CRASH (John Matos ; Américain, né en 1961) Sans titre, 1984
Si les toiles récentes d’art urbain sont une évidence pour le grand public qui les côtoie en galerie, peu savent encore que, depuis les années 1970, les artistes graffiti créent en atelier une véritable production sur toile, loin de la rue et du Street Art dans lequel on les cantonne. En effet, dès les origines, les graffeurs, parmi lesquels Coco et Phase 2, se regroupent autour d’Hugo Martinez au sein de l’UGA (Union of Graffiti Artists) pour exposer leurs œuvres dans les galeries.
Andy Warhol approche et associe à son histoire deux artistes issus du graffiti, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, présentés dans cette exposition couvrant les années 1970 à 1990. Le mouvement dans son entier, avec son histoire et ses grands maîtres, est resté quant à lui à l’écart de la scène artistique classique et du regard d’un public qui peut enfin le découvrir et en admirer les chefs-d’œuvre.
Dès 1984, Bando importe cette pratique en France, d’abord dans son hôtel particulier de Saint-Germain-des-Prés, haut lieu du graffiti, puis sur le terrain dit « de Stalingrad », où il invite à travailler les plus grands artistes américains et européens, parmi lesquels Mode 2, Shoe, A-one ou Jonone. La première école française (Bando, Ash, Jay, Skki, etc.) s’y forme, rivalisant avec les meilleurs artistes étrangers. Agnès B. et Willem Speerstra les découvrent et les exposent dans les années 1980, avant que Jack Lang ne les invite en 1991 au musée des Monuments français. Depuis, aucune occasion n’a été donnée au public, dans les grandes manifestations officielles ou les expositions muséales, de découvrir ce florilège d’œuvres d’époque et le talent de leurs auteurs.
Ces artistes hors du commun ne se revendiquent d’aucune autre appartenance que la leur, avec leur « exubérance insolente » (Pieter Schjeldahl, New York Times, 1972), trop longtemps jugée primitive et underground, rabaissée à sa simple condition ethnique et sociale par peur de cet art inclassable et de ces artistes insaisissables. L’arrivée de la bombe aérosol, au début des années 1970, permet d’apporter de la couleur sur des surfaces plus étendues, transformant le tag (signature) initial en graffitis artistiques, peints sur les trains à l’intérieur de leurs hangars de garage, donnant naissance à des styles auxquels aujourd’hui les plus jeunes artistes se référent encore.
La maîtrise de cette bombe, nouveau « pinceau spatial », requiert cinq années de pratique. L’impossibilité technique du mélange des couleurs conduit à un travail particulier, fait de juxtaposition de touches de couleurs primaires, seules disponibles dans la gamme de bombes de l’époque. Et alors qu’aujourd’hui le graffiti s’approprie les outils classiques (acrylique, huile, gouache), la plupart des œuvres de l’exposition sont peintes à la bombe, démontrant la maîtrise du geste des artistes et leur capacité de création.
Le travail des premiers peintres-écrivains new-yorkais, « Writers », se porte sur la calligraphie, l’enchaînement des lettres et leur remplissage chromatique. Il s’agit d’une recherche permanente réalisée sur des carnets d’esquisses, traces pieusement conservées de l’évolution de leurs styles. Ils se livrent entre eux des artistiques, véritables joutes esthétiques dont l’inventivité et l’originalité des styles sont les seules armes pour établir leur rang et décrocher le titre suprême de « King ». Ce mouvement calligraphique, codifié et hiérarchisé, avec ses maîtres et ses écoles, se rapproche de l’enluminure traditionnelle à laquelle se réfèrent les plus grands, tel Rammellzee, dont une des œuvres exposée est un hommage à l’écriture médiévale. De la complexité de l’écriture à la naissance de l’abstraction, en passant par le développement de la figuration, l’exposition balaie les courants d’un mouvement devenu très vite adulte.
L’exposition présente plus de cent œuvres issues de prestigieuses collections privées, réunies par Alain-Dominique Gallizia, commissaire de l’exposition. Ces peintures à l’aérosol, ou spray paint, ainsi que de nombreuses esquisses préliminaires, présentent les plus grands artistes du mouvement, français et américains, dont Phase 2, Rammellzee, Dondi, Futura 2000 ou encore Bando, Ash et Jay.
