Elisabeth Oualid : Cette nouvelle création est-elle pour vous l'expression d'un nouveau regard sur la danse ?
Jean-Charles Gil : Dans la vie, à un moment donné, nous sommes confrontés à garder ou à jeter quelque chose de son passé. C'est un peu ça ma nouvelle création, Lâcher prise, pour aller plus loin, pour se retrouver mieux quelque part, et explorer des domaines que l'on n'osait pas aborder auparavant. J'essaye maintenant de conserver de l'énergie pour aller ailleurs, plus loin… Je vois de plus en plus de gens qui ne respirent plus dans la danse, qui font du mouvement. C'est étonnant parce que la danse qui se réclame de l'académisme classique respire beaucoup plus que la danse contemporaine. Pour moi, si on ne respire pas, on n'est plus naturel. Donc, dans Lâcher prise, il y a une prise de conscience, une libération de l'esprit.
E. O : Dans cette respiration, il y a quelque chose que l'on ressent et que l'on veut faire passer ?
J-C. G : C'est vrai, danser, c'est habiter le geste, un geste esthétique, épuré… Je ne peux pas renier d'où je viens ! Des Ballets de Roland Petit et de Maurice Béjart. J'aime le Beau, je travaille là-dedans. Ce qui est intéressant, c'est de signifier, d'exprimer quelque chose, qu'aucun geste ne soit gratuit, que le corps soit habité par un être qui ne ressemble pas à un instrument mais à une individualité, un corps non désincarné.
E. O : Au niveau formel, quel objectif chorégraphique poursuivez-vous ? Est-on dans la rupture ou la continuité par rapport aux précédentes créations ?
J-C. G : Je suis dans la continuité, je ne me trahirai pas moi-même… Une continuité qui va de l'avant. Tout ce que j'ai fait jusqu'à présent ce sont des essais d'écriture avec une compagnie permanente, en fonction d'une esthétique qui relevait de la justesse du geste, d'un geste dans lequel les gens se reconnaissent. L'important, c'est qu'il y ait quelque chose qui passe dans le public. D'autre part, je ne cherche pas à me répéter, à faire du conceptuel. Ce travail est l'aboutissement de ce que j'ai réalisé depuis douze ans, et je peux dire aujourd'hui que j'ai trouvé le thème qui correspond à tout ce que j'avais mis en place auparavant, en assumant de rester moi-même, en évitant de tomber dans le faux-semblant.
E. O : Que représente au juste le projet de ce duo Lâcher prise ? Quel sujet traitez-vous ?
J-C. G : Dans Lâcher prise, on va suivre Emma Gustafsson comme interprète d'un personnage qui raconte une histoire, accompagnée d'une ombre (Samir El Yamni) sur laquelle elle s'appuie sans craindre le ridicule, puisqu'elle parle d'elle. Après avoir dansé pendant huit ans chez Angelin Preljocaj, elle a eu envie d'être elle-même, c'est à dire une femme d'aujourd'hui, responsable, autonome, dominant son destin.
Jean-Charles Gil : Dans la vie, à un moment donné, nous sommes confrontés à garder ou à jeter quelque chose de son passé. C'est un peu ça ma nouvelle création, Lâcher prise, pour aller plus loin, pour se retrouver mieux quelque part, et explorer des domaines que l'on n'osait pas aborder auparavant. J'essaye maintenant de conserver de l'énergie pour aller ailleurs, plus loin… Je vois de plus en plus de gens qui ne respirent plus dans la danse, qui font du mouvement. C'est étonnant parce que la danse qui se réclame de l'académisme classique respire beaucoup plus que la danse contemporaine. Pour moi, si on ne respire pas, on n'est plus naturel. Donc, dans Lâcher prise, il y a une prise de conscience, une libération de l'esprit.
E. O : Dans cette respiration, il y a quelque chose que l'on ressent et que l'on veut faire passer ?
J-C. G : C'est vrai, danser, c'est habiter le geste, un geste esthétique, épuré… Je ne peux pas renier d'où je viens ! Des Ballets de Roland Petit et de Maurice Béjart. J'aime le Beau, je travaille là-dedans. Ce qui est intéressant, c'est de signifier, d'exprimer quelque chose, qu'aucun geste ne soit gratuit, que le corps soit habité par un être qui ne ressemble pas à un instrument mais à une individualité, un corps non désincarné.
