Chaque printemps, à Paris, dans la fameuse galerie Georges Petit, le groupe recueillait les applaudissements de tous. Et pendant un demi-siècle, face à une modernité qui allait peu à peu tout dévorer, ses artistes séduisirent les publics et les professionnels des deux côtés de l’Atlantique.
Issus de la glorieuse génération symboliste, ils avaient respiré les mêmes parfums, et plus particulièrement celui de l’impressionnisme. Chacun d’entre eux avait son propre style, mais tous partageaient une vision sentimentale de la nature. C’est ainsi qu’ils furent qualifiés d’intimistes. En respectant la véracité des apparences, en perpétuant les valeurs permanentes de l’art européen, le souci de l’évocation ou de la psychologie, en s’attachant à rendre la poésie, la tendresse de leurs sujets, ils ont réussi à nous parler de nous-mêmes.
L’intimisme a été le dernier courant majeur de l’art français à être dévoué à la nature. Les mouvements successifs de l’art contemporain s’en sont depuis écarté. Pour cela, nos artistes furent considérés à la fin de leur carrière comme les derniers représentants de l’impressionnisme.
A la suite d’Auguste Rodin, les plus grands sculpteurs intégrèrent la Société nouvelle, mais ce sont principalement les peintres qui assurèrent la notoriété et l’unité du groupe. Seront présentés à l’exposition les peintres Edmond Aman-Jean, Albert Baertsoen, Albert Besnard, Jacques-Emile Blanche, Eugène Carrière, Emile Claus, Charles Cottet, André Dauchez, Georges Desvallières, Henri Duhem, Antonio de La Gandara, Gaston La Touche, Ernest Laurent, Henri Le Sidaner, Henri Martin, René Ménard, René-Xavier Prinet, Jean-François Raffaelli, John Singer Sargent, Lucien Simon, Frits Thaulow et Eugène Vail.
Yann Farinaux-Le Sidaner
Commissaire scientifique, arrière-petit fils du peintre Henri Le Sidaner
William Saadé
Commissaire général en collaboration avec les conservateurs
Issus de la glorieuse génération symboliste, ils avaient respiré les mêmes parfums, et plus particulièrement celui de l’impressionnisme. Chacun d’entre eux avait son propre style, mais tous partageaient une vision sentimentale de la nature. C’est ainsi qu’ils furent qualifiés d’intimistes. En respectant la véracité des apparences, en perpétuant les valeurs permanentes de l’art européen, le souci de l’évocation ou de la psychologie, en s’attachant à rendre la poésie, la tendresse de leurs sujets, ils ont réussi à nous parler de nous-mêmes.
L’intimisme a été le dernier courant majeur de l’art français à être dévoué à la nature. Les mouvements successifs de l’art contemporain s’en sont depuis écarté. Pour cela, nos artistes furent considérés à la fin de leur carrière comme les derniers représentants de l’impressionnisme.
A la suite d’Auguste Rodin, les plus grands sculpteurs intégrèrent la Société nouvelle, mais ce sont principalement les peintres qui assurèrent la notoriété et l’unité du groupe. Seront présentés à l’exposition les peintres Edmond Aman-Jean, Albert Baertsoen, Albert Besnard, Jacques-Emile Blanche, Eugène Carrière, Emile Claus, Charles Cottet, André Dauchez, Georges Desvallières, Henri Duhem, Antonio de La Gandara, Gaston La Touche, Ernest Laurent, Henri Le Sidaner, Henri Martin, René Ménard, René-Xavier Prinet, Jean-François Raffaelli, John Singer Sargent, Lucien Simon, Frits Thaulow et Eugène Vail.
Yann Farinaux-Le Sidaner
Commissaire scientifique, arrière-petit fils du peintre Henri Le Sidaner
William Saadé
Commissaire général en collaboration avec les conservateurs
Parcours de l'exposition
La Bande noire
En 1889, deux cents dissidents du Salon des Artistes français créèrent le Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Ils furent bientôt rejoints par la plupart des novateurs de l’époque. Un art du sentiment incarné par des créateurs hautement indépendants se développa alors. Leurs productions à mi-chemin entre classicisme et modernité, allaient façonner le goût des décennies à venir. En quelques années, le Salon de la « Nationale » devint le fief des peintres intimistes. Un groupe de cinq amis y fit tant parler de lui qu’on lui attribua un surnom : la Bande noire, allusion au goût présumé de cette fraternité de peintres voyageurs pour les harmonies sombres. Charles Cottet, Lucien Simon et André Dauchez avaient élu la Bretagne comme terre d’inspiration, René Prinet privilégiait la Normandie, tandis que René Ménard ne cessait de parcourir les contours de la Méditerranée.
