Bonnard, Les chapeaux rouges
L’immense succès de la très solaire et innovante lithographie France-Champagne (1891) mais aussi celle de La Revue blanche (1894) composée pour son ami Thadée Natanson symbolisent cet attrait pour le Japon et les images populaires qui lui vaudront le surnom de Nabi très japonard.
Sous l’influence de Gauguin et des estampes ukiyo-e, Bonnard peint des instantanés de vie en simplifiant la forme. Ce sont ces passants de Paris des Grand boulevards (1893) ou ses paysages parisiens en hiver dans le gris de la ville, Palissade aux affiches et les vieux moulins de Montmartre (vers 1900) ou Femme aux chapeaux rouges (1899) dont la mise en page évoque les
instantanés photographiques.
Les réunions familiales au Grand-Lemps, dans un univers gai et chaleureux, les jeux des enfants sont des sources essentielles d’inspiration. Dans cette propriété familiale Bonnard surprend avec malice les allures comiques de ses neveux et nièces ; il observe tous leurs jeux dans le bassin comme dans Baignade ou Chat sautant sur la robe d’Andrée Terrasse (1898). Il trace des portraits touchants d’un « Tonton Pierre » « mille fois plus épaté par la frimousse de mon neveu que par tout ce que j’ai vu dans mes pérégrinations. » comme celui de Charles Terrasse.
Gustave Geffroy, critique, en parle ainsi ‘[…] dans chacune de ces notations la malice d’observation, la gaieté gamine, se révèlent d’une distinction charmante […].
De sa rencontre avec Marthe, en 1893 naîtra un type de femme légèrement grandie sur ses jambes, cambrée, fine de taille, coquette et apprêtée comme dans La Valise ou encore dans ces dessins de nus où Bonnard guette l’imprévu, l’inhabituel comme autant de moyens d’expression de la couleur. C’est elle que l’on découvre dans les lithographies de Peter Nansen, Marie, (1896). De cette volupté naîtra paradoxalement une certaine gravité que l’on découvre par exemple dans Nus se reflétant dans le miroir (1899) qui renvoie l’homme à sa solitude.
Une solitude que l’on retrouve également dans Salle à manger au Cannet (1932) avec cette immense chaise vide qui se détache de cette table d’un blanc lumineux sur laquelle des objets colorés tentent de sauver les apparences.
Nu orange (vers 1943) acquis par la ville grâce à la générosité de l’État de la région Sud et de 356 donateurs est mis en scène dans une salle entièrement consacrée. Cette oeuvre tardive peinte après le décès de Marthe, consacre le corps de la femme nue représentée ici par Moucky Vernay. Bonnard travaille la couleur avec un immense plaisir et une richesse infinie de nuances : rose, mauve, orange, rouge, brun ce qui donne une impression de lumière puissante où le réel se métamorphose en zone de couleurs. Cette œuvre symbolise le cheminement de Bonnard vers une certaine abstraction.
Sous l’influence de Gauguin et des estampes ukiyo-e, Bonnard peint des instantanés de vie en simplifiant la forme. Ce sont ces passants de Paris des Grand boulevards (1893) ou ses paysages parisiens en hiver dans le gris de la ville, Palissade aux affiches et les vieux moulins de Montmartre (vers 1900) ou Femme aux chapeaux rouges (1899) dont la mise en page évoque les
instantanés photographiques.
Les réunions familiales au Grand-Lemps, dans un univers gai et chaleureux, les jeux des enfants sont des sources essentielles d’inspiration. Dans cette propriété familiale Bonnard surprend avec malice les allures comiques de ses neveux et nièces ; il observe tous leurs jeux dans le bassin comme dans Baignade ou Chat sautant sur la robe d’Andrée Terrasse (1898). Il trace des portraits touchants d’un « Tonton Pierre » « mille fois plus épaté par la frimousse de mon neveu que par tout ce que j’ai vu dans mes pérégrinations. » comme celui de Charles Terrasse.
Gustave Geffroy, critique, en parle ainsi ‘[…] dans chacune de ces notations la malice d’observation, la gaieté gamine, se révèlent d’une distinction charmante […].
De sa rencontre avec Marthe, en 1893 naîtra un type de femme légèrement grandie sur ses jambes, cambrée, fine de taille, coquette et apprêtée comme dans La Valise ou encore dans ces dessins de nus où Bonnard guette l’imprévu, l’inhabituel comme autant de moyens d’expression de la couleur. C’est elle que l’on découvre dans les lithographies de Peter Nansen, Marie, (1896). De cette volupté naîtra paradoxalement une certaine gravité que l’on découvre par exemple dans Nus se reflétant dans le miroir (1899) qui renvoie l’homme à sa solitude.
Une solitude que l’on retrouve également dans Salle à manger au Cannet (1932) avec cette immense chaise vide qui se détache de cette table d’un blanc lumineux sur laquelle des objets colorés tentent de sauver les apparences.
Nu orange (vers 1943) acquis par la ville grâce à la générosité de l’État de la région Sud et de 356 donateurs est mis en scène dans une salle entièrement consacrée. Cette oeuvre tardive peinte après le décès de Marthe, consacre le corps de la femme nue représentée ici par Moucky Vernay. Bonnard travaille la couleur avec un immense plaisir et une richesse infinie de nuances : rose, mauve, orange, rouge, brun ce qui donne une impression de lumière puissante où le réel se métamorphose en zone de couleurs. Cette œuvre symbolise le cheminement de Bonnard vers une certaine abstraction.