E. O : Au niveau formel, quel objectif chorégraphique poursuivez-vous ? Est-on dans la rupture ou la continuité par rapport aux précédentes créations ?
J-C. G : Je suis dans la continuité, je ne me trahirai pas moi-même… Une continuité qui va de l'avant. Tout ce que j'ai fait jusqu'à présent ce sont des essais d'écriture avec une compagnie permanente, en fonction d'une esthétique qui relevait de la justesse du geste, d'un geste dans lequel les gens se reconnaissent. L'important, c'est qu'il y ait quelque chose qui passe dans le public. D'autre part, je ne cherche pas à me répéter, à faire du conceptuel. Ce travail est l'aboutissement de ce que j'ai réalisé depuis douze ans, et je peux dire aujourd'hui que j'ai trouvé le thème qui correspond à tout ce que j'avais mis en place auparavant, en assumant de rester moi-même, en évitant de tomber dans le faux-semblant.
E. O : Que représente au juste le projet de ce duo Lâcher prise ? Quel sujet traitez-vous ?
J-C. G : Dans Lâcher prise, on va suivre Emma Gustafsson comme interprète d'un personnage qui raconte une histoire, accompagnée d'une ombre (Samir El Yamni) sur laquelle elle s'appuie sans craindre le ridicule, puisqu'elle parle d'elle. Après avoir dansé pendant huit ans chez Angelin Preljocaj, elle a eu envie d'être elle-même, c'est à dire une femme d'aujourd'hui, responsable, autonome, dominant son destin.
Lâcher Prise, chorégraphie de Jean-Charles Gil. Le Transformateur (Usine électrique d'Allauch) les 26-27 Novembre 2014
La dernière création de Jean-Charles Gil, Lâcher Prise, met en lumière les contrastes existentiels que traverse la femme d'aujourd'hui, d'où le titre. Mais la force de cette chorégraphie est de nous donner à voir en trois somptueux mouvements, non pas un échec, non pas le désastre de soi, mais le travail du négatif: l'épreuve, la souffrance par le cri, qui se transforment en réconciliation avec soi-même grâce à la médiation d'autrui, à la main tendue, jusqu'à une renaissance triomphale.
Emma Gustafsson et Jean-Philippe Bayle interprètent avec justesse et émotion cette prise de conscience contemporaine du lâcher prise, où la danseuse pirouettant, s'appuyant au mur blanc, courant, s'allongeant sur le sol, n'hésite pas à montrer son désarroi dans son érotisme même, avant sa rencontre avec un garçon dont la présence l'éveille puis la révèle à elle-même.
La musique envoûtante de Luis Miguel Cobo scande avec éclat cette renaissance et nous entraîne progressivement vers la libération de l'être.
Enfin n'oublions pas de saluer le courage du chorégraphe qui continue de nous offrir, dans son obsession de créativité, une pièce chorégraphique qui invite à repenser intelligemment le rapport à soi et aux autres.
Elisabeth Oualid
Emma Gustafsson et Jean-Philippe Bayle interprètent avec justesse et émotion cette prise de conscience contemporaine du lâcher prise, où la danseuse pirouettant, s'appuyant au mur blanc, courant, s'allongeant sur le sol, n'hésite pas à montrer son désarroi dans son érotisme même, avant sa rencontre avec un garçon dont la présence l'éveille puis la révèle à elle-même.
La musique envoûtante de Luis Miguel Cobo scande avec éclat cette renaissance et nous entraîne progressivement vers la libération de l'être.
Enfin n'oublions pas de saluer le courage du chorégraphe qui continue de nous offrir, dans son obsession de créativité, une pièce chorégraphique qui invite à repenser intelligemment le rapport à soi et aux autres.
Elisabeth Oualid
Pratique
Usine électrique
BALLET D’EUROPE
JEAN-CHARLES GIL
Le Transformateur
Quartier Saint roch
Ave du Général de Gaulle
13190 Allauch
Tél : 04 96 13 01 12
info@balletdeurope.org
www.balletdeurope.org
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