Les Amis du Nord. Le Groupe d’Etaples
La Société nouvelle naquit d’une fraternité d’artistes, partageant les mêmes valeurs ainsi que des amitiés indéfectibles. Certains d’entre eux, originaires du Nord, férus de nature, s’étaient rencontrés dans le petit village de pêcheurs d’Etaples, perché sur la baie de Canche, dans le Pas de Calais. Ils logeaient à l’auberge d’Antoine Loos qui accrochait aux murs de sa salle à manger les tableaux de ses clients acceptés en guise de paiement. Eugène Vail, un franco-américain, fut l’un des tous premiers à s’y installer bientôt rejoint par le breton Henri Le Sidaner, par le douaisien Henri Duhem et par le norvégien Frits Thaulow. Le flamand Emile Claus y fit plusieurs séjours, avant qu’une centaine d’artistes, en particuliers deux colonies de peintres Américains et Australiens ne s’établissent durablement dans la région.
Le Paysage
Sans atteindre les qualités d’éclat et de fraicheur de leurs illustres prédécesseurs, c’est peut-être dans l’art du paysage que les artistes de la Société nouvelle exprimèrent le mieux leur personnalité. Au début de leur carrière, encore sous l’influence diffuse du symbolisme, leurs sujets revêtaient volontiers la grisaille d’un crépuscule ou le manteau d’un clair de lune, raison pour laquelle ils furent considérés comme des « paysages d’âme. » Par la suite, ils gardèrent en eux une part de rêverie. Inscrits dans la tradition, ils respectaient la prédominance du dessin et des valeurs sur la couleur. L’usage de la touche utilisée par Henri Le Sidaner ou Henri Martin permettait d’obtenir une vibration et une atmosphère singulière
: « Les deux premières choses à étudier, prétendait Corot, c’est la forme, puis les valeurs. Ces deux choses sont pour moi les points d’appui sérieux dans l’art. La couleur et l’exécution mettent le charme dans l’œuvre».
Le Portrait
Les peintres intimistes de la Belle-Epoque s’imposèrent naturellement comme des portraitistes de premier plan et sans doute furent-ils les derniers grands portraitistes psychologiques. Leurs ainés, les maîtres de l’Impressionnisme qui restent parmi les plus grands paysagistes de l’histoire de la peinture, avaient connus moins de réussite dans le domaine si fragile de l’intrusion psychologique.
L’usage de la touche, qui avait fait merveille dans l’art du paysage s’avéra, sous le pinceau d’Edmond Aman-Jean et d’Ernest Laurent, aussi remarquable dans le domaine du portrait. « Par la minceur, par la division de la touche, écrivait Roger Marx à leur propos, les deux artistes arrivent à rendre, plus puissamment que leurs devanciers, à coup sûr, des expressions d’âme que trahissent ou extériorisent la qualité d’un regard et le mystère d’un sourire ».
Nouveaux arrivants
Le succès des expositions de la Société nouvelle attira vers elle nombre d’artistes de renom parmi lesquels Auguste Rodin. Les décisions majeures au sein du groupe étaient votées à la majorité des sociétaires. En 1902, il fut convenu d’accueillir Antonio de La Gandara ainsi que Jacques-Émile Blanche. L’année suivante, ce fut au tour de George Desvallières et d’Ernest Laurent. Ce dernier, en raison d’une brouille avec Aman-Jean dont nul ne connaissait la cause, n’avait pas participé à la création de la Société. En 1906, après qu’Auguste Rodin eut accédé à la présidence, le groupe accueilli Albert Besnard et Eugène Carrière. Les deux derniers peintres à rejoindre la Société nouvelle furent John Singer Sargent, portraitiste américain, puis en 1911, Jean-François Raffaëlli, paysagiste d’origine italienne.
