La Valse de Ravel, conclusion vitale et nécessaire de ce retour à l’existence.

De la nuit vers le jour, itinéraire de la pianiste Maria Martinova


Pierre Aimar
Mis en ligne le Mercredi 23 Novembre 2022 à 20:11 | Lu 489 fois

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