Pinacothèque 1
28, place de la Madeleine
75008 Paris
Tél. : 01 42 68 02 01
accueil@pinacotheque.com
Andy Warhol approche et associe à son histoire deux artistes issus du graffiti, Keith Haring et Jean-Michel Basquiat, présentés dans cette exposition couvrant les années 1970 à 1990. Le mouvement dans son entier, avec son histoire et ses grands maîtres, est resté quant à lui à l’écart de la scène artistique classique et du regard d’un public qui peut enfin le découvrir et en admirer les chefs-d’œuvre.
Dès 1984, Bando importe cette pratique en France, d’abord dans son hôtel particulier de Saint-Germain-des-Prés, haut lieu du graffiti, puis sur le terrain dit « de Stalingrad », où il invite à travailler les plus grands artistes américains et européens, parmi lesquels Mode 2, Shoe, A-one ou Jonone. La première école française (Bando, Ash, Jay, Skki, etc.) s’y forme, rivalisant avec les meilleurs artistes étrangers. Agnès B. et Willem Speerstra les découvrent et les exposent dans les années 1980, avant que Jack Lang ne les invite en 1991 au musée des Monuments français. Depuis, aucune occasion n’a été donnée au public, dans les grandes manifestations officielles ou les expositions muséales, de découvrir ce florilège d’œuvres d’époque et le talent de leurs auteurs.
Ces artistes hors du commun ne se revendiquent d’aucune autre appartenance que la leur, avec leur « exubérance insolente » (Pieter Schjeldahl, New York Times, 1972), trop longtemps jugée primitive et underground, rabaissée à sa simple condition ethnique et sociale par peur de cet art inclassable et de ces artistes insaisissables. L’arrivée de la bombe aérosol, au début des années 1970, permet d’apporter de la couleur sur des surfaces plus étendues, transformant le tag (signature) initial en graffitis artistiques, peints sur les trains à l’intérieur de leurs hangars de garage, donnant naissance à des styles auxquels aujourd’hui les plus jeunes artistes se référent encore.
La maîtrise de cette bombe, nouveau « pinceau spatial », requiert cinq années de pratique. L’impossibilité technique du mélange des couleurs conduit à un travail particulier, fait de juxtaposition de touches de couleurs primaires, seules disponibles dans la gamme de bombes de l’époque. Et alors qu’aujourd’hui le graffiti s’approprie les outils classiques (acrylique, huile, gouache), la plupart des œuvres de l’exposition sont peintes à la bombe, démontrant la maîtrise du geste des artistes et leur capacité de création.
Le travail des premiers peintres-écrivains new-yorkais, « Writers », se porte sur la calligraphie, l’enchaînement des lettres et leur remplissage chromatique. Il s’agit d’une recherche permanente réalisée sur des carnets d’esquisses, traces pieusement conservées de l’évolution de leurs styles. Ils se livrent entre eux des artistiques, véritables joutes esthétiques dont l’inventivité et l’originalité des styles sont les seules armes pour établir leur rang et décrocher le titre suprême de « King ». Ce mouvement calligraphique, codifié et hiérarchisé, avec ses maîtres et ses écoles, se rapproche de l’enluminure traditionnelle à laquelle se réfèrent les plus grands, tel Rammellzee, dont une des œuvres exposée est un hommage à l’écriture médiévale. De la complexité de l’écriture à la naissance de l’abstraction, en passant par le développement de la figuration, l’exposition balaie les courants d’un mouvement devenu très vite adulte.
L’exposition présente plus de cent œuvres issues de prestigieuses collections privées, réunies par Alain-Dominique Gallizia, commissaire de l’exposition. Ces peintures à l’aérosol, ou spray paint, ainsi que de nombreuses esquisses préliminaires, présentent les plus grands artistes du mouvement, français et américains, dont Phase 2, Rammellzee, Dondi, Futura 2000 ou encore Bando, Ash et Jay.
Pinacothèque 1
28, place de la Madeleine
75008 Paris
Tél. : 01 42 68 02 01
accueil@pinacotheque.com