Estampes et œuvres sur papier
Excellents dessinateurs, les artistes de la Société nouvelle de peintres et de sculpteurs surent pleinement profiter du renouveau de l’estampe à la fin du XIXe siècle. Sous la présidence de Jean-François Raffaëlli, nombre d’entre eux se réunirent à la Société de la gravure originale en couleurs qui exposait à la galerie Georges Petit. Les lithographies d’Eugène Carrière et d’Edmond Aman-Jean, les eaux fortes d’André Dauchez et de Charles Cottet, les monotypes d’Ernest Laurent, les aquatintes de Frits Thaulow et de Jean-François Raffaëlli, connurent un très grand succès après des amateurs et des critiques. Les aquarelles d’Henri Duhem, les
« intimités » d’Henri Le Sidaner et les tentatives de Xavier-René Prinet dans le domaine de l’illustration sont autant de registres dans lesquels ces artistes surent s’exprimer avec une exquise sensibilité.
Rendez-vous parisiens
Du fait de liens d’amitiés anciennes, mais aussi pour d’évidentes raisons géographiques, deux clans s’étaient naturellement formés très tôt au sein de la Société nouvelle. Les artistes qui résidaient hors de Paris, Henri Martin, Henri Le Sidaner, Henri Duhem, Emile Claus, Frits Thaulow, Albert Baertsoen et Eugène Vail s’écrivaient et se retrouvaient pour dîner entre camarades dans la capitale à l’approche des vernissages. Les Parisiens, quant à eux, Lucien Simon, Charles Cottet, André Dauchez, René Ménard, René-Xavier Prinet, Edmond Aman- Jean, Georges Desvallières, Jacques-Emile Blanche et Albert Besnard se rendaient visite dans leurs appartements respectifs. L’unité du groupe résultait autant d’une grande amitié entre ses fondateurs que des liens entretenus par leurs compagnes qui avaient chacune son jour de réception.
En 1889, deux cents dissidents du Salon des Artistes français créèrent le Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts. Ils furent bientôt rejoints par la plupart des novateurs de l’époque. Un art du sentiment incarné par des créateurs hautement indépendants se développa alors. Leurs productions à mi-chemin entre classicisme et modernité, allaient façonner le goût des décennies à venir. En quelques années, le Salon de la « Nationale » devint le fief des peintres intimistes. Un groupe de cinq amis y fit tant parler de lui qu’on lui attribua un surnom : la Bande noire, allusion au goût présumé de cette fraternité de peintres voyageurs pour les harmonies sombres. Charles Cottet, Lucien Simon et André Dauchez avaient élu la Bretagne comme terre d’inspiration, René Prinet privilégiait la Normandie, tandis que René Ménard ne cessait de parcourir les contours de la Méditerranée.
Les Amis du Nord. Le Groupe d’Etaples
La Société nouvelle naquit d’une fraternité d’artistes, partageant les mêmes valeurs ainsi que des amitiés indéfectibles. Certains d’entre eux, originaires du Nord, férus de nature, s’étaient rencontrés dans le petit village de pêcheurs d’Etaples, perché sur la baie de Canche, dans le Pas de Calais. Ils logeaient à l’auberge d’Antoine Loos qui accrochait aux murs de sa salle à manger les tableaux de ses clients acceptés en guise de paiement. Eugène Vail, un franco-américain, fut l’un des tous premiers à s’y installer bientôt rejoint par le breton Henri Le Sidaner, par le douaisien Henri Duhem et par le norvégien Frits Thaulow. Le flamand Emile Claus y fit plusieurs séjours, avant qu’une centaine d’artistes, en particuliers deux colonies de peintres Américains et Australiens ne s’établissent durablement dans la région.
Le Paysage
Sans atteindre les qualités d’éclat et de fraicheur de leurs illustres prédécesseurs, c’est peut-être dans l’art du paysage que les artistes de la Société nouvelle exprimèrent le mieux leur personnalité. Au début de leur carrière, encore sous l’influence diffuse du symbolisme, leurs sujets revêtaient volontiers la grisaille d’un crépuscule ou le manteau d’un clair de lune, raison pour laquelle ils furent considérés comme des « paysages d’âme. » Par la suite, ils gardèrent en eux une part de rêverie. Inscrits dans la tradition, ils respectaient la prédominance du dessin et des valeurs sur la couleur. L’usage de la touche utilisée par Henri Le Sidaner ou Henri Martin permettait d’obtenir une vibration et une atmosphère singulière
: « Les deux premières choses à étudier, prétendait Corot, c’est la forme, puis les valeurs. Ces deux choses sont pour moi les points d’appui sérieux dans l’art. La couleur et l’exécution mettent le charme dans l’œuvre».
