Susi Korihana thëri au bain, pellicule infrarouge, Catrimani, Roraima, 1972-1974. © Claudia Andujar
La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la plus vaste exposition jamais consacrée à l’œuvre et à l'activisme de la grande photographe brésilienne Claudia Andujar qui, depuis les années 1970, a dédié sa vie à la photographie et à la défense des Yanomami, peuple amérindien parmi les plus importants de l’Amazonie brésilienne.
Fruit de plusieurs années de recherche dans les archives de la photographe, cette exposition, conçue par Thyago Nogueira pour l’Instituto Moreira Salles au Brésil, présente son œuvre à travers plus de trois cents photographies en noir et blanc ou en couleur (dont un grand nombre d’inédits), une installation audiovisuelle ainsi que des dessins réalisés par des artistes Yanomami et des documents historiques. Reflétant les deux versants indissociables de sa démarche, l’un artistique, l’autre politique, elle révèle à la fois la contribution majeure de Claudia Andujar à l’art photographique et le rôle essentiel qu’elle a joué – et joue encore – en faveur de la défense des droits des Indiens Yanomami et de la forêt qu’ils habitent.
Née en 1931 à Neuchâtel, Suisse, Claudia Andujar vit à São Paulo. Après une enfance en Transylvanie, elle rejoint la Suisse avec sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale pour fuir les persécutions nazies en Europe de l’Est. Son père, juif hongrois, est déporté à Dachau où il est exterminé avec la plupart des membres de sa famille. Après la guerre, Claudia Andujar immigre aux États- Unis et s’installe définitivement en 1955 au Brésil, où elle entame une carrière d'artiste et de photojournaliste.
Une interprétation de la culture yanomami
Elle rencontre pour la première fois les Indiens Yanomami en 1971, alors qu’elle participe à un reportage sur l’Amazonie pour le magazine Realidade. Fascinée, elle décide d’entreprendre un travail photographique appro- fondi sur le monde des Yanomami grâce à une bourse de la Fondation Guggenheim.
Son approche diffère nettement du style documentaire de ses contemporains. Les photographies prises à cette période montrent les diverses techniques qu’elle expérimente pour traduire ce qu’elle perçoit de l’expérience chamanique des Indiens Yanomami. En appliquant de la vaseline sur l’objectif de son appareil, en utilisant une pellicule infrarouge ou en jouant avec la lumière, elle crée des distorsions visuelles qui imprègnent ses images d’une certaine surréalité.
Claudia Andujar réalise également de nombreux portraits en noir et blanc à travers lesquels elle saisit la noblesse et la dignité des Yanomami. Elle privilégie les plans resserrés de visages ou de fragments de corps, et crée des effets de clair-obscur pour instaurer un sentiment d’intimité et mettre en valeur, avec empathie, l’intériorité de ses sujets. Dans le même temps et afin de mieux comprendre leur culture, elle propose aux Yanomami de représenter eux-mêmes leur univers métaphysique en leur fournissant papier, stylos et feutres. Une sélection de ces dessins montrant des scènes mythologiques ou rituelles et des visions chamaniques est présentée dans l’exposition.
Fruit de plusieurs années de recherche dans les archives de la photographe, cette exposition, conçue par Thyago Nogueira pour l’Instituto Moreira Salles au Brésil, présente son œuvre à travers plus de trois cents photographies en noir et blanc ou en couleur (dont un grand nombre d’inédits), une installation audiovisuelle ainsi que des dessins réalisés par des artistes Yanomami et des documents historiques. Reflétant les deux versants indissociables de sa démarche, l’un artistique, l’autre politique, elle révèle à la fois la contribution majeure de Claudia Andujar à l’art photographique et le rôle essentiel qu’elle a joué – et joue encore – en faveur de la défense des droits des Indiens Yanomami et de la forêt qu’ils habitent.