Bonnard, Assiette de fruits, étude, 1930
L'exposition
L’attention qu’il porte aux objets et au modèle transforme les scènes d’intérieur. Quelques fruits dans une coupe, un bouquet de fleurs, Bonnard montre avec Nature morte aux fruits (1930) son émerveillement face aux choses et suggère à l’instar de Cézanne ou de Chardin cette « secrète royauté » dont parle André Malraux. On y découvre une approche nouvelle comme saisis de haut ou de côté par l’œil d’un photographe qui tournerait autour. Les teintes délicates donnent une illusion de phosphorescence.
Puis sa découverte au début du siècle, en particulier la lumière du Midi et du Cannet dans les années 1920, aiguise son regard. Sa peinture connaît une véritable transformation. Il parle d’ailleurs d’une « couleur qui affole » au point d’en oublier la forme.
Ainsi, entre dessin et composition colorée, Bonnard transpose les objets, crée un monde inspiré de son quotidien où les paysages, les éléments,sont imbibés de cette lumière qui métamorphose les couleurs des fleurs, des champs, de la mer.
« Le dessin c’est la sensation » dira-t-il. Traits nerveux ou précis lui permettent d’immortaliser la spontanéité de son regard, son émotion première.
Bonnard est en phase avec son ami Mallarmé qui disait volontiers « Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de découvrir peu à peu. Le suggérer : voilà le rêve. »
Les toits, les maisons, les montagnes émergent de ces paysages inondés de soleil et de lumière comme dans Paysage de montagne (vers 1918) ou encore Bord de mer (vers 1932) où spontanéité rime aussi avec ordre ; un mauve répond à un rouge insolite et ordonne le tableau qui « est un petit monde qui doit se suffire » selon Bonnard.
« Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles, et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’oeil se promène sans accroc » confie encore Bonnard. Paysage soleil couchant (1923), résume bien ce sentiment. Le jeu de masses colorées fait naitre lumières et formes et montre combien sa composition est de plus en plus le fait de la couleur. Ou encore La Petite fenêtre (vers 1940) d’un jaune éblouissant s’ouvre sur cette nature qui lui offre des sensations puissantes et nouvelles. À près de 80 ans, Bonnard continue à apprendre. Il commence seulement à comprendre et voudrait tout recommencer, tel qu’il le dira au jeune peintre Bazaine.
L’exposition se termine autour de son symbolique amandier qui se dresse face à la fenêtre de sa chambre : L’Amandier, symbolise la joie de le voir refleurir chaque année jusqu’au point de le forcer à le peindre à chaque printemps et de s’identifier à lui dans la renaissance de son être.
Les propos de Jean Leymarie, fasciné par la vie du grand peintre, à la suite d’une visite au Cannet pourraient résumer ainsi la découverte de ce nouveau parcours « Ils n’en rapportaient aucun secret, mais le souvenir ébloui d’un artiste réalisant le vœu de Goethe, la difficile simplicité. Ils se sentaient un peu meilleurs et plus peintres qu’auparavant.»
Puis sa découverte au début du siècle, en particulier la lumière du Midi et du Cannet dans les années 1920, aiguise son regard. Sa peinture connaît une véritable transformation. Il parle d’ailleurs d’une « couleur qui affole » au point d’en oublier la forme.
Ainsi, entre dessin et composition colorée, Bonnard transpose les objets, crée un monde inspiré de son quotidien où les paysages, les éléments,sont imbibés de cette lumière qui métamorphose les couleurs des fleurs, des champs, de la mer.
« Le dessin c’est la sensation » dira-t-il. Traits nerveux ou précis lui permettent d’immortaliser la spontanéité de son regard, son émotion première.
Bonnard est en phase avec son ami Mallarmé qui disait volontiers « Nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème, qui est faite du bonheur de découvrir peu à peu. Le suggérer : voilà le rêve. »
Les toits, les maisons, les montagnes émergent de ces paysages inondés de soleil et de lumière comme dans Paysage de montagne (vers 1918) ou encore Bord de mer (vers 1932) où spontanéité rime aussi avec ordre ; un mauve répond à un rouge insolite et ordonne le tableau qui « est un petit monde qui doit se suffire » selon Bonnard.
« Le tableau est une suite de taches qui se lient entre elles, et finissent par former l’objet, le morceau sur lequel l’oeil se promène sans accroc » confie encore Bonnard. Paysage soleil couchant (1923), résume bien ce sentiment. Le jeu de masses colorées fait naitre lumières et formes et montre combien sa composition est de plus en plus le fait de la couleur. Ou encore La Petite fenêtre (vers 1940) d’un jaune éblouissant s’ouvre sur cette nature qui lui offre des sensations puissantes et nouvelles. À près de 80 ans, Bonnard continue à apprendre. Il commence seulement à comprendre et voudrait tout recommencer, tel qu’il le dira au jeune peintre Bazaine.
L’exposition se termine autour de son symbolique amandier qui se dresse face à la fenêtre de sa chambre : L’Amandier, symbolise la joie de le voir refleurir chaque année jusqu’au point de le forcer à le peindre à chaque printemps et de s’identifier à lui dans la renaissance de son être.
Les propos de Jean Leymarie, fasciné par la vie du grand peintre, à la suite d’une visite au Cannet pourraient résumer ainsi la découverte de ce nouveau parcours « Ils n’en rapportaient aucun secret, mais le souvenir ébloui d’un artiste réalisant le vœu de Goethe, la difficile simplicité. Ils se sentaient un peu meilleurs et plus peintres qu’auparavant.»
Bonnard, Bord de Mer, vers 1932
Pratique
Musée Bonnard
16, Boulevard Sadi Carnot
06110 Le Cannet
Côte d’Azur - France
Tél. +33 (0) 4 93 94 06 06
museebonnard.fr
16, Boulevard Sadi Carnot
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