Le Portrait
Les peintres intimistes de la Belle-Epoque s’imposèrent naturellement comme des portraitistes de premier plan et sans doute furent-ils les derniers grands portraitistes psychologiques. Leurs ainés, les maîtres de l’Impressionnisme qui restent parmi les plus grands paysagistes de l’histoire de la peinture, avaient connus moins de réussite dans le domaine si fragile de l’intrusion psychologique.
L’usage de la touche, qui avait fait merveille dans l’art du paysage s’avéra, sous le pinceau d’Edmond Aman-Jean et d’Ernest Laurent, aussi remarquable dans le domaine du portrait. « Par la minceur, par la division de la touche, écrivait Roger Marx à leur propos, les deux artistes arrivent à rendre, plus puissamment que leurs devanciers, à coup sûr, des expressions d’âme que trahissent ou extériorisent la qualité d’un regard et le mystère d’un sourire ».
Nouveaux arrivants
Le succès des expositions de la Société nouvelle attira vers elle nombre d’artistes de renom parmi lesquels Auguste Rodin. Les décisions majeures au sein du groupe étaient votées à la majorité des sociétaires. En 1902, il fut convenu d’accueillir Antonio de La Gandara ainsi que Jacques-Émile Blanche. L’année suivante, ce fut au tour de George Desvallières et d’Ernest Laurent. Ce dernier, en raison d’une brouille avec Aman-Jean dont nul ne connaissait la cause, n’avait pas participé à la création de la Société. En 1906, après qu’Auguste Rodin eut accédé à la présidence, le groupe accueilli Albert Besnard et Eugène Carrière. Les deux derniers peintres à rejoindre la Société nouvelle furent John Singer Sargent, portraitiste américain, puis en 1911, Jean-François Raffaëlli, paysagiste d’origine italienne.
Estampes et œuvres sur papier
Excellents dessinateurs, les artistes de la Société nouvelle de peintres et de sculpteurs surent pleinement profiter du renouveau de l’estampe à la fin du XIXe siècle. Sous la présidence de Jean-François Raffaëlli, nombre d’entre eux se réunirent à la Société de la gravure originale en couleurs qui exposait à la galerie Georges Petit. Les lithographies d’Eugène Carrière et d’Edmond Aman-Jean, les eaux fortes d’André Dauchez et de Charles Cottet, les monotypes d’Ernest Laurent, les aquatintes de Frits Thaulow et de Jean-François Raffaëlli, connurent un très grand succès après des amateurs et des critiques. Les aquarelles d’Henri Duhem, les
« intimités » d’Henri Le Sidaner et les tentatives de Xavier-René Prinet dans le domaine de l’illustration sont autant de registres dans lesquels ces artistes surent s’exprimer avec une exquise sensibilité.
Rendez-vous parisiens
Du fait de liens d’amitiés anciennes, mais aussi pour d’évidentes raisons géographiques, deux clans s’étaient naturellement formés très tôt au sein de la Société nouvelle. Les artistes qui résidaient hors de Paris, Henri Martin, Henri Le Sidaner, Henri Duhem, Emile Claus, Frits Thaulow, Albert Baertsoen et Eugène Vail s’écrivaient et se retrouvaient pour dîner entre camarades dans la capitale à l’approche des vernissages. Les Parisiens, quant à eux, Lucien Simon, Charles Cottet, André Dauchez, René Ménard, René-Xavier Prinet, Edmond Aman- Jean, Georges Desvallières, Jacques-Emile Blanche et Albert Besnard se rendaient visite dans leurs appartements respectifs. L’unité du groupe résultait autant d’une grande amitié entre ses fondateurs que des liens entretenus par leurs compagnes qui avaient chacune son jour de réception.
Informations pratiques
Palais Lumière
Quai Charles-Albert Besson
74500 Evian
Tél. +33(0)4 50 83 15 90
www.palaislumiere.fr
Tous les jours de 10h à 19h (lundi : 14h-19h) et les jours fériés
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