Née en 1931 à Neuchâtel, Suisse, Claudia Andujar vit à São Paulo. Après une enfance en Transylvanie, elle rejoint la Suisse avec sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale pour fuir les persécutions nazies en Europe de l’Est. Son père, juif hongrois, est déporté à Dachau où il est exterminé avec la plupart des membres de sa famille. Après la guerre, Claudia Andujar immigre aux États- Unis et s’installe définitivement en 1955 au Brésil, où elle entame une carrière d'artiste et de photojournaliste.
Une interprétation de la culture yanomami
Elle rencontre pour la première fois les Indiens Yanomami en 1971, alors qu’elle participe à un reportage sur l’Amazonie pour le magazine Realidade. Fascinée, elle décide d’entreprendre un travail photographique appro- fondi sur le monde des Yanomami grâce à une bourse de la Fondation Guggenheim.
Son approche diffère nettement du style documentaire de ses contemporains. Les photographies prises à cette période montrent les diverses techniques qu’elle expérimente pour traduire ce qu’elle perçoit de l’expérience chamanique des Indiens Yanomami. En appliquant de la vaseline sur l’objectif de son appareil, en utilisant une pellicule infrarouge ou en jouant avec la lumière, elle crée des distorsions visuelles qui imprègnent ses images d’une certaine surréalité.
Claudia Andujar réalise également de nombreux portraits en noir et blanc à travers lesquels elle saisit la noblesse et la dignité des Yanomami. Elle privilégie les plans resserrés de visages ou de fragments de corps, et crée des effets de clair-obscur pour instaurer un sentiment d’intimité et mettre en valeur, avec empathie, l’intériorité de ses sujets. Dans le même temps et afin de mieux comprendre leur culture, elle propose aux Yanomami de représenter eux-mêmes leur univers métaphysique en leur fournissant papier, stylos et feutres. Une sélection de ces dessins montrant des scènes mythologiques ou rituelles et des visions chamaniques est présentée dans l’exposition.
L’activisme politique
La fin des années 1970 marque un tournant dans la carrière de Claudia Andujar. La construction, par le gouvernement militaire brésilien, de la route transamazonienne dans le sud du territoire yanomami ouvre la région à la déforestation ainsi qu’à des projets de colonisation agricole, et provoque la destruction de communautés entières en favorisant la propagation d’épidémies. Cette situation dramatique n’est pas sans rappeler à Claudia Andujar le génocide auquel elle a assisté en Europe, et cette prise de conscience la pousse à s’engager entièrement dans la lutte en faveur de la défense des droits des Yanomami et de la protection de leur forêt. En 1978, elle fonde avec le missionnaire Carlo Zacquini et l’anthropologue Bruce Albert la Commissão Pro- Yanomami (CCPY) et se lance dans une campagne longue de près de quinze ans pour la délimitation de leur territoire, condition essentielle de la survie physique et culturelle de ce peuple. Son activisme prend alors le pas sur son travail artistique et la photographie devient pour elle une préoccupation secondaire, dont la vocation est désormais de soutenir la cause des Yanomami.
C’est à cette époque que Claudia Andujar réalise, lors d’une campagne de vaccination, des photographies en noir et blanc de Yanomami portant autour du cou un numéro servant à les identifier sur des fiches médicales. Elle reprendra plus tard ces photographies dans l’une de ses séries les plus célèbres, celle des Marcados (marqués). L’ambiguïté de ces images réside dans le malaise que crée l’identification numérique des individus, qui n’est pas sans rappeler le tatouage des juifs pendant la Shoah bien que le procédé soit ici, à l’inverse, mis en place pour la survie d’un peuple. Des photographies inédites issues de cette série seront dévoilées pour la première fois dans l’exposition.
En réaction aux décrets signés en février 1989 par le gouvernement brésilien pour démembrer le territoire yanomami en un archipel de dix-neuf micro-réserves, Claudia Andujar crée Genocide of the Yanomami: Death of Brazil (1989/2018), un manifeste audiovisuel réalisé à partir de photographies tirées de ses archives qu’elle re-photographie à l’aide de filtres et d’éclairages divers. Véritable point d’orgue de l’exposition, cette œuvre, présentée dans une nouvelle version réalisée pour l'occasion, montre le bouleversement d’un monde amérindien dévasté par la prédation de la civilisation occidentale. Une bande-son composée par Marlui Miranda à partir de chants Yanomami et de musique expérimentale accompagne l’installation.
