Emio Greco à la direction du Ballet National de Marseille, par Philippe Oualid

Depuis le départ de Frédéric Flamand, en janvier dernier, le BNM a désormais à sa tête le chorégraphe italien Emio Greco qui dirigeait jusqu'à présent l'International Choregraphic Arts Center d'Amsterdam.


Odile Reine Adélaïde, Emio Greco et Philippe Oualid à la Mairie de Marseille,le 24 Avril 2014 © C. Da Silva
Avant de fonder en 1995 sa propre compagnie avec le metteur en scène Pieter Scholten, Emio Greco avait collaboré à des créations de William Forsythe, Saburo Teschigawara et Jan Fabre. A Amsterdam, Emio et Pieter développaient un travail de recherche et d'expérimentation artistique qualifié d'"extrêmalisme", une écriture chorégraphique faite de tension et de rigueur, empruntant aussi bien au vocabulaire classique qu'à la danse post-modern, avec des mouvements ciselés, énergiques, souvent répétitifs, évoquant des pulsions, des transes ou des extases corporelles. Leur trilogie imaginée à partir de la Divine Comédie de Dante, leur transposition de Rocco et ses frères, d'après le film de Visconti, celle de Théorème d'après celui de Pasolini, leur a donné une reconnaissance européenne récompensée par de nombreux prix.

Double Points, pièce d'étude créée spécialement pour le BNM, en octobre 2012, avait permis au public de l'Opéra de Marseille, de pénétrer dans l'univers des deux créateurs. Partant du principe que la danse se manifeste comme l'expression de la place assignée au corps dans la société, Emio Greco et Pieter Scholten prenaient le corps de ballet comme point de départ d'un désir de danser théâtralement devant des images vidéos de sites emblématiques de la Ville : Vieux Port, Notre Dame de La Garde, Cours Belsunce, Canebière.

Pour leur nouvelle création, le 16 Mai prochain, au Théâtre du Gymnase, ils ont décidé de s'appuyer sur L'Etranger d'Albert Camus, pour nous montrer un homme revendiquant sa liberté et son droit à la différence dans un spectacle de danse multimédia où l'espace, constitué de parois lumineuses, se réduit petit à petit pour finir par prendre une dimension inhumaine. Le solo, d'une heure environ, où Emio Greco incarne Meursault, le protagoniste du roman, devant un chanteur qui appelle à la prière comme un muezzin du haut d'un minaret, a été présenté en novembre dernier au théâtre du Jeu de Paume, à Aix-en-Provence. Il devrait donner une idée du style chorégraphique que le BNM se prépare à adopter. . .
Philippe Oualid

Pierre Aimar
Mis en ligne le Vendredi 2 Mai 2014 à 19:52 | Lu 348 fois
Pierre Aimar
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