En 1992, grâce au combat mené sans relâche par Claudia Andujar, Carlo Zacquini, Bruce Albert et le chamane et porte-parole des Indiens Yanomami Davi Kopenawa, le gouvernement brésilien a accepté de reconnaître légalement le territoire des Yanomami. L’intégrité de ce territoire, homologué à la veille de la conférence générale des Nations Unies sur l’environnement tenue la même année à Rio, est encore aujourd’hui menacée par une invasion massive de chercheurs d’or et la déforestation causée par les grands éleveurs.
En retraçant le combat d’une vie et en dévoilant la richesse formelle du travail de Claudia Andujar, l’exposition Claudia Andujar, La Lutte Yanomami montre pour la première fois son œuvre dans toute sa beauté et sa complexité. Elle offre une immersion dans l’univers cosmologique et la vie quotidienne des Yanomami ainsi qu’une puissante mise en accusation politique des abus dont ils sont victimes.
C’est à cette époque que Claudia Andujar réalise, lors d’une campagne de vaccination, des photographies en noir et blanc de Yanomami portant autour du cou un numéro servant à les identifier sur des fiches médicales. Elle reprendra plus tard ces photographies dans l’une de ses séries les plus célèbres, celle des Marcados (marqués). L’ambiguïté de ces images réside dans le malaise que crée l’identification numérique des individus, qui n’est pas sans rappeler le tatouage des juifs pendant la Shoah bien que le procédé soit ici, à l’inverse, mis en place pour la survie d’un peuple. Des photographies inédites issues de cette série seront dévoilées pour la première fois dans l’exposition.
En réaction aux décrets signés en février 1989 par le gouvernement brésilien pour démembrer le territoire yanomami en un archipel de dix-neuf micro-réserves, Claudia Andujar crée Genocide of the Yanomami: Death of Brazil (1989/2018), un manifeste audiovisuel réalisé à partir de photographies tirées de ses archives qu’elle re-photographie à l’aide de filtres et d’éclairages divers. Véritable point d’orgue de l’exposition, cette œuvre, présentée dans une nouvelle version réalisée pour l'occasion, montre le bouleversement d’un monde amérindien dévasté par la prédation de la civilisation occidentale. Une bande-son composée par Marlui Miranda à partir de chants Yanomami et de musique expérimentale accompagne l’installation.
En 1992, grâce au combat mené sans relâche par Claudia Andujar, Carlo Zacquini, Bruce Albert et le chamane et porte-parole des Indiens Yanomami Davi Kopenawa, le gouvernement brésilien a accepté de reconnaître légalement le territoire des Yanomami. L’intégrité de ce territoire, homologué à la veille de la conférence générale des Nations Unies sur l’environnement tenue la même année à Rio, est encore aujourd’hui menacée par une invasion massive de chercheurs d’or et la déforestation causée par les grands éleveurs.
En retraçant le combat d’une vie et en dévoilant la richesse formelle du travail de Claudia Andujar, l’exposition Claudia Andujar, La Lutte Yanomami montre pour la première fois son œuvre dans toute sa beauté et sa complexité. Elle offre une immersion dans l’univers cosmologique et la vie quotidienne des Yanomami ainsi qu’une puissante mise en accusation politique des abus dont ils sont victimes.
Antônio Korihana thëri, jeune homme sous l’effet de la poudre hallucinogene yãkoana, Catrimani, Roraima, 1972-1976. © Claudia Andujar
Informations pratiques
Fondation Cartier pour l’art contemporain
261, boulevard Raspail
75014 Paris, France
Exposition du 30 janvier au 10 mai 2020
261, boulevard Raspail
75014 Paris, France
Exposition du 30 janvier au 10 mai 2020